Jusqu’au 31 mars, au Musée Sursock, ont été exposées une centaine d’œuvres sur papier de Max Ernst. Cette exposition itinérante a été marquée par une conférence donnée par Gaby Maamary, professeur des beaux-arts à l’Université libanaise.

Max Ernst, né en Allemagne en 1891 puis naturalisé français (décédé en 1976), est pour beaucoup la figure de proue du surréalisme pictural. L’ensemble de son œuvre, qui couvre plus de six décennies, pourrait même témoigner de l’effervescence générale qui a marqué les grandes étapes de la création moderne.
Adolescent, Ernst reçoit de son père, peintre amateur, les rudiments techniques et esthétiques du métier qui le dispensent de suivre les cours d’une école des beaux-arts. En revanche, il va étudier la philosophie, l’histoire de l’art et la psychiatrie à l’Université de Bonn.
À l’occasion d’une exposition d’œuvres postimpressionnistes et cubistes, Ernst découvre Van Gogh, Derain, Braque, Picasso et le Douanier Rousseau. Le jeune peintre semble alors, ainsi qu’il l’avoue lui-même, «se laisser influencer par n’importe quoi». Cet esprit circonspect et lucide voile à peine le profond désir du peintre de s’éloigner des références culturelles classiques : l’intérêt qu’il porte à l’art nègre, à la peinture “naïve” du Douanier Rousseau, mais aussi et surtout à des malades mentaux que lui révèle un stage d’études en asile psychiatrique, le conforte dans cette attitude.
En 1925, la découverte inopinée des possibilités expressives du “frottage” lui permet “d’assister comme un spectateur à la naissance de ses œuvres”. Fixées par le frottage d’une mine de plomb sur le papier, les structures des divers matériaux (rainures du bois, nervures de feuilles et autres) génèrent une série d’images riches en métaphores. La pratique du frottage révèle la faculté visionnaire de l’artiste.
Les romans-collages créés entre 1929 et 1934 surprennent, inquiètent aussi. Subtil dosage de contes merveilleux et de romans “noir”, les suites de planches qui les composent semblent narrer des histoires.
En 1942, Max Ernst dote le surréalisme du “dripping”. Il trouve dans cette manière de faire gicler et de projeter la couleur sur la toile, un moyen de plus pour s’exprimer, sans entraves, son univers imaginaire.