Arrivés au troisième âge, certains, qui ont gagné en sagesse, seront amenés en plus à gagner
une maison de repos. Quels choix et dans quelles conditions ?
Souvent, l’état de santé des personnes âgées, quand la famille ne peut s’en occuper, nécessite le placement en maison de repos. «Lieu de tranquillité, elle permet aux résidents de se sentir comme s’ils étaient chez eux, entourés s’ils le désirent d’objets chers qui sentent bons les souvenirs», évoque Riad Fikany, directeur de Longue Vie à Bhersaf.
Mais c’est aussi «un soutien familial pendant les dernières années de vie où les exigences de la vie moderne sont consommatrices de temps et les heures de travail empêchent les membres de la famille de s’occuper à plein temps des personnes âgées», révèle Maha Abou Chawareb, directrice du foyer Saint-Georges à Achrafieh.
Un personnel dynamique et compétent assure le maximum de confort et des soins médicaux. «Quelque 35 personnes, entre médecins de famille et gériatres, infirmières, assistante sociale, physiothérapeute, sont présentes pour s’occuper de nos vieux, affirme Maha Abou Chawareb. Notre personnel médical et paramédical suit des formations continues en gériatrie, souvent à l’étranger. Un médecin de famille et un gériatre assurent une visite continue à nos résidents. En cas d’urgence, nous avons recours aux médecins de l’hôpital Saint-Georges sans oublier les infirmières spécialisées en gériatrie».
À Longue Vie, «les résidents peuvent à tout moment être écoutés et aidés par l’équipe paramédicale, où une cinquantaine de personnes assurent le soutien nécessaire. Les repas sont établis selon les directives du médecin traitant et d’une diététicienne. De même, de nombreuses activités sont organisées régulièrement dans la salle de jeux. Dans la salle de lecture, des ouvrages en différentes langues sont proposés, sans oublier les ateliers de poterie, de peinture et de bricolage».
Le coût d’hébergement
À Longue Vie, il existe deux catégories de chambres. «Certaines sont à un lit pour 40 $ par jour et d’autres à deux lits pour 35 $ par jour. Dans les deux cas, les chambres ont des salles de bains individuelles. Elles sont meublées par deux fauteuils en plus des lits et elles ont un balcon avec vue panoramique, indique M. Fikany. Cette somme inclut trois repas et une pause-café sans oublier la visite médicale quotidienne. De plus, nous disposons de 10 lits à prix plus modérés pour les personnes les plus démunies, à 17 $ la journée».
Au foyer Saint-Georges, «le coût d’hébergement de chaque résident est entre 30 000 et 50 000 LL par jour». Notons que dans presque toutes les maisons de repos, le tarif d’hébergement n’inclut pas les médicaments et les soins spéciaux dont peut avoir besoin chaque résident. De plus, toute personne atteinte de maladie contagieuse, totalement paralysée ou souffrant d’une déformation physique, n’est pas admise.
Avec les soins médicaux et paramédicaux procurés, les maisons de repos sont par conséquent dans l’impossibilité de s’autofinancer entièrement. Chacune d’elles suit un programme de financement particulier qui l’aide à assumer les frais quotidiens. Surtout qu’au cours des cinq dernières années, le nombre de donations et contributions a considérablement baissé.
«À Longue Vie, le système d’autofinancement a été adopté», explique Riad Fikany. Ainsi, différentes activités sont proposées : des séances de physiothérapie à 10 000 LL la demi-heure ; la préparation et la livraison à domicile de certains plats traditionnels libanais ; des croissants et des gâteaux préparés par un chef cuisinier pour les résidents, leurs parents et le personnel ; 300 pommiers et oliviers ont été plantés, pour que dans l’avenir ils soient exploitables ; une garderie destinée aux enfants du personnel et des habitants de la région à des prix très modérés.
Entre autofinancement
et donations
Longue Vie est d’ailleurs une association laïque privée à but non lucratif fondée par la famille Gemayel. C’est en 1987 que Madeleine Ayoub Saab, veuve de feu Michel Aoun Gemayel, fondateur du village SOS à Bhersaf, a voulu créer un centre d’accueil pour les personnes du troisième âge. Ce projet reconnu par l’État a vu le jour grâce à son fils Louis Michel Gemayel.
Initialement conçu pour accueillir les familles des résidents à Longue Vie, Mont Joli est aussi un lieu de repos pour les personnes convalescentes ou qui désirent se relaxer quelques jours. Le tarif d’une journée incluant 3 repas est à 45 $ par personne. Mais les prix sont sujets à des modifications s’il s’agit de groupes ou de séjours de longue durée.
Le foyer Saint-Georges a souffert de la guerre et le manque de ressources empêche le renouvellement des équipements. «Nous poursuivons notre mission malgré toutes les entraves et cela avec l’aide des médecins et des étudiants en médecine de l’hôpital Saint-Georges, nous révèle Dimitri Haddad, directeur financier du foyer. Nous avons recours au programme du ministère de la Santé proposant 13 000 LL par jour pour chaque résident. Cette somme symbolique représente le quart du montant nécessaire pour la survie de chaque personne. Nous avons aussi recours à d’autres sources de financement comme des donations et des contributions de la part d’associations caritatives ou des aides en espèces offertes par les parents aisés de nos résidents».
Fondé dès 1874 par un groupe de jeunes volontaires, le foyer Saint-Georges est aujourd’hui une institution à but non lucratif relevant de l’archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth.
Pour encore diversifier les sources de revenus, les centres ont recours à de nouvelles idées. À longue Vie, «plusieurs projets vont voir le jour dans les mois à venir, parmi lesquels la mise en circuit d’une ambulance qui sera utilisée pour transporter nos résidents aux hôpitaux et pour assurer un service auprès des habitants de la région en cas d’urgence, à des tarifs réduits», explique M. Fikany.
Au foyer Saint-Georges, plusieurs idées sont aussi en cours de réalisation. Pour améliorer les soins apportés aux personnes du troisième âge, des centres spéciaux vont être mis sur pied : une unité de soins pour personnes souffrant du mal d’Alzheimer ; un centre de réhabilitation avec une grande salle de physiothérapie dont peuvent profiter des externes ; un centre de jour avec des soins médicaux ainsi que des activités sociales proposées aux personnes qui vivent seuls ou en famille.