La Libanaise des Jeux c’est comme la Française des jeux – sauf qu’elle est libanaise.
Elle gère donc les jeux de hasard, pour le compte du ministère des Finances.
Qui, lui, gagne le gros lot chaque semaine.
Rainier Jreissaty, PDG de la Libanaise des Jeux, et Georges Gharib, directeur général, travaillaient depuis 1985 au Loto libanais et au Tic-O-Tac. Forts de cette expérience, ils ont actuellement leur propre société. Et se proposent, avec des moyens très sophistiqués, de maintenir les jeux classiques en les modernisant mais aussi d’innover en proposant des jeux différents sur le marché. Tout genre de jeux, sauf ceux qui ont un lien avec Internet. Et «ceci en parfaite transparence, selon les accords conclus avec le ministère des Finances et les règlements mondiaux établis par la World Lottery Association».
Située au 7e étage d’un immeuble à Tabaris, la vue panoramique dont dispose cette société laisse deviner ses ambitions. Pour les réaliser, ses dirigeants n’ont pas hésité à se doter des techniques informatiques testées par les Français (ÉDITEC) et des techniques suisses d’impression (International Lottery System) pour les jeux de grattage.
Comme point de départ, le Loto s’est donc informatisé. Les machines toutes nouvelles, d’un rouge flamboyant, installées dans les différents points de vente (librairies, minimarchés, stations-service…), sont reliées à un serveur central. Lorsque la mémoire de la valideuse atteint le seuil maximum, le système passe “on-line”. Chacune de ces machines est, alors, en contact avec le serveur central et lui envoie toutes les informations. Le traitement des combinaisons se fait au siège de la Libanaise des Jeux, sous le contrôle de quatre huissiers désignés par le ministère des Finances, et le tirage se fait en direct sur la LBC.
Deuxième produit : un nouveau jeu instantané à gratter, Malayeen, version du Millionnaire français, permet de gagner la somme imprimée sur le ticket ou de participer à un tirage diffusé à la télévision. Le montant du lot peut varier de 5 millions à 150 millions LL.
Quant au Match-Scratch, c’est le premier jeu de loterie instantané. Il donne aux joueurs l’occasion de remporter des prix totalisant 1,6 milliard LL, soit presque 1 million $. Sa particularité : il offre une seconde chance de gagner une voiture de sport.
Autre nouveauté prochainement sur le marché, si vous disposez encore de la monnaie : le “loto sportif” dont les paris seront lancés à partir de téléphones fixes ou mobiles, pendant les matchs locaux de basket, de foot ou encore les courses de Formule 1. Ce nouveau jeu devrait être fonctionnel d’ici à quelques semaines.
Encore plus de riches
Au cours des trois derniers mois, il y a eu trois gagnants de gros lots : un premier de 1 200 000 $, et les deux autres de 350 000 $ chacun.
Si le Loto connaît un succès croissant, c’est, selon M. Jreissati, en partie grâce au nouveau système de validation on-line qui permet au joueur de participer jusqu’aux dernières heures avant le tirage. De plus, celui-ci se fait sur une chaîne télévisée à large audience, ce qui représente un avantage supplémentaire. Actuellement, quelque 400 000 grilles de loto sont validées par semaine. Soit le double des ventes hebdomadaires, avant que la Libanaise des Jeux ne lance la nouvelle formule.
Quand le ministère avait lancé il y a quelques mois un appel d’offres, la Libanaise des Jeux a remporté l’adjudication face à plusieurs sociétés étrangères (grecque, américaine, italienne…). Depuis sa prise en charge des jeux de hasard, elle a investi 3 millions $, et elle n’est pas près de s’arrêter. D’après son PDG, 40 % du chiffre d’affaires sont remis au Trésor, 45 % répartis entre les gagnants ; quant aux 15 %, ils servent à couvrir les divers frais et générer à terme des bénéfices. À part l’offre technique présentée par la Libanaise des Jeux, c’est cette répartition, favorable au Trésor public, qui a retenu l’attention du ministre Siniora. Évident.
Les dirigeants s’attendent à une amélioration continue du chiffre d’affaires. Mais, le marché local étant quand même limité, ils n’hésiteront pas, après avoir conforté les assises de la société sur le marché libanais, à scruter les opportunités des marchés arabes. Naturellement.