L’ITF, ou l’Indigo Trust Fund, a trouvé donc son support juridique. Mais qu’est-ce qui justifie, financièrement, une telle opération de titrisation ?
L’opération de titrisation, effectuée par BEMO Securitisation, a mis en place le “Special Purpose Vehicle” (SPV) et a émis des titres de créance (“Credit Linked Notes”). Les titres, arrivant à maturité en avril 2005, bénéficient d’un taux d’intérêt annuel garanti de 5,75 % (18,26 % sur 3 ans) et d’un capital garanti. L’actif servant de garantie aux titres est composé d’actions Solidere (A et B) achetées par le fonds au cours du marché, majoré de 1 $ (ou 20 %) à la date de mise en place du SPV.
Selon Iyad Boustany, vice-président de BEMO Securitisation, «nous avons opté pour le cadre financier et juridique qui offre les critères requis pour protéger l’opération de titrisation de tout défaut de paiement». Ainsi, le risque unique que comporte ce montage est lié à la faillite – improbable – de Solidere. Mais «les détenteurs des titres sont privilégiés, comparés aux actionnaires de Solidere, car ils se trouvent, en cas de faillite, créanciers de Solidere et donc prioritaires pour être remboursés».
Le fonds, appelé Indigo Trust Fund (ITF), a acheté les actions Solidere avec une option de vente après 3 ans (soit en avril 2005). Et le détenteur du titre a le choix entre deux possibilités : garder l’ITF et bénéficier des 18,26 % d’intérêts garantis, ou alors s’approprier des actions Solidere et les revendre via la Bourse au cours en vigueur en 2005 (voir schéma).
Mais maintenant que l’opération s’est achevée avec près de 6 millions $ vendus, essentiellement par le bras commercial et coarrangeur FFA (Financial Fund Advisors), que pourrait faire un investisseur intéressé par l’affaire ?
En fait, le marché secondaire pour l’ITF existe, mais la disponibilité n’est pas garantie. «Tout détenteur de fonds est libre de le vendre auprès de la BEMO ou toute autre banque, la FFA restant toutefois l’emplacement privilégié pour ces transactions à cause de sa base de clientèle plus fournie», clarifie Iyad Boustany. Mais comme le ITF n’est pas coté en Bourse, il ne bénéficie pas d’une grande liquidité, d’où le large “spread” existant entre l’achat et la vente. Mais pourquoi avoir choisi une telle formule, en misant sur l’actif d’une entreprise ? La réponse de Iyad Boustany est globale : «Parce qu’en analysant le bilan d’une entreprise publique ou privée au Liban, cette opération s’avère la plus intéressante pour tous les intervenants». En effet, on remarque que le capital est en général de taille modeste, familial et étroitement lié au fondateur-PDG de l’entreprise. Donc, toute opération de fusion pouvant générer des liquidités ou amener un partenaire stratégique est généralement écartée au Liban. Quant à la manipulation de la dette, elle comprend deux volets. En premier lieu, les opérations sur la dette à court terme qui sont effectuées par toutes les banques de la place et ne sont plus aussi rentables. Ensuite, la dette à long terme qui se matérialise par des émissions d’obligations, mais où l’on se heurte à la législation qui interdit d’émettre pour plus de deux fois le capital social. La solution est donc de “travailler” l’actif non liquide de l’entreprise (créances, immobilier, actions). Ainsi, sans toucher à la structure stratégique de l’entreprise, on “swap” l’actif en cash. La titrisation convient à tous les intervenants, excepté aux banques, “si elles ne font pas l’effort de devenir des banques financières au lieu d’être uniquement commerciales”.
Plusieurs opérations de titrisation sont envisagées à l’avenir par BEMO Securitisation, dont celles destinées au marché international, qui seront exécutées en partenariat avec la Deutche Bank.
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