Comment se comporte au jour le jour al-Walid ben Talal ? C’est un peu pour la petite histoire,
mais les anecdotes de la vie quotidienne fournissent parfois ces menus ingrédients
qui font la différence.
Une personne proche d’al-Walid nous le décrit en ces termes : «Le prince est princier avec ses employés et collaborateurs, mais il n’hésite pas à sanctionner sans état d’âme quiconque aura agi de façon à perdre sa confiance ou se révèle inefficace au travail. Il est également connu pour sa générosité. Souvent une idée intelligente a été récompensée par un bonus d’une année de salaire. Ses rapports avec ses employés sont bâtis sur une confiance acquise lentement à travers des années de collaboration régulière. Mais il n’empêche qu’il demeure le “patron” et eux les “employés”. Très sélectif, il choisit ses collaborateurs selon leur éducation mais il se base aussi sur leur comportement et leur personnalité, en faisant confiance à ses affinités. Il écoute ses proches, mais n’agit finalement que selon son intuition».
Quant à la catégorie des employées femmes, elles sont traitées sans aucune ségrégation. De plus, «le prince considère qu’elles font un sacrifice en travaillant loin de leur foyer».
Jamais de cadeau en affaires
Michael Jensen, vice-président de Citibank Private Bank et banquier personnel du prince, rencontré en novembre 2000 à New York par la correspondante de L’Orient-Le Jour Sylviane Zehil, met en avant les traits marquants de la personnalité d’al-Walid : «C’est un grand stratège, il prépare son coup bien à l’avance. Dynamique, il ne tient pas en place. Organisé, tout est toujours ordonné et à sa place. Chaque minute est planifiée, même pendant les vacances. Il est chaleureux et affectueux, mais sérieux en affaires. Il donne toujours les mêmes deux conseils à son équipe : ayez confiance mais vérifiez ; travaillez dur mais intelligemment».
Jensen aborde ensuite un autre aspect de sa personnalité : «C’est avant tout un philanthrope légendaire ; dans le désert, je l’ai vu donner 15 000 $ en cash à un de ses concitoyens venu le quémander». Au fait, rien qu’en Arabie, al-Walid a contribué à la construction de 80 mosquées dans le désert. Chaque année, il octroie des subventions à plus de 300 entités charitables du royaume. Il a fait traduire le Coran en albanais, sindi, persan et bosniaque. «Toutes ses activités sont organisées avec une précision presque militaire», dit Jensen.
Mais il fait la distinction entre les affaires et la philanthropie, il ne fait jamais de cadeau en affaires. «Le trait dominant de son caractère, continue Jensen, est avant tout sa foi en Dieu, sa confiance en lui-même, dans sa famille et dans son équipe».
Décideur informé et rapide
«Il carbure à 100 à l’heure et travaille sans relâche, entouré de collaborateurs qui sont toujours sur les dents», précise Amjad Shaker, toujours à Sylviane Zehil. Ce responsable des relations publiques de Kingdom Holding précise que pour le prince l’information a toujours été la clé pour prendre des décisions rapides. En effet, al-Walid reste constamment en contact avec tout ce qui se passe dans le monde : il lit l’essentiel de la presse internationale en annotant les parties importantes, son téléphone portable n’arrête pas de sonner, et même, quand il reçoit des collaborateurs, il les écoute tout en gardant ses yeux rivés sur les écrans de télévision, en suivant de près ses investissements sur les marchés financiers.
«Il prend des décisions majeures en quelques minutes, ses suggestions sont pertinentes et bien placées», telle est la définition de l’homme d’affaires par un de ses collaborateurs au Mövenpick. «Le prince suggère, par exemple, de changer l’emplacement de la marina et de la plage de l’hôtel au cours d’une seule réunion ; ses propositions, directement adoptées, ont été bénéfiques pour tout le projet. Son esprit fonctionne d’une manière systématique, il a une excellente mémoire et suit ses affaires de près. Exigeant, il aime que l’on respecte les échéances et effectue des suivis détaillés de toutes ses affaires. Ses employés ou conseillers doivent être capables de défendre toute proposition ou projet soumis au prince, car il est au courant de tout et bénéficie d’une vision et d’une puissance d’anticipation concernant ses investissements».
Sur un aspect purement personnel, une proche parente du côté el-Solh raconte : «Il est curieux, fin, sait se faire discret quand il le faut, il a un sens de l’humour et il est pince-sans-rire mais surtout très intelligent».
Un palais
et une tente princiers
À Riyad, le palais au cachet typiquement arabe dans lequel réside le prince al-Walid aurait coûté 130 millions $. Selon un recoupement de sources, on en retient les aspects suivants : lorsque le visiteur s’approche de la porte, il doit prononcer les mots magiques «Sésame ouvre-toi» pour pouvoir entrer. La première chose qui attire le regard est une fontaine de 20 mètres de haut au milieu d’une grande cour entourée de dattiers. Ensuite, apparaît le palais ayant l’aspect d’un des multiples hôtels Four Seasons. Le hall d’entrée, dont le plafond est haut de 25 mètres, est entouré de deux escaliers jumeaux guidant vers les étages. Le palais d’une superficie de 40 000 mètres carrés est constitué de 318 chambres, avec autant de télévisions, 400 appareils téléphoniques et 8 ascenseurs. Il est évident qu’il est doté de piscines, de terrains de tennis, d’un terrain de football et d’un club sportif.
Dans le palais, résident al-Walid ben Talal, sa femme, la princesse Khouloud (25 ans), ses enfants de sa première femme, Khaled (24 ans) et Reem (20 ans). Ils sont servis par 180 employés possédant chacun un appareil sans fil.
Pour ses voyages, il fait appel à ses jets privés : un Boeing 737 et un Boeing 767 ainsi qu’un hélicoptère. Sans compter des dizaines de voitures pour les petits déplacements.
Le yacht de 100 mètres que le prince a acheté de Donald Trump était dans le temps en la possession du millionnaire Adnan Khachoukji. Souvent, al-Walid utilise le yacht pour y séjourner pendant les vacances d’été sur la Côte d’Azur.
C’est dans sa tente au désert – ultra-équipée – que le prince passe les week-ends (jeudis et vendredis) en compagnie de ses visiteurs et entouré de ses gardes du corps. Sous sa “tente”, il reste en contact avec les bourses mondiales pour suivre ses affaires, mais profite aussi pour faire de l’équitation sous le ciel du désert.
Quant aux résidences secondaires, le prince n’en a pas besoin, car lors de ses voyages il réside dans l’un des multiples hôtels qu’il possède dans les principales villes du monde. Mais al-Walid voyage peu. À part les vacances en famille, ses déplacements sont de courte durée et uniquement réservés aux affaires importantes.