En janvier de cette année, l’Institut français a organisé une conférence sur l’accord de coproduction franco-libanais, trop peu utilisé par les producteurs libanais.

Une trentaine de films en 2015
Car l’effet de levier des fonds publics ne fonctionne pas auprès des investisseurs privés, alors que le cinéma libanais connaît un dynamisme croissant. Au total, 31 films ont été produits au Liban en 2015, pour un investissement cumulé de 32,4 millions de dollars, selon le dernier rapport d’Idal, l’Autorité de promotion des investissements libanais. Il s’agit d’une nette amélioration par rapport aux 12 films produits en 2012.
« Alors que les fonds publics ne sont pas remboursables, par nature, les recettes étant simplement destinées à abonder le fonds du CNC, les financements privés, eux, cherchent à être rentabilisés », explique-t-on côté français. Sur un budget d’un million de dollars par exemple, si 800 000 sont apportés par le CNC et 200 000 par des privés libanais, et que les recettes du film ne sont que de 200 000 dollars, elles sont affectées prioritairement au remboursement des investisseurs privés. « Face à un coproducteur qui veut avant tout récupérer sa mise, le producteur français n’a aucune chance, à moins d’un très grand succès commercial, de pouvoir affecter une partie des recettes au fonds du CNC qui alimente à son tour le fonds de soutien automatique dont il bénéficie auprès de cet organisme pour ses prochains films. » Les coproductions libano-françaises sont donc souvent limitées à des partenariats privés, en dehors du cadre de l’accord étatique franco-libanais.
Côté libanais, les investisseurs privés sont plus enclins à financer des projets commerciaux dont ils pensent connaître les codes que de s’aventurer dans des films d’auteur plus ambitieux malgré leur vocation internationale. D’autant qu’ils ont de plus en plus les moyens de s’appuyer sur d’autres types de soutien financier, en provenance du Golfe notamment. « S’il s’agit d’un film d’auteur, c’est très dur de garantir 200 000 dollars dans le privé au Liban. S’il s’agit d’un film commercial, on garantira le financement ici, mais ce sera dur de trouver le financement en France », explique Pierre Sarraf, fondateur de la société de production Né à Beyrouth.
Pour résoudre cette quadrature du cercle, une solution, estiment les professionnels du secteur : initier un mécanisme de financement public du cinéma libanais. « Taxer les billets de cinéma pour alimenter un fonds d’aide à la production serait un bon début », estime Pierre Sarraf, citant un projet porté par la Fondation Liban Cinéma.
