En 2010, le secteur financier n’a pas bénéficié d’une conjoncture aussi favorable que l’année précédente. Avec la résorption progressive de la crise financière mondiale, les banques libanaises ont perdu un peu de leur attrait, tandis que les tensions politiques ont ralenti le mouvement de conversion vers la livre.
Un renversement de tendance a même été observé au quatrième trimestre, avec l’apparition d’une forte demande pour le billet vert.
La BDL, qui intervenait régulièrement au cours des neuf premiers mois pour absorber les surplus de devises sur le marché des changes, a commencé à intervenir début octobre en tant que vendeur de dollars, à la limite supérieure de sa fourchette d’intervention (1 514 livres).
Résultat : sur l’ensemble de l’année, les réserves en devises de la Banque centrale ont augmenté de 11,45 %, contre une croissance de 50,4 % en 2009.
Avec près de 28,598 milliards de dollars de réserves en devises, soit 72,6 % de la masse monétaire en livres, la capacité de la BDL à défendre la monnaie locale est toutefois loin d’avoir été remise en cause. 
Elle l’a prouvé début 2011, en consacrant quelque trois milliards de dollars à intervenir sur le marché des changes, les opérateurs ayant été rendus fébriles par la chute du gouvernement d’union nationale. 
Pour ce qui est de la masse monétaire en monnaie locale (M2), elle a progressé de 5 249 millions de dollars en 2010, contre 9 396 millions l’année précédente. Une part importante de cette hausse, près de 89 %, est attribuée à la croissance des dépôts en livres.
Tenant compte des dépôts en dollars, la masse monétaire au sens large (M3) a affiché une croissance annuelle de 12,3 % en 2010, contre une hausse de plus de 19,5 % l’année précédente. Cela témoigne du ralentissement des entrées de capitaux dans le pays et de la création monétaire destinée à financer l’endettement public.
Si l’on inclut les bons du Trésor détenus par le public, la progression de la masse monétaire M4 s’élève à 11,9 % en 2010, contre 19,8 % un an plus tôt.
Le portefeuille de bons du Trésor en livres détenu par le public a en effet augmenté de seulement 365 millions de dollars en 2010, à 5 242 millions de dollars, contre une croissance de 960 millions de dollars en 2009.
Quant au portefeuille de bons du Trésor détenus par les banques commerciales, il a progressé de 144 millions de dollars, contre 2 431 millions en 2009. Leur portefeuille de certificats de dépôts, en revanche, a augmenté notablement, de 4 218 millions de dollars, pour atteindre 18 450 millions de dollars en décembre 2010. Toutefois cette croissance est près deux fois moins importante que celle de 2009.
Pour ce qui est des taux d’intérêt, le taux au jour le jour en livres a été réduit de 25 points de base en mars 2010, puis il est demeuré inchangé à 2,75 %. Parallèlement, les taux d’intérêt sur les bons du Trésor ont régulièrement baissé au cours du premier semestre de 2010, atteignant des niveaux historiquement bas, avant de se stabiliser au cours du second semestre. Les analystes de Bank Audi estiment que cette stratégie a été adoptée conformément « aux recommandations du FMI d’adopter une approche prudente sur des baisses additionnelles des taux de référence et considérer un moment de répit afin de permettre un ajustement fluide entre ces derniers et les taux d’intérêt bancaires créditeurs ».
En détail, le rendement moyen sur les bons du Trésor (BT) à trois mois a diminué de 62 points de base, passant de 4,55 % en décembre 2009 à 3,93 %, contre une baisse de 120 points pour les BT à six mois, 92 points de base pour les BT à un an, 98 points pour les BT à deux ans et 116 points pour les BT à trois ans. Le déclin le plus important a été celui des bons du Trésor à cinq ans, avec une baisse du rendement moyen de 156 points de base, à 6,18 %.
À noter que l’État libanais a émis pour la première fois l’année dernière des bons du Trésor sur sept ans. Il a vendu 1 500 milliards de livres (environ un milliard de dollars) d’obligations arrivant à échéance en décembre 2017 et assorties d’un coupon de 7,9 %, un taux supérieur à celui des obligations d’État américain sur sept ans de 200 points de base.