Les lauréates du prix FFE 2018, Marielle Khayat et Maya Bacha / Photo: C.B.
Les lauréates du prix FFE 2018, Marielle Khayat et Maya Bacha / Photo: C.B.

La finale de la septième édition du prix Femme francophone entrepreneure (FFE), organisée par Berytech, l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), L’Orient-le Jour et Le Commerce du Levant, en partenariat avec la SGBL, s’est tenue hier soir au campus de l'Innovation et du Sport de l’Université Saint-Joseph. Koullouna et Sidelick, deux projets présentés respectivement par Marielle Khayat et Maya Bacha, l’ont emporté cette année. A la clé, six mois de formation et d’incubation à Berytech, ainsi que 10 000 euros. 

« Koullouna lil’ Watan »


Tout sourire, Marielle Khayat est fière d’avoir gagné le prix des Femmes Francophones Entrepreneures 2018. Son entreprise, Koullouna (« nous tous ») vend des box remplies de produits libanais, pour les nostalgiques du pays. « Quand j’étais en Chine lors de mes études, j’ai reçu un colis de ma mère. A l’intérieur, plein de spécialités libanaises qui me manquaient tant ! », raconte-t-elle. « Je n’avais jamais été aussi heureuse de voir du Picon ! ».

Depuis, l’idée a fait son chemin et, en 2016, Marielle Khayat décide de fonder une start-up surfant sur le « Made in Lebanon ». La jeune structure connaît une année 2018 prometteuse avec une croissance de 20 % par mois sur les quatre derniers mois. « Depuis avril, nous avons envoyé plus de mille boxes à travers 25 pays et 80-% de nos clients se disent satisfaits ou extrêmement satisfaits ».

10 000 euros pour booster le marketing

Koullouna n’a pas encore de budget pour assurer sa visibilité. Pour l’heure, seul le bouche à oreille l’a aidé à se faire un nom auprès de l’immense diaspora libanaise (estimée à 15 millions de personnes dans le monde). Les 10 000 euros à la clé du prix FFE lui permettront ainsi de développer sa stratégie marketing. Cette somme sera également utilisée pour soutenir ses opérations commerciales et assurer le développement de son site.

Si aujourd’hui la jeune femme de 29 ans connait le succès, les débuts ont été plus compliqués pour cette ancienne étudiante de l’Université américaine de Beyrouth (AUB). « Personne dans notre équipe n’avait réellement d’expertise en logistique », se souvient-elle, une compétence pourtant indispensable pour l’envoi de colis à grande échelle. Installée en France, ses produits sont importés du Liban pour être renvoyés ailleurs, partout dans le monde. « Les coûts sont moins importants depuis la France », notamment pour l’envoi postal. Comme d’autres boxes, le modèle économique repose sur l’abonnement : elles sont vendues à 39 dollars (hors frais de transports), et comptent 200 adhérents mensuels.


« Permettre aux animaux d’avoir de la compagnie »


Faciliter la prise en charge des animaux, lorsque vous n’êtes pas disponible. Voilà ce que propose Maya Bacha avec Sidelick, un site offrant « du toilettage, des promenades et de la garde d’animaux pour des prix allant de huit à vingt dollars par service ». Un marché de niche ? Pas tant que ça. Selon Maya Bacha, le marché des animaux de compagnie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord est porteur. Il se chiffre à « plus d’un milliard de dollars, avec quelque 200 millions d’animaux de compagnie et une croissance de 3 % par an » assure-t-elle.

Architecte de formation, Maya n’est pas une débutante dans le monde entrepreneurial : il y a six ans, elle a en effet lancé sa propre agence d’architecture, Scapeworks, qui continue à fonctionner aujourd’hui. Amoureuse des animaux - elle a elle-même un chien - l’idée de Sidelick lui est venue de sa propre expérience, après avoir constaté que les propriétaires d’animaux de compagnie manquaient au Liban de soutien logistique. Deux autres compagnies concurrentes existent mais ont été créées après Sidelick, née en 2017.

Une success-story en cours

« Nous avons eu des difficultés à mettre en place la plateforme, surtout au niveau technique », raconte Maya Bacha, qui cherche encore à lever des fonds. « Nous avons une moyenne de 30 utilisateurs mensuels et dégageons déjà des bénéfices » se félicite-t-elle. « Nous comptons une trentaine de « petsitters », pour la plupart des étudiants ou des personnes travaillant en freelance ». Mais avant de promener nos compagnons à quatre pattes, chaque nouvelle recrue suit une formation sur les besoins des canins et félins, notamment sur leurs routines et les soins dont ils pourraient avoir besoin.

A ce jour, Sidelick prélève une commission de 20 % sur chaque prestation commandée via son site. « Mais sur le long terme, nous aimerions aussi permettre aux professionnels d’y promouvoir leurs produits – alimentaires, accessoires…», prévoit l’entrepreneuse.

Le prix FFE de 10 000 euros lui servira à développer son application mobile, pour faciliter l’accès à ses services.