L’entreprise de conseil sur la Responsabilité sociale des entreprises, CSR Lebanon, a été chargée en décembre 2012 de lancer au Liban le Pacte mondial des Nations unies. Entretien avec son PDG Khaled Kassar.

Qu’est-ce que le Pacte mondial des Nations unies ?

Il a été lancé à l’Onu en 2000 afin d’inviter les entreprises du monde entier à adopter, soutenir et appliquer un ensemble de valeurs fondamentales. Le Pacte mondial s’appuie sur dix principes tirés de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la Déclaration de l’Organisation internationale du travail relative aux droits et aux principes fondamentaux au travail, de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, et de la Convention des Nations unies contre la corruption. Ces principes consistent pour chaque entreprise à respecter et promouvoir les droits de l’homme, à veiller à ce que leurs filiales et fournisseurs ne violent pas ces droits, à respecter le droit d’association et à reconnaître le droit de négociation collective, à éliminer toute forme de travail forcé ou obligatoire ainsi que de travail des enfants et de la discrimination en matière d’emploi et de profession. Les entreprises doivent également appliquer le principe de précaution concernant l’environnement, promouvoir la responsabilité dans ce cadre, mettre au point et diffuser des technologies écologiques, et enfin agir contre la corruption sous toutes ses formes. Chaque entreprise ou organisation de la société civile (ONG, université…) volontaire doit envoyer une lettre au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon exprimant son engagement à respecter ces dix principes. Les membres s’acquittent d’une cotisation annuelle (dont le montant pour cette année est en cours de révision). J’y ai moi-même inscrit CSR Lebanon en 2010.

Quelle est votre mission ?
Organiser et lancer le réseau libanais du Pacte mondial d’ici à juin 2014. Il s’agit de réunir les entreprises, les associations, les organismes financiers et les universités pour appliquer et promouvoir localement les dix principes. Une fois un comité de pilotage établi, notre rôle sera d’organiser des conférences, de publier, de sensibiliser le public financier et associatif libanais aux valeurs que nous défendons, et de planifier de réelles actions en lien avec le gouvernement. Il existe aujourd’hui 101 réseaux nationaux du Pacte mondial et des acteurs engagés dans plus de 140 pays. D’ordinaire, ce sont des membres des Nations unies qui organisent ces réseaux, je suis le premier homme d’affaires à être nommé pour une telle mission.

Pourquoi avez-vous été choisi pour cette mission ?
Cela fait plus de cinq ans que je défends les causes sociales, humaines et environnementales dans la région, en particulier depuis la création de CSR Lebanon en 2008. J’ai participé à de nombreux événements et rencontres internationales dont le “Leaders Summit” du Pacte mondial en juin 2010. C’est là que j’ai été remarqué la première fois, notamment du fait que mon entreprise est parmi les premières à s’être inscrite au Liban. Depuis trois ans, treize sociétés comme R.E.A.L., Novitag, l’Université arabe de Beyrouth (BAU) et l’association Media Association for Democracy, entre autres, ont rejoint le Pacte mondial.

Comment comptez-vous organiser ce réseau ?
Je prépare une série de rendez-vous avec des organisations déjà sensibilisées à l’approche de la RSE. Nous sommes déjà treize engagées à respecter les dix principes, je souhaiterais être entouré de cinquante organisations d’ici à la fin de ma mission. Je vais viser tout d’abord les entreprises les plus importantes, en particulier les multinationales qui ont le plus intérêt à s’engager dans de telles démarches. Les Nations unies m’ont fourni un manuel avec la liste de tous les outils et les initiatives utiles à cette activité de prospection. J’organise les 18 et 19 mars notre troisième forum sur la RSE, à l’hôtel Phoenicia InterContinental.
Lorsque j’aurai réuni assez de personnes engagées et que nous aurons élu un comité exécutif, il nous faudra réunir entre 50 et 100 000 dollars par an afin d’organiser des conférences et de mettre en pratique les valeurs que nous défendons. En attendant, je suis entièrement bénévole.