Jessie Kfoury termine son MBA de marketing à Notre-Dame University. Rien ne la distingue de ses comparses. Rien à part une très simple idée… La création d’une ligne de boîtes à chaussures transparentes, dénommées Chutox. « “Chu” pour shoes ; “T” pour transparent et “ox” pour box. C’est un nom de domaine auquel personne n’avait jamais songé. Du coup, je bénéficie d’un très bon référencement naturel sur Internet. » Car la jeune femme de 24 ans qui a fondé son entreprise, en parallèle de ses études, grâce à un coup de pouce financier de ses parents, est déjà sur le web (www.chutox.com). Résultat : avec une mise de départ minimum, « qui couvrait sa première commande », elle a vendu quelque 9 000 pièces de ses Chutox translucides. Ses boîtes se vendant selon les modèles entre 5 000 et 8 000 livres libanaises (trois à cinq dollars). Soit un chiffre d’affaires avoisinant les 35 000 dollars pour sa première année d’exercice. « Les fabricants libanais exigeaient que je m’engage sur un nombre trop important de pièces. J’ai cherché un producteur, capable de s’adapter à de petites commandes et qui garantisse un produit 100 % biodégradable. » Elle ne dira pas dans quel pays elle l’a trouvé : son idée pourrait très facilement être copiée. « Je construis pas à pas. Au début, je n’offrais qu’un modèle de base. Depuis, j’ai diversifié avec des tailles adaptées aux bottes ou aux bottines et une ligne pour homme. »
Tout, en fait, a commencé alors qu’elle assistait à son cours de marketing à l’université. « Nous devions élaborer le plan de développement d’un produit. Condition sine qua non : trouver un concept inconnu au Liban. » Jessie Kfoury se creuse la tête. Pas facile de dégotter l’idée du siècle, dans un pays connu pour suivre toutes les modes. « Un jour, ma mère m’a dit : “Moi, je sais ce qui me fait perdre un temps précieux chaque matin : ouvrir toutes mes boîtes à chaussures pour trouver la paire que je veux porter. Si quelqu’un avait l’idée de créer des box transparents, je lui serais éternellement reconnaissante”. » Séduite, Jessie Kfoury commence des recherches sur Internet pour constater que, s’il existe bien de tels modèles, aucune entreprise ne les propose au Liban. « J’ai référencé un concurrent à Dubaï, mais celui-ci importe du Royaume-Uni, à des prix bien trop chers, de l’ordre de huit dollars la boîte, pour le marché libanais ou celui du Moyen-Orient. » Persuadée de tenir un bon filon, Jessie Kfoury peaufine, dans le cadre de son cursus universitaire, son plan marketing. « Dans l’étude de marché, je me suis rendu compte que les Libanaises avaient en moyenne 27 paires différentes. Surtout, chaque fois que je parlais de mon projet, je recevais un accueil enthousiaste. C’est ce qui m’a donné envie d’aller plus loin. » En parallèle de ses études, elle négocie donc avec un service de livraison à domicile, qui assure également la prise des commandes. « J’ai opté pour la vente à distance : la commande par téléphone et le paiement à la livraison. » Faute de pouvoir se payer une campagne de publicité, Jessie achète des fichiers d’e-mailing. « On a loué des adresses qualifiées en fonction de notre cible : des femmes actives, jeunes ou moins jeunes. » C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée en négociation avec un homme d’affaires français, qui importait une nouvelle marque de chaussures et souhaitait les présenter en magasin dans des box transparents, à ses yeux plus design que la traditionnelle boîte en carton. Une première commande à l’étranger, qui a fait des émules. « J’ai été contactée par des clients au Qatar ainsi qu’aux États-Unis : ils souhaiteraient franchiser mon idée. Pourquoi pas ? »
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