Faire carrière dans l’assurance, c’est d’abord suivre un cursus pas toujours commode, se faire embaucher, sortir du lot – et espérer que le secteur connaîtra bientôt ses heures de gloire.

Cinq universités libanaises ont prévu dans leur cursus des études d’assurances : l’USJ, le Centre universitaire de technologie à Tripoli, Notre-Dame University, l’Université Saint-Esprit de Kaslik et l’Université de Balamand (voir tableau). «L’accès à ces universités nécessite un baccalauréat et, en général, des tests de langue et de mathématiques. Les diplômes décernés après environ trois ans d’études varient entre le diplôme universitaire technologique (DUT), la licence en assurances, la licence, la maîtrise et le doctorat d’actuariat ainsi que le diplôme d’enseignement», explique Fady Eid, directeur général du Centre d’orientation et de documentation (COD).

Actuariat :
une spécialisation rare

La formation obtenue constitue-t-elle un bagage suffisant pour faire carrière dans ce secteur ? «Le métier d’assurance n’exige de spécialisation que pour l’actuaire», spécifie Raymond Cham, directeur des opérations à la SNA. Les sociétés d’assurances embauchent des gestionnaires, des ingénieurs, des économistes… et des diplômés dans les assurances. Toutefois, elles ne trouvent pas suffisamment d’actuaires spécialisés (voir les profils en encadré). De plus, «les bons actuaires ne sont pas appréciés pour leur juste valeur comme aux États-Unis», assure Edward Traboulsi, partenaire et directeur (COO) d’Alpina. Et pour Raymond Cham, le niveau des études d’actuariat au Liban gagne à être amélioré. Par ailleurs, Ibrahim Muhanna, directeur général de la fondation Muhanna pour les actuaires, relève le fait que plusieurs diplômés affichent sur leur carte de visite une mention d’actuaire sans en avoir les qualifications. Il est donc nécessaire de mettre en place des standards définissant leurs qualifications et d’émettre une liste qui sera mise à la disposition des sociétés d’assurances. Muhanna propose d’ailleurs des formations courtes et pointues en actuariat à l’AUB.

Apport personnel décisif

Que représente donc le diplôme d’assurance pour son détenteur ? «Lorsque nous recevons un nouveau diplômé, que ce soit un économiste, un actuaire au diplôme libanais ou un licencié en assurance, le traitement est le même», explique Raymond Cham. Car plus tard ce sera la performance pratique qui sera jugée. Quant aux rémunérations, «elles dépendent des capacités de chacun», affirme Edward Traboulsi. Notamment la capacité à générer des primes. Les détenteurs d’un bac+4 débutent avec un salaire variant entre 600 et 700 $, pour être cadrés, 3 mois plus tard, à 750 $. Dix ans plus tard, la marge s’élargit considérablement : entre 1 000 et 4 000 $ dépendant des ambitions et des capacités de chacun. Quant aux actuaires diplômés à l’étranger, ils peuvent démarrer à 1 000 ou 1 200 $ pour atteindre très vite des sommes très satisfaisantes.
Pour le perfectionnement

Indépendamment de son diplôme, l’employé suit plusieurs formations au sein de la société d’assurances, notamment la formation technique interne ou auprès de centres spécialisés et la formation à l’étranger. Peu de sociétés cependant mettent à la disposition de leurs employés une bibliothèque spécialisée, telle que la bibliothèque Jean Chidiac à la SNA. La formation “in-house” donne en tout cas la possibilité aux employés d’être polyvalents et mobiles. La SNA a recours à plusieurs centres de formation disponibles au Liban, notamment les spécialistes en management Starmanship et Minds Master.
Finalement, la formation à l’étranger concerne les centres spécialisés en Europe, le réseau de réassureurs pour la formation technique approfondie comme Swiss-Re et Munich-Re qui organisent des ateliers de travail et des séminaires et les partenaires étrangers de la SNA, le groupe AGF-Allianz. Les employés d’Alpina ont également la chance d’être envoyés pour des sessions de travail chez Alpina Suisse.

En attendant les plans
de pension

Qu’en est-il des personnes se présentant avec des diplômes obtenus à l’étranger ? Sont-ils traités différemment ?
Étant donné que la politique de la SNA est de ne recruter que des fraîchement diplômés, le traitement est similaire pour les diplômés libanais ou venant de l’étranger. Pour Raymond Cham, «la progression de chacun dépendra de ses qualités et de sa capacité à s’auto-instruire».
Chez Alpina, la situation est légèrement différente. «Étant une jeune société, nous avons dû au début embaucher des cadres expérimentés, mais bien adaptés à notre style de travail», explique Edward Traboulsi. Mais passé cette première phase, la direction préfère actuellement les jeunes universitaires qu’elle formera en interne et rémunérera en fonction de leurs capacités individuelles.
Comme toujours, l’avenir du métier d’assureur au Liban dépendra de l’évolution du secteur. Il est cependant évident que le pays a besoin de développer ses programmes de formation, surtout dans le domaine de l’actuariat. Une spécialisation qui sera d’autant plus appréciée que de nouveaux plans pour la pension de retraite sont à l’étude.