Son seul nom évoque, pour l’ancienne génération, les glorieuses années de la croissance libanaise.
La CAT, en berne pendant 10 ans, a déjà repris un second souffle.

Le bâtiment qui abrite les bureaux de la CAT (Contracting & Trading Company) à Saïfi date des années 50, époque glorieuse pour cette société libanaise de construction et de travaux d’entreprise. Depuis sa création en 1937, la compagnie a connu des hauts et des bas, mais elle semble aujourd’hui bien partie pour retrouver son envergure d’avant-guerre.
«Dès le départ, la société avait pour politique de ne pas trop miser sur le marché local, mais de travailler à l’étranger et d’investir le fruit de ses activités dans des projets éminents au Liban», explique Georges Daher, directeur de l’administration et des ressources humaines. C’est ainsi qu’ont vu le jour l’hôtel al-Bustan et l’hôtel Saint-Georges, en même temps que la CAT, et ses associés devenaient membres fondateurs de l’Arab Bank, de la MEA, de la banque Intra, ou encore de l’hôtel Phoenicia, autant de participations qui ont été vendues par la suite.
Fondée par les familles Boustani, el-Khoury et Chammas, la CAT était l’une des premières sociétés de travaux publics au Moyen-Orient et la première à participer au développement des pays du Golfe. Ses activités couvrent des domaines aussi vastes que la construction d’hôpitaux, d’hôtels, d’immeubles, de routes, ainsi que le génie mécanique, le pétrole et le gaz. De son histoire riche en projets, on retiendra la construction de 20 000 kilomètres de pipelines au Moyen-Orient et en Afrique.
En fait, la société était présente dans 22 pays, dont la Somalie, la Guinée, le Soudan, la Libye, l’Irak, l’Iran, le Nigeria, la Malaisie et même les États-Unis. «Peu de pays d’Asie et d’Afrique n’auront pas connu la présence de la CAT, sauf peut-être l’Égypte, qui comptait sur ses propres sociétés de construction», ajoute M. Daher.

Déclin et résurrection

Après environ “trente années glorieuses”, les activités de la CAT ont connu une période de déclin de 1985 à 1995. Les pays de la région comme la Libye, l’Irak et le Soudan avaient déjà changé de régime. Le groupe a dû se désengager de ces pays-là et d’autres comme l’Iran et la Somalie. «Les activités en Extrême-Orient et aux États-Unis, bien que réussies, n’ont pas connu de suite», indique Aziz Bassoul, directeur financier du groupe. En même temps, la CAT devait faire face à la guerre au Liban, ainsi qu’au passage d’une génération à une autre au sein de l’entreprise.
À la suite de tous ces événements, des décisions majeures ont été prises en 1995 pour restructurer et moderniser la CAT. C’est dans cet état d’esprit qu’en 1996 un PDG d’éducation américaine, Fred Habeishi, a été recruté, en même temps que de nombreux spécialistes.
Aujourd’hui, structuré en une société mère et en plusieurs filiales, le groupe CAT s’active toujours à l’étranger, où il est présent dans plusieurs pays, principalement au Nigeria avec un carnet de commandes d’environ 150 millions $, suivi par l’Arabie saoudite, le Koweït et Abou Dhabi. Mais, pour la première fois depuis longtemps, il a également pris en charge deux projets au Liban : il s’agit de contrats de “construction management” du quartier général de “an-Nahar” au centre-ville, ainsi que du siège de l’Ordre des médecins à Tahouita, inauguré en mars dernier. Enfin, en l’an 2000, la société a également entrepris un projet en Syrie.
«Au début des années 80, le chiffre d’affaires de la CAT dépassait 200 millions $ par an, ajoute M. Bassoul, alors qu’en 1995 il était tombé à 25 millions $. Mais depuis, il remonte graduellement, et nous espérons revenir à notre niveau d’antan en 2003». Le plan stratégique prévoit pour 2005 un triplement du chiffre d’affaires actuel (voir graphe).
En 2000, le volume de l’activité au Liban ne représentait que 15 % de l’activité totale. La branche libanaise compte moins de 100 employés sur un total de 800 employés permanents, dont plus de 150 ingénieurs et jusqu’à 7 000 ouvriers en fonction du volume de l’activité. Mais la CAT espère renforcer sa présence au Liban, ainsi que sur d’autres marchés voisins, en privilégiant certaines niches technologiques spécialisées.