Des programmes qui se suivent et qui ne se ressemblent pas : l’Établissement public pour l’habitat multiplie ses initiatives. Une bizarre efficacité administrative.
Pour le président de l’EPH, Antoine Chamoun, la fonction de cet établissement est «d’assurer un logement décent au Libanais». Plusieurs projets ont été mis en place à cet effet. Le premier est le “prêt pour l’accès à la propriété d’un appartement fini (PAP)”. Pour ceci, l’EPH collabore avec 24 banques dont 20 d’entre elles octroient déjà des prêts. «Depuis le 15 juin 1999, nous avons reçu 4 321 demandes pour le PAP. Des 2 150 qui ont été approuvées, 1 673 contrats ont été effectivement signés», raconte M. Chamoun. Le montant d’un prêt moyen est de 40 000 à 45 000 $, ce qui donne environ 90 millions $ de cash distribués en 9 mois. Pour obtenir un prêt, il faut que le revenu mensuel ne dépasse pas 2 000 $. Le montant du prêt est fixé en accord avec la banque sur la base de plusieurs critères. Le remboursement du capital se fait sur 10 ans et les intérêts (environ 7 %) sur une période similaire.
Le second projet, dont les 4 premiers contrats devraient être signés très prochainement, est celui de la construction dans les régions (vente et achat sur plan). Il permet au constructeur ainsi qu’au bénéficiaire du prêt de connaître à l’avance le montant du prêt qui sera octroyé et le nombre d’appartements vendus sur plan. Ce projet lancé en août 1999 consiste «à encourager la construction de logements dans les différentes régions ainsi que la souscription des acheteurs potentiels sur plan». Il est destiné à ceux qui ont des revenus limités.
Qu’en est-il des plus démunis ? «Il y a une certaine tranche sociale qui, même après emprunt, se retrouve incapable de rembourser le prêt. Pour ces personnes, l’EPH a conçu un projet (à l’étude depuis mars 2000) prévoyant la construction de logements qui seront donnés en location. Le bail se monterait en moyenne de 100 000 à 125 000 LL par mois allant jusqu’à 30-40 ans. Ceci ouvrira aussi la possibilité de location vente, un projet en cours de route», observe M. Chamoun. En effet, explique-t-il, dans 10 ans la situation financière du locataire se sera probablement améliorée, ce qui va lui permettre de contracter un prêt afin d’acheter l’appartement loué.
Encore des projets
L’EPH lancera aussi le plan épargne logement «dès que nous en aurons terminé avec les trois premiers projets, note M. Chamoun. Ce projet est destiné à des jeunes qui ont au début de leur carrière des revenus limités, mais qui, étant avocats, ingénieurs ou autres, ont un avenir prometteur». Le jeune pourra mettre de côté par exemple 200 $ par mois et l’EPH, au bout de 4-5 ans, s’engage à lui rendre le montant des épargnes avec les intérêts, en plus d’un prêt qui sera en relation directe avec la somme épargnée.
Mais quelles sont les sources de financement de l’EPH ? C’est d’abord le paiement des anciens prêts de la Caisse autonome de l’habitat (dont l’EPH a hérités) qui constitue la source principale de financement de l’EPH. D’autres sources de revenus, telles que la taxe sur ce qu’on appelle communément “l’étage Murr” (actuellement en suspens), des pourcentages sur les amendes contre les infractions de constructions et de bâtiments balnéaires, permettent – ou permettront – de remplir aussi les caisses de cette institution. De même, 2 % sur chaque permis de construire sont versés à l’EPH.
L’EPH a donc bien démarré, malgré les problèmes rencontrés au départ pour convaincre le secteur privé et l’État de son concept de partenariat. Ce qui persiste cependant, ce sont les difficultés quotidiennes liées aux critères de sélection et à la solvabilité du bénéficiaire. Mais au moins, le bazar qui existait avec feue la Caisse autonome a disparu.