Un nouveau monde, virtuel dit-on, s’est ouvert pour les jeunes – et parfois les moins jeunes.
Les cybercafés sont en passe de devenir les temples informels dédiés à la nouvelle technologie.
Il est 12h30, rue Verdun. Les bruits de pianotage résonnent au New Age Café du centre Dunes. Rami Inkidar, propriétaire des lieux, raconte : «75 % de notre clientèle est âgée de moins de 25 ans». Même constat chez Virus, cybercafé jouxtant l’AUB où l’âge des clients oscille entre 15 et 25 ans. Des adolescents qui viennent ici surtout pour se détendre avec les jeux vidéo. Ils ont alors la possibilité de jouer entre amis sur le réseau local, seuls contre l’ordinateur ou contre le reste du monde sur Internet. D’autres clients viennent dans ces endroits pour correspondre par e-mail ou pour un chatting (discussion en ligne en temps réel).
«Nous ne sommes pas, pour autant, exclusivement destinés à un public jeune, explique Abi Sibline du centre Virus. On accueille également des adultes, en majorité des étrangers qui utilisent le courrier électronique pour garder le contact avec leur famille».
Généralement, les cybercafés offrent de nombreux autres services que l’accès à Internet : scanner ou imprimer un document, téléphoner ou faxer via le Net, rédiger des CV, rapports et présentations en utilisant les logiciels de bureautique.
Pour augmenter leur rentabilité, les cybercafés proposent également des boissons et commercialisent toute une palette d’accessoires informatiques. C’est un moyen surtout de combler le caractère quelque peu saisonnier de leur activité, puisque la clientèle jeune est surtout présente pendant les congés et les vacances scolaires.
Des prix à la baisse
Chez PC Club, installé à Hamra, l’heure de connexion à Internet est passée de 5 000 LL à 3 000 LL. Mohamed Diab, gérant du centre, explique cette baisse de tarif par «l’intensification de la concurrence». PC Club, l’un des premiers à s’être installé dans ce secteur, a dû s’adapter à la nouvelle donne au fur et à mesure que de nouveaux cybercafés ouvraient.
Pour le New Age Café et GDS (le cybercafé du centre Sodeco), le tarif est plus élevé, puisque l’heure de connexion est facturée 6 000 LL. Ces deux centres se sentent moins menacés : le manque de locaux disponibles et la cherté des loyers limitent l’ouverture de cybercafés dans leur zone. Pour Caroline Khater, responsable du GDS, la menace provient surtout des liaisons par câble disponibles à domicile. «Ces liaisons sont proposées à des prix défiant toute concurrence, environ 30 $ par mois pour une connexion illimitée». Sans frais téléphoniques.
Prospérité virtuelle
L’emplacement du local est décisif pour réussir son projet. Ces cybercafés s’installent généralement près d’un lycée, d’une université, dans un centre commercial ou dans une rue animée.
Pour le matériel, l’achat d’ordinateurs est le principal investissement d’un cybercafé en termes de coût. La majorité opte pour des clones plutôt que des marques, les clones étant moins chers de 25 à 30 %.
Le mobilier et l’aménagement de l’espace doivent être pensés de manière à créer une certaine ambiance à laquelle les cybernautes sont sensibles, surtout en ce qui concerne des espaces privés permettant de naviguer «à l’abri des regards indiscrets».
Quid de la connexion Internet ? C’est l’investissement névralgique d’un cybercafé, puisque c’est de la qualité et de la rapidité de transmission des données que dépendent la fidélisation et le développement de la clientèle. Le choix se porte en général sur les lignes dédiées ou les liaisons par satellite. L’utilisation des lignes téléphoniques classiques n’intervenant qu’en cas de pannes.
Si le développement des cybercafés suit une courbe plutôt ascendante, les promoteurs de ces centres high-tech comptent cependant sur la libéralisation promise du marché des télécoms. Auquel cas, les tarifs pourraient être revus à la baisse et Internet sera encore plus un mode de vie pour toute une génération.