Faciliter l’implantation des entreprises régionales en Afrique subsaharienne, en passant par l’île Maurice, c’est l’objectif de Creed East Africa, une joint-venture créée en octobre entre la société libanaise de conseil en finance d’entreprise, Creed Capital, et le bureau mauricien de BDO, la cinquième plus grande firme comptable au monde.

Ses premiers mandats lui ont été confiés par des clients européens, mais la demande libanaise n’a pas tardé à suivre et représente aujourd’hui 50 % de sa clientèle. « Il s’agit d’entreprises implantées dans le Golfe et au Levant qui, dans le contexte actuel, cherchent à diversifier leurs risques en se tournant notamment vers l’Asie et l’Afrique subsaharienne. » Des régions qu’Alexandre Ziad Karkour a eu l’occasion de sillonner pendant ses années européennes.
L’île Maurice, plate-forme pour l’Afrique de l’Est
Ainsi, lorsque la société d’assurances libanaise Chedid Capital lui confie la tâche de lui trouver des partenaires en Afrique, il l’introduit à un groupe avec qui il avait eu l’occasion de travailler : GML Investissement, un conglomérat mauricien. « L’île Maurice est connue pour la qualité de son environnement des affaires et est devenue une plate-forme pour l’Afrique subsaharienne », souligne Alexandre Ziad Karkour.
En octobre, après deux ans de négociations, Chedid Capital, conseillée par Creed, entre au capital d’une filiale du groupe mauricien, City Brokers (voir Le Commerce du Levant n° 5670).
Dans la foulée, Creed Capital obtient le mandat exclusif de cette nouvelle entité pour acquérir des courtiers dans 10 pays d’Afrique subsaharienne.
Mais « pour renforcer notre capacité d’exécution, nous avions besoin d’un allié sur place », raconte Alexandre Ziad Karkour. Il n’a pas eu à chercher loin. Le partenaire idéal était assis de l’autre côté de la table des négociations, conseillant le groupe GML. Il s’agit de BDO Maurice, un cabinet de conseil en audit, fiscalité et finance – membre du réseau mondial de BDO, le cinquième plus grand cabinet mondial du secteur – qui pilote huit autres bureaux dans la région (à Madagascar, aux Seychelles, au Burundi, en Éthiopie, au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda).
Une joint-venture à parts égales
Les deux sociétés créent une joint-venture à parts égales, baptisée Creed East Africa, qui opère depuis ses deux sièges sociaux, à l’île Maurice et à Beyrouth. « Nous apportons l’accès au Moyen-Orient et eux l’expertise sur le terrain », résume Alexandre Ziad Karkour. Une alliance d’intérêts sur un créneau porteur. « L’Afrique est l’un des derniers marchés frontières encore prometteur », souligne-t-il. Signe de la mutation en cours, l’entrée des fonds d’investissements privés dans des projets divers, pas seulement dans les infrastructures, alors que ces économies étaient traditionnellement financées par des fonds de développement. « On voit se multiplier les petits deals », le créneau sur lequel se positionne Creed East Africa. « Nous ne pouvons pas concurrencer les sociétés internationales sur les grands deals, nous visons de plus petites transactions. Et il y a du pain sur la planche ! » assure Alexandre Ziad Karkour.