La jeune Taghreed Darghouth a marqué les esprits libanais par ses séries de peintures autour de thèmes engagés, comme la chirurgie plastique au Liban ou les armes nucléaires.

En 2003, encouragée par son futur mari Ayman Baalbacki, elle suit une formation d’un an en art-espace à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. « Je n’ai pas pu terminer l’année, car je risquais de perdre mon poste d’enseignante au Liban, j’étais fonctionnaire d’État. »
Sa première exposition date de 2004, à Zico House : son travail était alors plus abstrait, concentré sur les coffres en bois. « J’ai présenté mes œuvres réalisées pendant et après l’académie d’été, j’avais besoin de les exposer pour tourner la page de ma période d’études. » Le projet de poupées démembrées, symboles de la fragilité de la condition humaine, exposées au Goethe Institute en 2006, lui permet de rencontrer Saleh Barakat, de la galerie Agial, qui décide de la représenter. Abordant des sujets de société difficiles et controversés, ses peintures figuratives témoignent d’une certaine obsession de la mort : mort physique bien sûr, « À Saïda nous habitions en face du camp palestinien de Aïn el-Héloué, toujours sous la menace d’être atteint par erreur pendant la guerre », mais aussi mort d’une identité, d’une culture, avec la chirurgie plastique et son obsession de s’accrocher à la vie, ou les produits blanchissants “fair and lovely” utilisés par les employées de maison (dans une exposition à Agial en 2010).
Celle qui se revendique féministe, qui peint tous les jours ou presque, dont le surnom affectueux donné par son père est Miss Térébentine, avoue avoir des tendances obsessives compulsives : « C’est terrible, je ne sais faire qu’une seule chose à la fois, si je veux cuisiner, je ne peux faire que ça, si je peins, je ne peux faire que ça. » Elle affirme accorder davantage d’importance à la technique qu’au sujet : « Le sujet peut être le plus intéressant du monde, si je ne sais pas le peindre, ça ne ressortira pas. » Ses toiles ont été exposées à Beyrouth, Istanbul, Dubaï, Qatar, Amman, Paris et Buenos Aires. Elle a obtenu le premier prix de la Cité internationale universitaire de Paris en 2003 et le deuxième prix de l’académie d’été de Darat al-Founoun en Jordanie en 2000.