Il a produit les concerts des plus grands artistes étrangers. Et, malgré la récession,
“Buzz” n’a pas fini de se faire entendre.

Le mot “Buzz” renvoie à “rumeur” ou “brouhaha”, mais aussi à Nagi Baz, l’âme de la société de production du même nom. Petite structure établie en SARL, elle est composée de Nagi Baz, PDG, son épouse française et Amine Abi Yaghi, directeur de production. Mais elle peut faire appel à plus de 300 personnes en sous-traitance (techniciens, assistance de production, sécurité...) à l’occasion d’un concert.
Parti dès 1978 en Europe pour poursuivre ses études, Nagi Baz a pris en charge la direction générale de Polydor – première maison de disques en France – de 1991 à 1994, année où il a décidé de revenir au Liban pour se lancer dans les spectacles. Grâce à son expérience française et son carnet d’adresses bien fourni, il a pu approcher, entre autres, les artistes du catalogue Polydor pour les produire au Liban.
Et ces artistes ne sont pas des moindres. Depuis le premier concert de Chris de Burgh en septembre 1994 au Mont La Salle, qui a réalisé 17 000 entrées en deux soirées, et qui est revenu dernièrement à l’hippodrome, Buzz Productions a produit près de 60 spectacles avec des noms aussi prestigieux que Scorpions, Alanis Morissette, Paul Anka, Julien Clerc ou Charles Aznavour… ainsi que les 5 concerts de “Beat Machine” avec en moyenne 15 000 spectateurs chacun. Depuis deux ans, la société produit également des spectacles pour le Festival de Baalbeck. Sur tous ses spectacles, un seul véritable “flop” : la soirée du Nouvel An 2000 “Millenium Delirium” qui, au lieu des 10 000 entrées prévues, n’a drainé que 200 spectateurs. «Nous avons perdu 130 000 $ en 4 heures», explique, flegmatique, le PDG qui insiste sur les qualités de sang-froid nécessaires à ce métier.
Des cachets à 6 chiffres

C’est à partir de son appartement-bureau de la rue Trabaud que Nagi Baz orchestre ses spectacles : «À cause du décalage horaire avec les États-Unis, il est difficile de séparer vie privée et vie professionnelle, car nous recevons des appels en pleine nuit». Les artistes produits sont choisis suivant leur notoriété locale, en suivant les ventes de disques et en écoutant des radios.
“Buzz Productions” produit aussi bien les petits que les mégaspectacles. Le mot d’ordre : diversifier l’importance et le genre des concerts ainsi que les tranches d’âge ciblées afin d’assurer la plus large audience possible. Les spectacles sont étalés sur toute l’année, en évitant octobre (rentrée scolaire), janvier (après-fêtes) et juin (période d’examens).
La société finance elle-même à 100 % les concerts, depuis le cachet de l’artiste et de ses musiciens, leur transport, les visas et les taxes jusqu’à la location du site. Un artiste de la stature de Chris de Burgh touche un cachet de «six chiffres en dollars». Mais les soirées les plus chères restent celles de “Beat Machine”, parce qu’ils regroupent plus de 10 groupes célèbres, les budgets de production atteignent 400 000 $ par soirée.
Il y en a même un des groupes Beat qui a tenté, devant les milliers de spectateurs auxquels il ne s’attendait pas, de renégocier le montant du cachet deux minutes avant son entrée en scène. Mais un coup de fil à son agent américain a permis de régler l’affaire.
Quant aux prix des billets, ils s’étalent en moyenne de 25 à 45 $, ce qui correspond à peu près à la moyenne européenne, «sachant qu’un concert au Liban coûte plus cher qu’en Europe, à cause des frais de visas, de taxes et de voyage, et parce que l’artiste est plus exigeant au Liban», précise M. Baz. Selon lui, il est toujours difficile de convaincre un artiste de venir au Liban, «mais ceux qui viennent repartent satisfaits».
L’obstacle le plus difficile pour la société aujourd’hui reste celui de la récession. En effet, le show-biz est le plus durement touché, car les gens économisent d’abord sur le superflu. «On note une baisse de 40 à 50 % dans les concerts, indique Amine Abi Yaghi. En même temps, les taxes ont augmenté de 50 % durant les deux dernières années».
Mais Buzz Productions n’a pas réduit son activité, qui a été réorientée vers les cibles moins sensibles à la récession, en s’adressant davantage à un public haut de gamme. En même temps, la société cherche à exploiter un potentiel dans la région, puisqu’elle a ouvert un bureau en Jordanie en 1999 et un autre à Dubaï cette année.