Les informations positives sur le Liban se font tellement rares qu’on ne peut s’empêcher de les partager. Histoire de remonter un peu le moral des troupes, ranimer la fierté d’être libanais.  La dernière bonne nouvelle à avoir fait le buzz est signée du National Geographic. Dans un article publié sur son site, la revue américaine a mentionné le Liban parmi les dix meilleures destinations de cet été.

Ceux qui y habitent toute l’année ont du mal à trouver le décor de carte postale. Mais ce n’est pas une fake news. Le Liban figure bien dans le classement 2018, entre l’Indonésie du Sud – ses îles, ses temples bouddhistes et ses récifs de coraux – et les animaux sauvages de la savane africaine de Masai Mara. Il y est recommandé en tant que destination culinaire, offrant une « table de mezzé idéale dans un climat tempéré tout aussi idéal ».

La cuisine et le climat sont, pour le National Geographic, les deux principaux atouts du Liban.  Au rythme où vont les choses, c’est en tout cas  tout ce qui lui restera ! Alors qu'il se rêve encore en pays touristique, le Liban assiste les bras croisés à la destruction systématique et organisée de son environnement. Il fait mine d’ignorer la défiguration de ses montagnes, rongées par les carrières et l’urbanisation, et la spoliation de ses 220 kilomètres de côtes publiques.

Quand nos voisins font de la Méditerranée un atout commercial, nous préférons y déverser nos égouts et nos déchets. La mer, “extrêmement polluée”, est inaccessible, a prévenu récemment le directeur général de l’institut de recherche agricole Michel Afram, dans le Daily Star. Payer une fortune pour se prélasser dans des piscines chlorées avec le bruit des vagues au loin, c’est la seule promesse, désormais, de vacances à la mer au Liban.

La pollution, on ne la voit pas que sur les plages. On la mange, on la boit et on la sent. En route vers l’aéroport de Beyrouth, les effluves pestilentielles de la décharge de Costa Brava rappellent aux Libanais l'urgence d'aller prendre l'air ailleurs. Cette même odeur accueille, à l'arrivée, les touristes et les expatriés. L'odeur de la corruption, de l’incompétence et de l’irresponsabilité. Welcome to Lebanon.