Depuis l’introduction de la 3G au Liban, fin 2011, le nombre d’utilisateurs de smartphones a explosé. Le marché libanais s’est profondément restructuré autour des marques qui proposent ces téléphones intelligents. Ils occuperont selon les prévisions 40 % de parts de marché à la fin de l’année.

Pour cette période, le ministère connaît juste le nombre d’abonnés à Internet sur mobile duquel il déduit le nombre de détenteurs de smartphones : entre 240 000 et 290 000 avant novembre 2011. Ces chiffres sont probablement sous-estimés, car certains détenteurs de smartphones les utilisaient sans se connecter au Web.
La pénétration a doublé
Deux changements majeurs ont bouleversé le marché de la téléphonie au Liban et ont permis l’explosion des smartphones. D’abord la baisse des tarifs en 2008, qui a dopé le nombre d’abonnés au mobile : on est passé en l’espace d’un an de 1,6 million d’abonnés environ à quelque 3,3 millions. Le taux de pénétration des téléphones a donc largement doublé en un peu moins d’un an, passant de 37 % d’utilisateurs à un peu moins de 80 %. Ensuite, le passage début novembre 2011 à la 3G, la technologie qui maximise l’utilisation des capacités des smartphones. Les ventes de ces appareils ont alors explosé : en juin 2012, une étude du Arab Advisors Group a estimé à 37,1 % du marché des téléphones le pourcentage de smartphones utilisés au Liban, soit 1 370 000 appareils tous constructeurs confondus. Les chiffres du ministère des Télécommunications font état d’un nombre supérieur avec 1,4 million de smartphones en circulation (37,8 % du marché total), dont 870 000 étaient utilisés avec un abonnement à la 3G, pour 2,3 millions de téléphones classiques.
Ce taux d’équipement positionne le Liban tout près des pays développés. Selon l’estimation de l’agence de communication digitale Dagobert, 26 millions de smartphones sont désormais en circulation en France, ce qui représente 40 % du marché total. Cette part est de 47 % aux États-Unis (110 millions d’unités vendues) où elle atteindra 50 % dès Noël, selon l’agence Comscore. Ces chiffres un peu plus élevés s’expliquent par une pénétration plus ancienne des smartphones, un marketing plus adapté et des infrastructures télécoms plus performantes. Le Liban se classe également dans la moyenne régionale d’un peu moins de 40 %, derrière les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite à plus de 50 %, mais toujours devant l’Égypte et la Syrie, dont le taux atteint 25-30 %. Au vu des gammes qui s’élargissent et des tarifs toujours plus attractifs, la proportion de smartphones utilisés au Liban atteindra 40 % avant la fin de l’année et pourrait occuper à terme la moitié du marché.
Restructuration du marché
Cette entrée en force des smartphones a restructuré le marché de la téléphonie au Liban. Nokia s’est effondré en dessous de 50 % du marché total. Les chiffres du ministère des Télécommunications concernant le marché des smartphones entre avril 2012 et aujourd’hui permettent de percevoir ces transformations : les ventes de téléphones sous Symbian et Windows, notamment les Nokia, ne cessent de baisser, passant de 50 % des parts à 37 %. Quant à BlackBerry, il est en recul, passant de 25 % à 23 %. Son service de messagerie instantanée, qui était son exclusivité par son efficacité et sa rapidité, s’est retrouvé fortement concurrencé par WhatsApp, disponible sur iPhone et Android. Au contraire, les smartphones utilisant le système d’exploitation Android (principalement les gammes de Samsung) affichent une très forte croissance et représentent désormais 23 % du segment des smartphones, contre seulement 15 % en avril. Avec 220 000 iPhones vendus, Apple affiche une forte croissance, bien que limitée par le prix relativement élevé de ses produits : la marque américaine occupe aujourd’hui 16 % du segment des smartphones contre 13,4 % en avril 2012. Mais la bataille technologique que les constructeurs se livrent pourrait présager de nouvelles évolutions. Nokia qui reste le leader mondial du secteur, toutes catégories d’appareils confondues, espère ainsi faire son comeback grâce à son Lumia 610 qu’une vaste campagne de communication positionne comme le nouveau challenger du segment des smartphones en pleine croissance.
Usage récréatif
L’utilisation strictement professionnelle des smartphones, qui permettent un accès rapide aux e-mails et à Internet, est marginale : l’usage de ces nouveaux terminaux est avant tout consacré au loisir. À peu près 63,6 % des utilisateurs de smartphones utilisent des Apps. Environ deux personnes sur trois n’utilisent donc pas uniquement leurs smartphones à des fins professionnelles. Ceci permet de comprendre la forte progression d’Apple et de Samsung, dont les systèmes d’exploitation iOS et Android sont les plus performants en matière d’applications (sur l’App Store et sur Google Play).
Selon Pascal Dufour, le nouveau marché en pleine croissance des smartphones a engendré un autre marché, celui des applications que la 3G favorise. Les utilisateurs libanais se tournent majoritairement vers les applications internationales déjà existantes. Ce marché mondial des Apps est en plein boom avec plus de 8,2 milliards d’Apps téléchargées. La première App “locale”, celle de la chaîne de télévision al-Jadeed, n’arrive qu’en 10e position du classement des meilleurs téléchargements. Selon Pascal Dufour, le nombre de smartphones au Liban n’est pas encore suffisant pour que s’exprime une véritable demande en applications locales et que se crée un marché libanais des Apps. Ceux qui se lancent ont en tout cas une ambition mondiale, à l’instar du jeu Birdy Nam Nam et de l’application photo Dermandar qui figurent dans le top des classements aux USA.