Le secteur hôtelier, et touristique en général, a toujours achoppé sur les difficultés de financement. Pourtant, deux plans principaux existent. Que valent-ils ?

Pour financer les projets touristiques, en particulier les hôtels, on peut d’abord puiser dans les ressources propres. Mais un hôtel coûte cher à construire. Il faut compter 100 000 à 200 000 $ la chambre pour un établissement haut de gamme (4-5 étoiles), dans un bon emplacement et avec toute l’infrastructure nécessaire. Et comme le taux d’occupation n’est pas dans une courbe ascendante, la rentabilité, même à long terme, devient problématique.
On peut aussi avoir recours à un emprunt bancaire. Le Phoenicia a bien été financé grâce à un crédit qui a atteint 100 millions $, fourni par un consortium de banques, mené par la BLF. Il faut dire que c’était un cas exceptionnel – et réussi. Mais quel banquier oserait maintenant se lancer dans des entreprises similaires ?

Plan 1 :
Le parapluie public

Heureusement donc qu’il y a eu l’initiative des intérêts bonifiés lancée par la Banque du Liban et l’État. Une initiative dont la formule a été de nouveau améliorée voici quelques mois. En gros, on peut emprunter jusqu’à 15 milliards LL (ou 10 millions $), en payant des intérêts réduits.
C’est la Banque du Liban qui prend à sa charge un taux de 7 %, pour un montant ne dépassant pas 5 milliards LL et 5 % pour les montants allant de 5 à 15 milliards LL. Par exemple, si le taux en vigueur est de 12 % sur le dollar, le taux d’intérêt supporté par l’investisseur qui a emprunté 3 millions $ est de 5 % (12-7). Bien sûr, le calcul est un peu plus compliqué et certaines conditions doivent être remplies. Mais rien de rédhibitoire. D’ailleurs, les banques se sont empressées de commercialiser le concept auprès de leurs clients habituels, ou pour attirer de nouveaux clients parmi les PME touristiques (entre autres domaines couverts par ce système). Par exemple, Banque Audi, selon Saad Zein, regional manager, a fait profiter 500 sociétés de tels prêts, tous secteurs confondus.
Les avantages ont même été étendus à ceux qui ont contracté des emprunts depuis le 10 avril 1997 (soit avant la sortie du dernier décret). Mais justement, le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a exprimé des critiques à ce sujet : «Les grands perdants ont été les pionniers de la rénovation, les investisseurs de 1992 à 1996, qui n’ont pas pu profiter de ces subventions ; notre but serait d’œuvrer pour que ces laissés-pour-compte ne se sentent pas lésés». Rien n’indique cependant, jusqu’à maintenant, que ses doléances ont été entendues.
À ces bonifications d’intérêt, viendront s’ajouter un peu plus tard les garanties de la société Kafalat, un organisme mixte (public-privé) qui assure à hauteur de 75 % les risques d’impayés à la banque contre une rémunération de 2,5 % (dégressive) de la somme garantie. Là, grâce à un jeu de réserves obligatoires exonérées et autres astuces bancaires, on peut arriver (selon le loyer de l’argent en vigueur) à un taux débiteur effectif autour de 4 %. Mais ce cadeau ne peut être fourni qu’aux petites entreprises avec un emprunt ne dépassant pas 300 millions LL ou 200 000 $. De quoi rénover ou créer un modeste établissement touristique, mais certainement pas un hôtel.
Là aussi, les banques ont applaudi, car les risques d’impayés, bête noire des banquiers ces derniers temps, sont fortement réduits. Environ 12 projets touristiques ont profité de ce parapluie, selon le ministère des Finances.

