Les Libanais ne sont peut-être pas les seuls à s’expatrier, pour toujours ou provisoirement.
Mais ils deviennent tellement nombreux à être entre deux avions – ou deux pays –,
qu’une schizophrénie culturelle collective peut surgir à tout moment. Diagnostic.

Les gens ne réagissent pas tous de la même manière quand ils sont confrontés à des différences culturelles. Surtout si ces différences se manifestent dans le cadre de la vie professionnelle. Là où c’est déjà assez compliqué.
Dans ce cadre-là, les personnes qui y évoluent sont acculées à trouver un terrain d’entente. Pour cela, les sensibiliser à la dimension interculturelle du management est crucial pour faciliter l’apprentissage et la possibilité de trouver des solutions innovatrices dans ce domaine.
Il existe une diversité de regards sur les différences culturelles, qui se traduisent en 4 attitudes : le déni de la différence, la hiérarchie des cultures, la perspective universaliste et le relativisme culturel.

Points de départ

Il serait intéressant de réfléchir sur ces notions et d’essayer de se retrouver parmi les quatre attitudes possibles :
• Le déni de la différence consiste à ne pas reconnaître l’existence de différence culturelle. Donc, une gestion qui prendrait en considération ce volet serait une pure perte de temps. Les défenseurs de cette théorie mettent l’accent sur les caractéristiques communes entre les êtres, loin d’un “déterminisme culturaliste”. Par ailleurs, il s’agit de mettre en évidence la liberté de chaque individu d’agir selon sa propre raison et non selon une supposée culture nationale, trop générale et trop floue.
• La hiérarchie des cultures se situe à un tout autre niveau, puisqu’elle met l’accent sur les écarts dans les avancées économiques et technologiques des pays – donc des cultures. L’idée est qu’il faut imposer aux cultures “primitives” les pratiques qui ont réussi dans les sociétés civilisées pour essayer de combler le mieux possible le retard de ces cultures. Nous sommes là dans une optique de standardisation des systèmes de management, où c’est le modèle unique et “optimal” qui est en vigueur.
• La perspective universaliste, par rapport aux deux autres attitudes, est plus utopique, puisque les défenseurs de cette théorie donnent l’impression de vivre dans “le meilleur des mondes”. Ici, l’accent est mis sur la nature humaine commune, où la similitude entre êtres humains est la règle, et la différence est l’exception. L’influence des traditions nationales en matière de gestion n’est pas décelable, car les bonnes pratiques managériales transcendent le particularisme culturel de chacun. Pour éviter le dérapage, il convient d’approfondir alors la culture propre à l’entreprise, qui devient ainsi la seule référence des cadres.
• Le relativisme culturel est l’antidote de la mondialisation. Pour éviter que le monde ne devienne homogène dans le sens péjoratif du terme, il convient de mettre en valeur les différences culturelles et de rendre les modèles de management, relatifs à chaque culture. L’idée est de ne plus hiérarchiser les cultures, mais de comprendre que la diversité résulte de développements parallèles – enrichissants en fin de compte. Avec l’internationalisation des entreprises, il ne s’agit plus de prendre en compte la diversité des salariés qui y travaillent, mais celle également des clients et des partenaires qui y sont attachés.

Peut-on avoir une seule
et unique attitude ?

Des cadres libanais, lors de leur déplacement hors du pays, ont effectivement expérimenté les avantages et les inconvénients de chacune de ces attitudes. D’autres ont semblé très surpris que l’on puisse parler en ces termes, car pour eux il faut à tout prix s’intégrer, différence culturelle ou pas, le but étant d’avoir un bon job, sans plus.
L’intérêt n’est pas de trancher et de devenir un inconditionnel d’une unique approche. Il s’agit de réfléchir sur une question de management qui continue à être soulevée et le sera d’ailleurs aussi longtemps qu’il y aura des personnes intéressées par le caractère humain de la gestion.
En fait, là réside le challenge : rendre l’entreprise plus humaniste dans son approche managériale, de sorte que les principaux protagonistes de cette entreprise prennent conscience de l’importance d’un tel raisonnement. Et ce n’est pas juste une idée académique. On est là au cœur du business et de ses ressources humaines.