Quoiqu’on dise – on fasse – ce sont en réalité les entreprises privées qui font la différence, et les affaires. Certaines, libanaises et suisses, n’ont jamais arrêté. D’autres tâtent le terrain. Petit panorama.
échanges a atteint 3 155 millions de francs
(2 300 millions $), ce qui correspond à environ
50 % du solde des échanges de la Suisse
avec le monde.
Par rapport à la taille du Liban,
les relations commerciales
entre les deux pays sont satisfaisantes.
Le Liban est le septième
marché suisse au Proche-
Orient et, selon les statistiques
libanaises, la Suisse est le cinquième
partenaire commercial
du pays et le premier client. Ces
dernières années, nos importations
annuelles de la Suisse sont
situées entre 170 et 190 millions
de francs (autour de 135
millions $) et nos exportations
se sont trouvées dans le même
ordre de grandeur. Mais ?
Si la Suisse est devenue l’une des
places économiques les plus performantes
d’Europe, c’est parce qu’il y
a des raisons valables à cela. Par exemple,
la stabilité politique et économique, inaltérable,
et très avantageuse pour établir une
entreprise, avec vue sur l’Europe. Un premier
avantage auquel il faut ajouter une
productivité élevée, une excellente qualité
de services, une administration favorable
aux investisseurs, une stabilité monétaire,
un marché des capitaux hors pair. «Le marché
suisse abrite de nombreuses entreprises
nationales performantes et des multinationales
de renommée qui ont choisi de
s’y implanter pour mener leurs activités de
recherche et développement et de production.
Ces multinationales ont réalisé que le
pays offrait la situation idéale pour couvrir
différents marchés», souligne l’ambassadeur
suisse au Liban, Thomas Litscher.
DES ÉCHANGES HONNÊTES
Les échanges commerciaux entre la Suisse et
les pays du Moyen-Orient ont évolué positivement
ces dernières années, même s’ils restent
modestes (2,8 % de l’ensemble des
exportations suisses). Mais le solde des
Échanges commerciaux en 2002
(en millions $)
Avec Importations Exportations Solde
suisses suisses (en faveur
de la Suisse)
Monde 99 513 104 350 +4 837
Moyen-Orient 534 2 946 +2 412
Liban 115 160 +44
Source : Administration fédérale des douanes.
Top 4 des exportations
libanaises vers la Suisse (en 2002)
1 Métaux précieux, bijoux 91,9%
2 Montres 5,8%
3 Jouets, articles de sport 1,0%
4 Produits agricoles 0,8%
Et top 4 de nos importations
1 Produits pharmaceutiques 35,8%
2 Métaux précieux, bijoux 17,9%
3 Machines 13,9%
4 Montres 11,2%
Source : Administration fédérale (Suisse) des douanes.
Pour Roger Khalifé, DG de Crown House, «le rôle des produits suisses se joue
principalement au niveau de l’image de marque, car les prix de la marchandise
suisse restent inaccessibles pour le marché libanais de nos jours». composées, à près de 90 %, de pierres
précieuses et de bijoux. Cependant, on
note une différence significative dans certains
chiffres du commerce extérieur, entre
les sources suisses et libanaises. Cela tient
au fait que la Suisse utilise une méthode de
calcul européenne qui stipule un taux minimal
de valeur ajoutée sur la matière première
ou le produit semi-fini, pour que le
produit fini soit considéré d’origine libanaise
(ou de pays X).
INDUSTRIES DE PRÉCISION
Malgré le coût élevé de la main-d’oeuvre
et des frais généraux en Suisse, ses
entreprises sont très compétitives au
niveau international. Dans certains secteurs,
plus de 90 % des biens et services
sont exportés. Les plus célèbres sont bien
sûr les montres, le chocolat et le fromage.
Néanmoins, la mécanique, l’électrotechnique
et la chimie représentent, à elles
seules, plus de la moitié des revenus
suisses d’exportation. Le mobilier de haut
de gamme est également bien apprécié de
par le monde. Depuis 1982, Crown House
est spécialisé dans la vente de meubles
de bureaux, indique Roger Khalifé, directeur
général. Le gros du chiffre d’affaires
est réalisé avec des produits italiens ou
allemands, mais «le rôle des produits
suisses se joue principalement au niveau
de l’image de marque, car les prix de la
marchandise suisse restent inaccessibles
pour le marché libanais de nos jours».
La Suisse est également connue pour son
secteur de l’assurance. Avec près de 188
compagnies d’assurances et de réassurances,
la Suisse vient en tête au plan
mondial, et ses activités sont partout.
Alpina Assurances est implantée au
Sites importants en Suisse
• www.sippo.ch
• www.sofi.ch
• www.seco.admin.ch
• www.osec.ch : recherche ciblée des
foires commerciales en Suisse et des
entreprises suisses engagées dans le commerce
international.
• www.standortschweiz.ch : informations
nécessaires pour des entrepreneurs qui
souhaitent s’implanter en Suisse.
• www.economiesuisse.ch : Fédération
des entreprises suisses.
• www.casci.ch : Chambre de commerce
arabo-suisse.
• www.swissdir.ch : recherche individuelle
des entreprises suisses.
• www.zoll.admin.ch : administration
fédérale des douanes.
Liban depuis les années 50, avec cependant
une interruption entre 1988 et 1994.
Pour le directeur général, Édouard
Traboulsi, «Alpina Liban a pour objectif de
devenir un centre (hub) pour le Moyen-
Orient. Au niveau libanais, ce partenariat
apporte un savoir-faire, tout en permettant
à la Suisse d’avoir accès aux marchés
régionaux».
