Les entreprises soucieuses de réaliser des économies le savent depuis longtemps : mieux vaut produire des emballages à partir de carton recyclé que de papier neuf. Au point que la logique de coût a parfois entaché l’image du recyclage assimilé à une qualité inférieure, alors que les particuliers par exemple sont au contraire disposés à payer plus cher le papier recyclé !
C’est pour redorer le blason de l’emballage durable et souligner autant ses avantages économiques qu’écologiques que LibanPack, le syndicat des entreprises papetières et d’emballage, a organisé la première conférence sur l’emballage durable à Beyrouth début octobre.
« Notre but est de sensibiliser les entreprises locales aux initiatives durables », explique Fady Gemayel, président de LibanPack. D’autant que les innovations vertes allègent les charges des sociétés tout en contribuant à améliorer leur image, comme l’a souligné le représentant de l’Escwa Ricardo Messiano.
L’emballage durable désigne aussi bien le recours au recyclage que la réduction de la quantité de matériau utilisé pour un emballage. Il peut aussi s’agir d’un contenant qui a été pensé et conçu pour être réutilisé, à l’instar de la moutarde “Amora” : une fois le pot terminé, il peut être utilisé comme verre. À défaut de statistiques, il est difficile de savoir le volume que représente l’emballage durable au Liban, explique Soha Atallah, directrice de LibanPack.
Outre le recyclage de papier et de carton, déjà largement répandu au Liban, d’autres techniques sont utilisées : les entreprises de boissons commencent par exemple à expérimenter l’allègement de leurs bouteilles en plastique et des canettes en aluminium. En achetant un poids moindre de matières premières, elles font des économies d’énergie, mais aussi réduisent leurs coûts de production des bouteilles et des cannettes. Des compagnies internationales comme PepsiCo et Nestlé Waters sont en train de se tourner vers ces technologies pour le marché libanais. Le manager régional de PepsiCo, Abdel Rahim Hajjar, explique qu’avec cette initiative, l’entreprise réalise des économies sur le matériau brut : acheter des tubes de plastique – qui serviront à la fabrication des bouteilles – de 90 grammes par exemple revient moins cher que des tubes de 100 grammes.
Pour le plastique, de nouvelles technologies présentes sur le marché libanais permettent aussi de réduire l’impact écologique de ce matériau : un sac en plastique ordinaire met environ 400 ans à se dégrader ; quelque 15 millions de sacs seraient distribués chaque mois au Liban produisant 146 000 tonnes de déchets. Les sociétés libanaise Ghanem Development & Trading (GDT) et britannique Positive Plastics proposent donc des plastiques dégradables au bout de trois ans grâce à l’adjonction d’additifs tels que le d2w. « De plus en plus de compagnies utilisent cette technologie, car elles observent un effet bénéfique sur leur image », explique Rudy Jaafar, représentant de Positive Plastics pour la région. Le produit fabriqué par l’entreprise, appelé “Reverte”, coûte
5 % plus cher que du plastique normal : « Mais nous sommes en train de mettre en place une stratégie de prix plus compétitifs afin d’encourager un usage massif de cette technologie et d’augmenter l’impact positif sur l’environnement », ajoute Jaafar.
Chargé de mettre en place des normes et des standards, l’institut Libnor a commencé à réglementer l’usage des emballages en 2006, à travers l’adoption des normes européennes sur les emballages et leur recyclage. Cette réglementation n’est cependant pas contraignante, mais leur application peut permettre aux entreprises qui s’y conforment d’accéder au marché européen.
 

Solicar : 8,3 millions de dollars pour produire plus de cartons recyclés

Acquise à 67 % en 2003 par le groupe Gemayel Frères, la société de recyclage de papier et de carton Solicar vient d’investir 8,3 millions de dollars pour augmenter sa capacité de production. L’objectif est de satisfaire la demande croissante de produits d’emballages recyclés de qualité, explique Fady Gemayel. Solicar vend en effet à Gemayel Frères la matière première (le carton) pour la réalisation d’emballages destinés au marché libanais et à l’exportation. « L’effort porte sur la fabrication de carton recyclé blanc (plus recherché que le carton brun). L’objectif est double : augmenter la part d’achats de cartons recyclés localement, qui est aujourd’hui de 70 % contre 82 % en Europe, et devenir les spécialistes du carton blanc sur le bassin méditerranéen. »