Visa a récemment annoncé le lancement d’un nouveau système de paiement mobile basé sur le stockage dans le “cloud” des données bancaires. En quoi se distingue-t-il des solutions actuelles ?
Ce nouveau système exploite les possibilités offertes par la technologie “Host Card Emulation” (HCE) développée pour les smartphones Android en leur permettant de reproduire de manière virtuelle les fonctionnalités d’une carte de paiement . Les données bancaires de l’utilisateur sont stockées dans le “cloud” et non sur carte SIM comme pour les applications actuelles. Concrètement, après avoir téléchargé une application fournie par sa banque, le client pourra demander des clés d’accès uniques qui se substitueront au code d’identification et permettront de valider une transaction inférieure à 50 dollars. Cela offre plusieurs avantages parmi lesquels l’indépendance vis-à-vis des opérateurs télécoms, une certaine facilité d’usage due à la possibilité d’utilisation hors ligne une fois les clés récupérées et, enfin, une certaine sécurité puisque les informations bancaires sont stockées sur un serveur très sécurisé et non sur un téléphone pouvant être dérobé.
Ce système est compatible avec les nouvelles versions d’Android, qui équipe 80 % des appareils vendus dans le monde fin 2013. Nous espérons à terme transposer ce système sur iPhone une fois que ces appareils seront compatibles avec la norme NFC (Near Field Communication), quant aux autres ce n’est pas d’actualité.

Qu’en est-il de l’introduction de ce système au Liban alors que la commercialisation des cartes sans contact sur ce marché est toute récente et que vous avez amorcé un processus de transition vers les cartes à puce ?
Pour l’instant, il n’existe qu’en Australie, mais les banques libanaises sont très intéressées. En étant très optimiste, on peut envisager une implantation avant la fin de l’année. En attendant, les banques fournissent un effort considérable pour développer notre système de cartes sans contact (paywave) à travers une politique commerciale particulièrement avantageuse pour les commerçants qui bénéficient d’importantes ristournes sur les frais bancaires : cela a permis d’équiper le pays de plusieurs milliers de terminaux en quelques mois.
De manière générale, notre politique de paiement sans contact consiste à encourager le consommateur à délaisser le règlement en espèces – qui, au Liban, concerne encore plus de neuf petites transactions sur dix – tout en le rassurant sur la sécurité et la simplicité d’usage de ces nouvelles technologies. Le “sans contact” ne concurrence donc pas le “plastique”, mais le “cash” même si nous n’avons pas encore défini d’objectifs précis en termes de parts de marché.

Ces mutations technologiques soulèvent aussi de nombreuses questions en matière de sécurité (voir Le Commerce du Levant n° 5650). Quelles sont les garanties offertes au consommateur libanais en la matière ?
Toute notre politique repose sur le juste équilibre entre innovation et sécurité, comme le montre le choix d’un hébergement sur le cloud des données bancaires.
De plus, en matière de paiement mobile, le Liban est à la pointe de la sécurité avec par exemple le dispositif de signalisation de chaque transaction par SMS qui permet au client d’annuler très vite sa carte en cas de fraude. L’indemnisation éventuelle de celle-ci est du ressort des banques, pas de Visa.