Ce qui semblait être une bonne initiative, économiquement et culturellement, s’est transformée
en cauchemar. Cependant, les promoteurs de Cablevision ne baissent pas les bras. Jusqu’à quand ?
Fondée en mai 1993, avec un capital de 1,125 milliard LL, principalement par Adnan Arakji (commerçant et industriel en matériaux de bâtiment), la société Cablevision SAL est dirigée par Walid Harati. Fournisseur d’accès télé, Cablevision a établi des accords avec la trentaine de chaînes internationales présentes sur son réseau qui lui donnent officiellement le droit de transmettre leurs émissions sur le territoire libanais.
Des abonnés… absents
Actuellement, Cablevision offre une couverture de près de 80 % du territoire libanais. La société a investi dans un matériel lourd en équipements, récepteurs, tours de retransmission, ainsi que des salles de contrôle et d’autres accessoires. Les quartiers généraux se situent à Beit-Méry, tandis que le bureau du service clientèle se trouve à Achrafieh.
Cablevision compte un peu plus de 40 employés, répartis entre les départements administratif et technique. Ses ventes s’effectuent selon le système du porte-à-porte, par le biais de présence lors des foires ou des expositions spécialisées, ou encore à travers des publicités dans les journaux.
Cependant, le nombre des abonnés de Cablevision demeure “négligeable” en comparaison avec le nombre des souscripteurs aux réseaux de distribution illégaux, déplore Benjamin Hajjar, directeur marketing de Cablevision, qui n’a pas voulu citer de chiffres précis.
En effet, si Cablevision offre une installation gratuite à domicile, elle demande à ses souscripteurs un dépôt de 30 $ en contrepartie de l’équipement installé et une souscription allant de 15 à 20 $ par mois selon les chaînes demandées. Les souscriptions peuvent être établies pour 1, 3, 6 ou 12 mois à l’avance. Ces tarifs, “qu’il est impossible de compresser davantage”, ne peuvent être compétitifs avec ceux des distributeurs illégaux qui se contentent de la moitié de ces montants.
Pour M. Hajjar, «ces distributeurs peuvent baisser leurs tarifs à souhait et offrir, en même temps, un plus grand nombre de chaînes, puisqu’ils ne paient pas de royalties et, d’autre part, ne sont pas tenus d’acquérir les standards techniques».
Toute l’activité de la société se trouve donc négativement affectée par la non-application de la loi internationale – et locale – pour la protection des marques déposées et des droits d’auteur.
Cependant, malgré tout, certains préfèrent encore s’abonner à Cablevision. Leur profil type ? Les souscripteurs de Cablevision sont essentiellement des “légalistes” qui refusent donc de traiter avec les illégaux et qui ne souhaitent pas recevoir des programmes non éthiques, indique le directeur marketing. «De même, ce sont des clients qui savent apprécier une bonne qualité audio et vidéo, ainsi qu’un bon service».
Vers le digital
Les responsables de la société ne baissent cependant pas les bras. Tout en luttant pour que le gouvernement finisse par réglementer ce marché, ils cherchent continuellement à présenter des offres spéciales d’abonnement.
Ils sont, en même temps, soutenus par d’importantes sociétés étrangères comme Showtime, ART et Paramount Pictures qui poursuivent en justice les opérateurs de câbles. Mais ce sont des procès qui traînent sciemment en longueur devant les tribunaux libanais.
La croissance de la part de marché de Cablevision dépend étroitement de la mesure de l’implantation de la loi. Mais, d’ores et déjà, la société prévoit des plans de développement et de modernisation. L’idée est de fournir une valeur ajoutée qui fait défaut ailleurs. Dans le futur proche, elle compte convertir sa transmission vers le système numérique et offrir plus de 70 chaînes, en plus des services ajoutés, tels que l’Internet, les banques de données et les chaînes câblées.