Les fonds d’investissement ne sont pas encore rentrés dans les mœurs. Pourtant,
ils peuvent représenter des instruments financiers pratiques pour les personnes disposant
d’une épargne régulière. Jean Riachi, directeur de FFA, en donne un premier mode d’emploi.*
Un fonds d’investissement regroupe des actions, des obligations et d’autres titres. Il appartient à un groupe d’investisseurs et il est géré par une société d’investissement professionnelle.
Les piliers d’un fonds d’investissement : un gestionnaire professionnel, un objectif d’investissement et une stratégie d’investissement.
Diversifier
le portefeuille
Comment ce fonds fonctionne-t-il ? Au départ, un grand nombre de personnes ayant de l’argent à investir achètent des parts dans un fonds d’investissement. Le regroupement de cet argent permet d’obtenir un pouvoir d’achat supérieur. Le gestionnaire du fonds investit l’argent dans un groupe d’actions, d’obligations ou d’autres titres. Les investissements réussis augmentent la valeur du fonds. Les investisseurs reçoivent alors des dividendes.
Les fonds d’investissement sont créés avec l’un de ces objectifs spécifiques : revenu courant ; croissance future ; croissance et revenu.
Selon la théorie moderne du portefeuille, deux actifs faiblement corrélés permettent de réduire le risque global sans diminuer le retour sur investissement prévu.
Un portefeuille efficace est celui qui fournit le revenu estimé le plus élevé pour un certain niveau de risque, ou encore le plus faible risque pour un certain niveau de revenu estimé.
Un investisseur dans un fonds d’investissement fait des bénéfices de deux façons : les distributions de revenu et les gains de capital.
Un fonds d’investissement, en tant qu’entité, n’est pas taxé. Cependant, les investisseurs sont taxables à deux moments : à la réception des dividendes et lors de la conversion des gains de capital.
Spécificités libanaises
En 1998, la Banque centrale du Liban a émis une circulaire pour régulariser la création et la distribution des fonds d’investissement au Liban. Avant cette date, il n’existait pas de réglementation pour les fonds d’investissement.
Une approbation préalable de la Banque centrale est requise pour attirer et réunir des fonds pour un fonds d’investissement ainsi que pour promouvoir et distribuer des fonds d’investissement étrangers.
Deux conditions sont nécessaires pour créer un fonds d’investissement au Liban :
• La création d’une société libanaise spécialisée dans la gestion des fonds d’investissement.
• Un capital minimum de 10 millions de LL.
Les autres conditions exigées des fonds d’investissement :
• Les parts doivent être nominatives.
• L’émission d’un bulletin clarifiant les objectifs du fonds, la gestion, les honoraires...
• La publication de rapports financiers audités.
• Le dépositaire des actifs du fonds doit être soit une banque, soit une institution financière.
Limites et lacunes
Les limitations imposées aux fonds d’investissement sont les suivantes :
• Les investissements dans un seul émetteur de titres ne doivent pas dépasser 15 % des actifs du fonds, sauf si l’obligation est émise par le Trésor libanais ou par de grands pays.
• Les emprunts sont limités à :
– 10 % des actifs du fonds si des montants sont utilisés pour investir dans des titres non officiellement cotés.
– 20 % des actifs du fonds si des montants sont utilisés pour investir dans des titres officiellement cotés.
• 65 % des investissements doivent être conformes à la politique d’investissement déclarée du fonds.
• 85 % des actifs doivent être investis dans des placements liquides.
Cependant, le cadre légal libanais demeure insatisfaisant, et ceci pour plusieurs raisons principales :
• Une circulaire émise par la Banque centrale a une valeur de contrainte beaucoup moins qu’une loi.
• La circulaire en vigueur laisse entendre que les fonds sont des “paniers” et non des entités légales indépendantes.
• Une loi devrait autoriser la création de fonds d’investissement établis en tant que sociétés enregistrées à capital variable (SICAV).
• Les exemptions fiscales pour de telles sociétés devraient être clairement précisées par la loi.
Les fonds d’investissement ayant obtenu un permis d’exercer au Liban sont de différentes sortes : établis au Liban ; établis hors du Liban et investissant au Liban ; ou encore établis hors du Liban et investissant hors du Liban. Une liste (cf. tableau) permet de faire une première sélection. Mais le choix définitif reste tributaire des préférences de l’investisseur lui-même.