Groupe Olivetti ? Mais oui, tout le monde connaît. MDS ? À la rigueur, quelques branchés.
Mais ITG, ATG ? C’est quoi ces acronymes bizarres ? Et pourquoi pas Holcom puisqu’on y est ! Histoire d’une multinationale en forme de poupée russe.
Une holding, détenue en majorité par des actionnaires libanais, qui est devenue une multinationale comptant près de 60 sociétés réparties dans plus de 40 pays et employant quelque 1 500 personnes. C’est qui ? Une question avec comme premier lot un dactylo Olivetti. Ce n’est pas son président et fondateur Ralph Audi qui nous racontera l’histoire. Pas plus que son partenaire direct Antoine Fadel. Tous les deux semblent fuir le culte de la personnalité.
Néanmoins, tout a commencé en 1967 par une petite société, Interbureau, qui vendait justement des dactylographes, des télex et autres machines de bureau, de l’époque, de marque Olivetti. Dix ans plus tard, Ralph Audi flaire l’avènement de l’ère informatique. Il obtient, dans un premier temps, l’exclusivité de Data General pour le marché libanais et crée, en 1978, Mideast Data Systems Liban (MDS) pour commercialiser les ordinateurs de cette marque américaine haut de gamme. Mais pour croître, il fallait l’expansion du groupe vers les pays du Golfe, à travers cette marque – qui se fait naturellement vu la situation qui prévalait alors dans le pays. Des sociétés MDS poussent comme des champignons à Abou Dhabi, en Arabie saoudite, à Qatar, à Oman, à Bahreïn et en Jordanie.
Très vite, des myriades de sociétés viennent s’ajouter à la constellation. Restructurer le groupe devient alors une nécessité. En 1992, «nous avons regroupé les sociétés éparses sous deux holdings : ATG pour les activités libanaises du groupe et MDS Holdings pour les activités étrangères», explique Claude Bahsali, vice-président d’ITG Holding, sous-holding d’ATG. Ce besoin de restructuration est récurrent, presque biologique, car le groupe ne cesse de croître. Récemment, en 2001, ce fut à nouveau le tour de la branche libanaise. ITG est constituée pour chapeauter les dix sociétés informatiques du groupe et créer une structure intermédiaire avec la holding ATG. «Aujourd’hui, nous formons une des plus grandes sociétés régionales en informatique au niveau de la couverture», ajoute Claude Bahsali.
MDS Holdings, qui gère les sociétés sœurs à l’étranger, est immatriculée dans les îles Vierges (britanniques). Elle regroupe des compagnies indépendantes les unes des autres et dirigées par des partenaires locaux. Les sociétés sont spécialisées dans la vente et les services pour des équipements de bureau, dans les technologies de l’information et des télécommunications et dans les divers logiciels. Toute la gamme de la haute technologie.
Quant à ATG Holding, présidée par Antoine Fadel, elle est de nationalité libanaise, tout comme les sociétés qui y sont rattachées. «Cela ne limite pas pour autant les activités d’ATG au seul marché local, relève M. Bahsali qui prend un malin plaisir à tester notre perspicacité ; nous proposons également des services à des clients basés à l’étranger». ATG regroupe en fait les deux pôles de compétence du groupe libanais que sont l’informatique (ITG) et les autres nouvelles technologies (Global com), ainsi que des activités qui n’y sont pas liées comme Sel & Poivre et Intermeuble.
Les indépendantistes
La sous-holding ITG compte 194 salariés sur les 300 répertoriés au Liban, au dernier comptage. Son chiffre d’affaires consolidé est estimé à 50 millions $ pour 2002, soit une hausse de 10 % par rapport à 2001 (voir graphe). ITG regroupe aujourd’hui 10 sociétés du secteur de l’informatique au titre desquelles figurent Mideast Data Systems, 460 The Multimedia Store ou encore Image Systems (voir tableau). Mais comment on en est arrivé là ?
Le groupe s’est développé en fait soit par acquisitions, soit par voie de “scission interne” des départements. Il arrive que la sous-holding ITG rachète des sociétés qu’elle considère comme “intéressantes”. Cela a été le cas pour Information Management Solutions, spécialisée dans le développement de logiciels de tourisme. Mais ce type de croissance reste exceptionnel. Car «ITG s’est essentiellement développée par scissions d’activités. Chaque fois qu’un département atteignait une masse critique, on le séparait en créant une nouvelle société», explique M. Bahsali. Sortes d’indépendantistes complémentaires. Il estime que les dix sociétés ne se font pas de concurrence, chacune ayant un marché ciblé ainsi que des solutions propres à proposer aux clients.
Originalité du groupe : l’actionnariat n’est pas basé sur le modèle familial, à la différence de la majorité des entreprises libanaises. «Nous avons opté pour un système de partenariat qui motive les salariés, dans la mesure où les meilleurs seront un jour actionnaires», souligne M. Bahsali. Souvent, le directeur de chaque société est actionnaire et il a été choisi généralement parmi les anciens responsables du département scindé. Cependant, ITG se réserve la majorité des parts sociales de chaque filiale. À titre d’exemple, ITG détient 90 % de PC Deal Net et 100 % d’Allied Computer Services. Ce même schéma s’applique également à ITG qui est, elle aussi, détenue en majorité par ATG – laquelle est liée à Holcom (voir organigramme). Cependant, chaque société a son conseil d’administration, ses partenaires et sa propre structure. Et, au niveau du financement, un des principes du groupe consiste à réinvestir une grande partie des bénéfices dans la société.
Ces éléments feraient ainsi partie des clés du bonheur de cette entreprise qui n’en finit pas d’inventer des solutions à de nouveaux besoins… et de grandir. Entre-temps, pour l’anecdote, Olivetti ne figure plus dans la gamme proposée par le groupe. Mais le nom, lui, a la vie dure.