Le gouvernement tombera-t-il ? Bizarrement, la réponse à la question n’est même plus importante. Le gouvernement de Nagib Mikati, même s’il reste en place, s’est comporté depuis sa formation comme un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes. Les maigres espoirs placés dans la capacité de l’exécutif à agir se sont évaporés dès lors qu’a été éventée la théorie du cabinet « monocolore » (et donc efficace). Ce que le cabinet d’union nationale de Saad Hariri n’a pas réussi à faire, l’union étant une chimère, son successeur ne l’a pas davantage accompli : le gouvernement n’a pas de politique, ni aucun moyen de la mettre en œuvre, le budget étant une nouvelle fois reporté aux calendes grecques.
Les analystes politiques peuvent décortiquer très finement les explications de cet échec, mais in fine, ce qui compte, c’est le constat. Le Liban n’est pas gouverné depuis des années. La situation semble appelée à durer longtemps encore. Car on attend toujours quelque chose. Ce qui va se passer en Syrie particulièrement. Pourtant sans vouloir minimiser l’ampleur des bouleversements régionaux, ils servent surtout de prétexte à l’immobilisme libanais. Les efforts consacrés à ne pas trancher un dossier, à ne pas prendre position, n’ont d’égal que l’énergie déployée par la classe politique pour séduire et convaincre telle ou telle diplomatie étrangère. À ce rythme, le Liban va se réveiller un jour au Moyen-Âge, pendant que ses voisins avancent à grands pas.