Toujours dans le monde des services,
l’hôtellerie a une place à part, avec l’école
de Lausanne, mais aussi celle de
Genève et les autres instituts. Une proposition
voulait qu’une école hôtelière suisse
soit implantée ici, vu le nombre de
Libanais – étudiants – tentés par le système
suisse. Mais un tel projet demande
encore un peu plus d’études.
Autre secteur performant : la Suisse figure
parmi les plus grands producteurs de
produits pharmaceutiques, avec ses principales
entreprises, Novartis et Hoffmann-
La Roche. Cette dernière figure parmi les
premières sociétés suisses à s’être
implantées au Liban.
Et bien sûr, le secteur fétiche des célèbres
montres : chaque année, on en produit
environ 28 millions de montres, dont la
moitié en valeur sont des modèles “mécaniques”.
Ceux à quartz dominent cependant
par le nombre, avec plus de 90 %. En
2002, le prix moyen d’une montre exportée
par la Suisse était de 270 $. Mais la
Suisse est également connue pour la
montre la plus vendue au monde, la
Swatch. Plus de 30 marques sont en tout
cas exportées vers le Liban (voir liste plus
loin). «Une montre de luxe contient plus de
300 pièces. Mais la matière ne coûte
qu’une très petite partie du produit fini.
C’est le travail de précision
qui crée la valeur. On compte
jusqu’à 150 heures de
travail pour une montre de
renom, et des horlogers
célèbres travaillent jusqu’à
2 000 heures sur leurs
chefs-d’oeuvre», selon un
grand horloger sur la place
de Beyrouth.
LOURDE IMPLANTATION
Changement de registre,
vers l’industrie lourde :
fondée en 1929 sous le
nom de la Société des
Ciments Libanais (SCL),
l’usine de Chekka rejoint,
en 1934, le groupe suisse appelé jusqu’à
tout récemment Holderbank. En 2001, le
groupe a changé de nom pour devenir
Holcim. Il en va de même pour sa filiale
locale, Holcim (Liban) SAL, pour confirmer
son appartenance au groupe, leader
mondial dans l’industrie du ciment et du
béton prêt à l’emploi. Le site libanais de
Chekka comporte un four d’une capacité
de 5 800 tonnes par jour, construit en
1997. L’activité “béton prêt à l’emploi” se
développe sur trois sites de production :
Chekka, Nahr el-Mott et Kfarchima.
Comme l’affirme le DG Dominique Drouet,
«le groupe Holcim est implanté actuellement
dans plus de 70 pays. Mais le Liban
a été historiquement l’une des premières
étapes du développement international du
groupe. C’était d’ailleurs – c’est toujours
– une façon de concevoir son extension
régionale. Le récent développement de
Holcim-Liban à Chypre, par l’achat d’un
centre de broyage, souligne l’importance
du rôle que peut jouer Holcim Liban dans
la région, à la fois bénéfique pour notre
groupe et pour le pays».
Mais comment se manifeste cette appartenance
au groupe suisse ? «En réalité, à
tous les niveaux, indique Dominique
Drouet. La rigueur dans la gestion interne
de l’entreprise, le standard de qualité et
surtout dans le respect de l’environnement.
Par son appartenance au World
Business Council for Sustainable
Development, le groupe Holcim s’est
engagé dans une démarche environnementale
volontaire pour réduire l’impact
de l’industrie sur l’environnement. Cet
engagement se manifeste au niveau de
Holcim Liban par des objectifs précis,
comme l’obtention d’une certification ISO
14001 en 2004 pour le management de
l’environnement, en complément de la
certification ISO 9001 pour le management
de la qualité déjà obtenue en 2003».
PETITE FENÊTRE BANCAIRE
Les banques et les instituts financiers
suisses ne sont plus à présenter. Le secteur
représente près de 20 % du PIB, et
les banques suisses gèrent par exemple
un tiers de toutes les fortunes privées
investies hors de leurs pays d’origine. Le
Liban a quelque peu su profiter de ce
savoir en implantant sur le sol suisse des
filiales bancaires (telles que la BLOM et
Audi Bank). Par contre, la présence bancaire
suisse au Liban a passé par
diverses formes. Un premier Crédit
Suisse Liban a été implanté à la fin des
années 60 à Dora. Mais, en raison de la
situation interne, la banque s’est retirée
en 1989. Absent pendant 10 ans, la
banque revient en 1999, avec une présence
plus modeste : juste un bureau de
représentation. Pourtant, comme le souligne
Christophe Brugger, senior representative
: «Le Crédit Suisse est ce qu’on
appelle une banque universelle, qui
couvre toutes les activités bancaires». Le
groupe est divisé en fait en deux entités
principales, Credit Suisse Financial
Services (CSFS) et Credit Suisse First
Boston (CSFB). Le premier dessert les
clients particuliers, le Private Banking,
les entreprises. CSFB, quant à lui, s’occupe
de Global Investment Banking. Le
CSFB est notamment actif auprès des
autorités libanaises dans le cadre du
marché des capitaux et des émissions
obligataires étatiques.
«Pour l’instant, notre présence est
modeste, elle doit être comprise comme
un éventuel premier pas, après 10 ans
d’absence. Mais il n’est pas encore
question de devenir un établissement
financier à part entière. Concernant les
autres pays arabes, nous avons un
bureau de représentation en Égypte, et
un autre à Dubaï qui devrait être transformé
en établissement de gestion assez
rapidement», conclut M. Brugger.
En fait, sa conclusion est un indicateur
que les Helvètes sont en état d’observation,
de petites interventions. Que
d’éventuels candidats libanais au partenariat
peuvent transformer en une vraie
implication.
Holcim est implanté actuellement dans plus de 70 pays. Mais le Liban a été
historiquement l’une des premières étapes du développement international
du groupe.
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