“Outsourcing”, c’est maintenant le terme – un peu prétentieux – de l’industrie des logiciels, qu’on peut appeler simplement sous-traitance. L’ALSI, un rassemblement de producteurs libanais de logiciels, y voit un marché de première importance. Son président, Farès Kobeissi, explique comment.
Un an après sa création, quelles premières conclusions tirez-vous des activités d’ALSI ?
Un chemin extraordinaire a été parcouru. Au début, les entrepreneurs étaient sceptiques et plutôt méfiants les uns envers les autres. Aujourd’hui, le climat de confiance est consolidé. Croire qu’au Liban, il puisse y avoir une relation de maturité entre compétiteurs, c’était assez singulier. Et pourtant, pour les petites entreprises, de 10 à 30 employés, il est indispensable de travailler ensemble sous un seul nom.
Votre participation au salon spécialisé “Outsource World”, en juin dernier à Londres, reflète-t-elle une volonté de positionner le Liban en tant que pays sous-traitant ?
Oui, nous cherchons effectivement des partenaires pour la sous-traitance. Trois entreprises de notre association ont été envoyées et nous allons d’ailleurs participer à la prochaine exposition qui se tiendra à New York en septembre. Nous nous sommes donc présentés en tant que groupe avec une brochure décrivant les trois sociétés, notre association et l’intérêt du développement au Liban.
Quelles ont été les premières réactions ?
Les visiteurs ont été d’abord très surpris de voir qu’il existait déjà une industrie libanaise de logiciels : ce qui prouve notre retard en matière de promotion et de communication. Des contacts sérieux ont été pris avec des entreprises anglaises et françaises. Ce qui pourrait déboucher sur de vrais contrats. Pourtant, la concurrence avec les autres pays sous-traitants va être difficile… L’industrie indienne du logiciel se porte en effet très bien. De son côté, la France travaille de plus en plus avec la Roumanie et la République tchèque.
Mais nous possédons également des atouts. Premièrement, certaines sociétés comme Istisharat ou SAB Méditerranée marchent bien et sont reconnues à l’étranger, en Europe et aux États- Unis, et déjà les producteurs libanais de logiciels sont actifs sur le marché du Golfe.
Deuxièmement, notre proximité culturelle et géographique : nous sommes trilingues et nous avons les mêmes heures de travail que l’Europe, ce qui constitue aussi un avantage. Notre potentiel est réel : le Liban possède des infrastructures de qualité et des compétences universitaires de niveau international. Le programme ISO est là pour appuyer cette stratégie…
En effet, certaines de vos entreprises profitent actuellement d’un programme de certification. Quels en sont les détails ?
Le centre euro-libanais pour la modernisation industrielle (ELCIM) a lancé un programme de certification ISO pour les producteurs de logiciels. À l’origine,
l’Union européenne a créé ELCIM pour financer des secteurs industriels comme l’agroalimentaire, entre autres. Mais nous pensons que le secteur des logiciels est une industrie comme les autres. C’est pourquoi, six de nos sociétés (Anzima CS, Astrolabe IT, CDC-Technologies, Information Management, Netkis et SAB Méditerranée) vont bénéficier de son soutien technique et financier.
À quelle hauteur finance-t-il ces projets ?
À 80 % du coût total, qui s’élève à 120 000 $. Les 20 % restants sont à la charge des entreprises. Mais c’est l’apprentissage d’une méthode de travail pour atteindre le niveau de certification qui est le plus important. Le “label” ISO est simplement une cerise sur le gâteau. Le processus est financé, mais la certification ne l’est pas. Libre à chaque entreprise de la demander en fin de formation.
Sur quels types de logiciels seriez-vous compétitifs ?
La stratégie est en cours d’élaboration, mais nous devrons certainement nous concentrer dans le domaine des affaires, des logiciels bureautiques comme les produits bancaires, les services financiers, l’assurance, etc.
Bénéficiez-vous de soutien de la part du gouvernement libanais ?
Nous ne misons pas sur le soutien des pouvoirs publics. Par contre, nous souhaitons par exemple que le financement européen consacré à la modernisation de l’Administration libanaise profite également aux développeurs locaux de logiciels, en d’autres termes, qu’on nous passe des commandes. Le gouvernement est un client essentiel et nous aimerions qu’il soit plus ouvert aux produits libanais au lieu de se tourner systématiquement vers les États-Unis ou d’autres grands producteurs internationaux. C’est donc le financement indirect que nous espérons.