
Lancé en 2012, le projet a été financé à hauteur de 36,4 millions d’euros par l’Union européenne et 250 000 euros par le ministère norvégien des Affaires étrangères.
Géré par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), ce projet est une première dans l'histoire des réfugiés palestiniens au Liban, car ces derniers bénéficient pour la première fois de logements légaux en dehors des camps officiels supervisés par l’Onu, et ce avec l’accord des autorités libanaises.
La parcelle de Mohajarine («déplacés») tient son nom d’un premier déplacement de réfugiés palestiniens consécutif à la destruction du camp de Tal El Zaatar en 1976. Elle avait été achetée par l’OLP en 1982 afin d’y loger une centaine de familles qui ont survécu au massacre de Sabra et Chatila. L’OLP ayant du quitter précipitamment le pays, le terrain n’a pu être enregistré en bonne et due forme, a expliqué la chef de la délégation de l’Union européenne à Beyrouth Angelina Eichhorst dans son discours d’inauguration. Entre temps, la loi n°296 promulguée en 2001 interdit aux Palestiniens de posséder des terres au Liban : « toute personne n’étant pas de la nationalité d’un Etat reconnu ne peut être titulaire d’un droit réel de quelque nature qu’il soit. »
Il a donc fallu trouver une solution. En 2010, toutes les parties concernées ont décidé que l’OLP fasse don gratuitement de la parcelle à travers un Waqf (une institution de dotation islamique) la mettant à la disposition des réfugiés palestiniens pour 99 ans, ajoute Angelina Eichhorst. Ces habitants peuvent donc vivre légalement, sans craindre l’éviction ou la destruction de leurs maisons, ce qui n’est pas le cas pour de nombreux réfugiés vivant en dehors des camps de réfugiés officiels.
Selon un article du Daily Star, le gouvernement a imposé des règles d’urbanisme strictes pour la reconstruction, ce qui fait que les appartements reconstruits sont beaucoup plus petits que les précédents. Les immeubles ne dépassent pas les quatre étages et les rues sont assez larges pour laisser passer des véhicules afin de pouvoir assurer la protection de la zone.
Selon un rapport de la délégation européenne à Beyrouth, 95% de la surface du camp de Nahr el-Bared et ses zones adjacentes ont été détruits au cours du conflit de 2007. Et plus de 35.000 personnes ont été déplacées dans la région environnante et dans d’autres camps palestiniens au Liban.
Le coût de la reconstruction du camp est estimé à 345 millions de dollars, selon un rapport de l’Unrwa qui a déjà récolté 188 millions de dollars en dons de la communauté internationale, lui permettant de reconstruire un quart des habitations (environ 5000). Elle cherche à obtenir les 157 millions de dollars restants afin de terminer les travaux à la mi-2015. Le retard n’est pas seulement du à l’absence de fonds. Selon le quotidien Al Akhbar, il s’explique aussi par la découverte en 2009 d’un site archéologique important sous le camp.