Dans un monde où le capital s’ajuste continuellement au niveau du risque (dans un souci d’efficience poussé à l’extrême), le capital se retrouve à ses plus bas niveaux dans les périodes de croissance (période où les défauts sont au plus bas). Mais c’est paradoxalement cet aspect procyclique qui est dangereux, car les risques se prennent au cours des périodes de croissance. Ils s’accumulent donc en période de croissance, mais n’apparaissent et ne se matérialisent qu’en période de crise. Il est par ailleurs peu aisé de séparer les risques structurels de ceux qui sont conjoncturels afin de rendre la mesure du risque acyclique ou de l’immuniser contre les fluctuations conjoncturelles. Bâle II a introduit l’idée de l’ajustement du capital au niveau de risque et l’a présentée comme une avancée dans la protection bancaire. Cette avancée s’est avérée être un couteau à double tranchant rendant les banques plus fragiles face à des changements soudains de conjoncture. La présente crise est édifiante, puisque nous sommes passés des prévisions les plus optimistes sur la croissance économique à une récession sans précédent dans l’histoire de l’humanité, en l’espace de quelques semaines… précisément au moment où le capital réglementaire requis par Bâle II était au plus bas.