Plan 2 :
l’initiative européenne

De son côté, l’Europe, à travers la Banque Européenne d’Investissement, a vu dans le tourisme libanais un des secteurs prometteurs. Et, voulant bien faire en prélude à un partenariat global euro-méditerranéen, a décidé de consacrer 30 millions d’euros (ou de dollars) au secteur hôtelier en dehors de Beyrouth. L’hôtel (4 étoiles ou moins) peut recevoir ainsi un financement pour une opération de rénovation, ou à la rigueur (après approbation), pour une nouvelle construction. Le montant alloué peut aller de 540 000 à 2 500 000 euros (ou dollars), à hauteur de 50 % du coût total du projet. Même le refinancement des projets achevés (au cours des 4 dernières années) est possible, mais dans ce cas à hauteur de 20 % seulement du coût total de la réhabilitation. Quant aux intérêts, ils ne sont pas loin des taux pratiqués sur le marché (9 à 10 % en incluant la marge de la banque intermédiaire). Ils ne deviennent donc vraiment intéressants que si la Banque du Liban offre de nouveau sa bonification de 5-7 %. Là on arrive à 2-4 %. Un cadeau. D’autant plus que le remboursement est étalé sur 10 ans après 2 ans de grâce.
Tout semble donc parfait sur le papier. Pourquoi donc seulement trois hôtels (5 selon la délégation européenne) ont profité de cette manne (représentant 5 % du montant global) ? Pour plusieurs raisons :
• D’abord, les banques commerciales, intermédiaires obligées dans le système, n’étaient pas intéressées, car «les marges bénéficiaires n’étaient pas suffisantes comparées aux dépenses encourues», selon les propos de M. Achkar, confirmés par des banquiers de la place. Cette marge, en effet, n’est que 2,75 %.
• Ensuite, le risque n’était pas mince, car ces hôteliers en dehors de Beyrouth comptent sur une activité saisonnière, fluctuante, avec un taux d’occupation bien inférieur à celui des hôtels de Beyrouth (30-40 % contre 60 %). Les hôteliers eux-mêmes souhaitaient un financement plus important que 50 % des coûts de réhabilitation.
• Enfin, la période de remboursement, sur 12 ans, a été jugée trop longue.
Face à cette impasse, la Banque du Liban, comme nous l’a indiqué Melhem el-Kik du département légal, a tenté de renégocier les termes de l’accord. Mais aucun résultat tangible n’a été obtenu jusqu’à maintenant. Cependant, l’accord est toujours en vigueur, selon la délégation européenne à Beyrouth, et il n’est pas impossible de trouver un terrain d’entente dans un proche avenir. La destination Liban Parallèlement à la promotion touristique du pays,
il faudrait que la destination Liban figure dans les offres
des voyagistes étrangers. Ce qui est rare. Trouver des séjours tout confectionnés pour le Liban sur les sites des grandes agences de voyages internationales n’est pas aisé. Tout d’abord, le Liban n’est pas encore une destination de séjour touristique proposée en permanence. Même pour les circuits organisés en été, il n’est pas toujours présent. C’est vrai que sur les sites Internet que nous avons visités, et où le Liban est faiblement ou pas du tout présent, Israël et la Syrie ne sont pas à meilleure enseigne. Peut-être peut-on invoquer une situation politico-militaire instable… Reste que les résultats de nos recherches ont donné un schéma approximatif des prix des circuits organisés. On y a inclus les prix pour des destinations proches (y compris Israël), à titre comparatif. Et l’on découvre que le Liban est à peine plus cher que les autres destinations.

À partir de la France

Djos’air
• Liban : 8 jours pour 7 990 FRF
• Syrie-Liban : 10 jours pour 13 590 FRF
• Liban-Syrie-Jordanie : 14 jours pour
14 630 FRF.

STI Voyages
• Liban : 8 jours pour 7 830 FRF
• Syrie : 6 jours pour 6 970 FRF
• Jordanie : 7 jours pour 6 470 FRF.

Clio
• Liban : 7 jours pour 9 525 FRF
• Syrie : 8 jours pour 9 200 FRF
• Liban-Syrie : 15 jours pour 15 350 FRF
• Liban-Syrie-Jordanie : 19 jours pour quelque 20 000 FRF
• Clio proposait Israël jusqu’en mai, 8 jours pour quelque 10 000 FRF et 15 jours pour quelque 13 000 FRF.

Visages du Liban
• Circuit “Liban éternel” : toute l’année, 8 jours de 5 950 à 6 850 FRF (pour les groupes à partir de 25 personnes) et de 7 450 à 8 150 FRF (pour les individuels)
• Circuits “Soleil d’été – Soleil d’hiver” : 7 jours de 5 720 à 6 480 FRF (pour les groupes à partir de 25 personnes)
* Prix par personne base chambre double en pension complète (sauf boissons et taxes d’aéroport) hôtels 4 étoiles, avec excursions quotidiennes vers les sites touristiques.

Les Orientalistes
• Circuit organisé 5 jours/3 nuits (vendredi-mardi) pour 2 950 FRF – basse saison. (Hôtel 3 étoiles + petit déjeuner, excursions à Baalbeck et à Byblos).

Nouvelles frontières
• Liban : circuit 8 jours à partir de 6 500 FRF
• Syrie : circuit 8 jours à partir de
6 400 FRF
• Israël : circuit 8 jours à partir de 5 800 FRF
* Selon des conditions de séjour équivalentes pour les 3 pays (hôtels, pension…).

À partir des États-Unis

Xotic Destinations
• Liban, circuit ponctuel “Jewel of the Mediterranean” : du 19 au 30 septembre 2001 (12 jours) pour 2 095-2 295 $. Départ de Newark Airport (New Jersey), ou d’autres villes américaines (moyennant un petit supplément).
Le tour organisé comprend une prise en charge presque complète et des excursions quotidiennes. Prix par personne en chambre double.