En décembre dernier, le gouvernement a validé un projet de la municipalité de Beyrouth visant à transférer le stade municipal de Tarik Jdidé vers une zone du Bois des Pins. Le projet est vivement contesté par plusieurs organisations de la société civile.

Dès la fin de l’année 2015, la municipalité de Beyrouth pourrait lancer la construction d’un stade olympique à Horch Beyrouth, entre la rue du 22-Novembre et la rue Omar Beyhum. Le processus a été enclenché le 18 décembre dernier, date à laquelle le Conseil des ministres a chargé le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) de préparer une étude pour remplacer le stade municipal de Tarik Jdidé par un “centre civique” et construire en contrepartie un nouveau stade à Horch Beyrouth. Cela fait trois ans que le projet mijotait dans les tiroirs de la municipalité. Le nouveau stade, qui pourrait contenir selon la municipalité 5 000 à 7 000 spectateurs, prendrait la place d’un terrain de football entouré de verdure dans le Bois des Pins. La municipalité n’a pas divulgué le montant des investissements nécessaires. « Il est impossible de déterminer un coût de construction avant que le CDR ait achevé ses études », estime le vice-président de la municipalité Nadim Abou Rizk.
Le projet est dénoncé par plusieurs organisations de la société civile. « Il faudra forcément couper des arbres pour le réaliser. La construction d’édifices en béton, une forte affluence et davantage de trafic vont totalement modifier l’environnement de cette partie du parc », dénonce Mohammad Ayoub, directeur général de l’association Nahnoo. La municipalité, pour sa part, se défend de vouloir nuire à l’environnement. « Si les études réalisées montrent que la construction du stade risque de détruire des espaces verts, nous réévaluerons tout le projet », affirme Nadim Abou Rizk. Le nouveau stade olympique s’inscrit en fait dans le cadre d’un plan plus large d’un “Beirut Central Park” que la municipalité souhaite créer dans la zone de l’hippodrome, situé à quelques centaines de mètres du Bois des Pins.

Un futur “Beirut Central Park”

Sur 210 000 m², la municipalité voudrait rénover l’hippodrome, mais aussi construire une petite académie de golf, des lacs artificiels, un centre équestre, une scène musicale, ou encore des restaurants. Un tunnel souterrain reliera le “Beirut Central Park” au stade olympique au-dessous duquel sont prévues 500 places de parking. La première phase de programmation du futur “Central Park”, qui a été réalisée en partenariat avec la région Île-de-France, doit être poursuivie par la seule municipalité au cours des prochains mois. « Nous allons concevoir un parc environnemental moderne comme il en existe dans de nombreuses capitales. Il sera gratuit pour tous », assure Nadim Abou Rizk, qui vante également les nouveaux aménagements prévus à Tarik Jdidé. « Le vieux stade sera remplacé par de nouveaux équipements pour les jeunes : terrains de sport, bibliothèque publique, espace pour accueillir des événements, et il comprendra 2 000 places de parking. » Selon lui « en attendant la mise en place d’un vrai système de transports publics, il n’existe pas d’autre choix que de construire de nouveaux parkings à Beyrouth ». Une option fortement contestée par les ONG. « Construire autant de places de parking au milieu d’un tissu urbain aussi dense ne fera qu’accroître les embouteillages. On peut s’attendre à un flux de 1 000 voitures par heure deux ou trois fois par jour aux heures de pointe. Pour être efficace, la construction de parkings doit se faire en périphérie des centres urbains », argumente Raja Noujaim, représentant de l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL) et membre avec Nahnoo de la coalition pour la protection des espaces verts de Beyrouth. Se pose également la question du coût d’une telle opération. « La municipalité aurait simplement pu rénover tous les terrains de sport et de jeux à Horch Beyrouth et réhabiliter en parallèle le stade de Tarik Jdidé. La solution aurait été beaucoup plus économique et respectueuse de l’environnement », explique Mohammad Ayoub.