Il y a bien, en guise de grands investisseurs, des Robert Mouawad, Wahbé Tamari, Ahmad Chaker et, pour la génération précédente, Nicolas Hayek. Mais il y a aussi les autres. Ils sont libraires, hôteliers ou commerçants. Ces professionnels libanais établis à Genève entretiennent un réseau invisible de communications entre les deux pays. Portraits.
De temps à autre, nous organisons également
des concerts, comme celui de Marcel
Khalifé à la fin du mois d’octobre. Au début,
la création de la librairie a permis à un certain
nombre de bibliothèques, d’instituts, de
se fournir en ouvrages en langue arabe. La
vidéo a créé ensuite au sein de la librairie un
espace convivial, où toutes les familles
venaient se ravitailler. Les chaînes satellite
ont certes mis fin à la vidéo, mais ont provoqué
par contre le développement du marché
de la musique et aussi de la littérature. Une
librairie arabe à Genève comporte un avantage
certain : elle échappe à la censure, et cela
permet une vision globale de l’édition dans le
monde arabe. À part l’édition libanaise, qui
ne s’en sort pas trop mal, il y a très peu de
circulation de livres dans le monde arabe. La
communauté libanaise à Genève lit très peu,
la transmission de la culture se fait davantage
oralement. La presse, par contre, joue un
rôle très important, principalement par
Internet, mais je reçois également une
commande hebdomadaire de la presse et un
envoi régulier de livres du Liban. De même,
les manuels scolaires libanais pour tous les
cycles scolaires sont disponibles, mais simplement
parce que ce sont les mieux faits».
«Je suis venu à Genève il y a 28 ans, et
j’ai été alors le seul Libanais à avoir obte-
«J’ai repris l’hôtel Moderne, il y a un an et
demi, après avoir terminé l’École hôtelière
de Genève. Ma famille est arrivée du Liban
quand j’avais cinq ans, en 1984. Mon père
avait fait ses études de pharmacie à
Lausanne et a pu y développer une bonne
activité professionnelle. Cela fait une dizaine
d’années que j’ai la nationalité suisse et,
aujourd’hui, ma vie est ici, à Genève,
même si je n’oublie pas mon pays –
d’ailleurs le drapeau libanais est hissé
devant l’hôtel. L’avantage d’être libanais
dans mon métier, c’est le sens de l’accueil,
du service, la chaleur et la disponibilité de
l’Orient. En été, avec la clientèle du Golfe,
la langue est également un atout».
«J’avais 6 ans à mon arrivée en Suisse
depuis le Soudan, où ma famille avait émigré
à la fin du XIXe siècle. J’ai voulu créer un
espace qui permette l’épanouissement d’une
culture retrouvée, mais intégré au système
de vie et d’économie suisses. Et ça dure
depuis 25 ans ! En dehors des livres, j’ai également
un grand choix de musique, et une
petite galerie, où se déroulent régulièrement
des expositions, des lectures de textes ou
des conférences.
nu un permis de travail, en tant que restaurateur
de tapis. Je suis la quatrième
génération de marchand de tapis de la
famille ; c’est donc une passion familiale.
Je fais partie de toutes les associations
libanaises et je les soutiens dans toutes
leurs activités. Mais si vous me demandez
à propos de mon identité, je me sens
surtout arménien, même si ma mère est
libanaise maronite. Je suis parfaitement
intégré en Suisse, où j’ai adhéré à un
parti politique, et je viens d’envoyer mon
fils faire son service militaire».
Marwan Matta
Hôtel Moderne
Hagop Avakian
Tapis d’Orient SA
Alain Bitar
Librairie arabe L’Olivier
«Je suis en Suisse depuis 1984, et j’ai
ouvert mon commerce de vin en 1992. Je
suis importateur général, et exclusif, de
Château Kefraya pour la Suisse entière. Je
commercialise aussi d’autres crus libanais,
ainsi que de l’alimentation. Mes
clients sont principalement des restaurants
et des marchands de vin dans tout le
pays, mais je livre également à des privés.
En 1995, j’ai ouvert le restaurant Les
Cèdres (à Zurich). Nous veillons avant tout
à la qualité de ce que nous proposons à
notre clientèle, composée à 99 % de
Suisses. Trois fois par an, j’emmène mon
équipe à Beyrouth pour comparer notre
offre à celle sur le terrain. Je suis fier
d’avoir contribué à améliorer l’image du
Liban en Suisse. Ma femme est suissesse,
et je détiens maintenant les deux nationalités,
mais mon passeport libanais n’a
jamais constitué un handicap pour mon
travail. Et si en Suisse je défends le Liban,
au Liban je défends la Suisse».
«Ma mère est suisse, et le plus grand cadeau
qu’elle m’ait fait c’est le passeport helvétique.
J’ai grandi au Liban, mais à 18 ans je
suis venu faire ici mon service militaire. Cela
«J’ai ouvert Le Diwane en 1991, après
avoir travaillé dans la région alémanique
pendant plus de 25 ans. J’ai ciblé en
premier lieu la clientèle locale, car les
Libanais implantés ici se font de la cuisine
libanaise à la maison. J’ai commencé
avec le restaurant, puis j’ai poussé un
peu plus loin avec la vente à emporter, et
maintenant les banquets. Comme
concurrents directs, il n’y a que les
grands hôtels Richemont et Président. Ce
sont les seuls à proposer de la vraie cuisine
libanaise en dehors de nous. Sinon,
la majorité des restaurants et fast-foods
qui ont ouvert ces dernières années –
puisque la cuisine libanaise est à la
mode à Genève depuis 3 ou 4 ans – ne
sont pas tenus par des Libanais. En
1991, quand j’ai démarré mon activité, il
n’y avait qu’un seul autre restaurant libanais
dans la région de Genève, situé aux
Eaux-Vives».
Wahbé Tamari, cofondateur et membre
de LIBAN-chapitre Suisse, est émigré en
Suisse depuis 1977. Il détient le groupe
Sucafina, un des leaders mondiaux de
l’exportation et l’implantation de graines
de café. Les deux autres cofondateurs
du chapitre Suisse sont : Me Antoine
Khaïrallah, avocat international de grande
renommée, établi à Genève, et
Ahmad Chaker, qui préside le groupe
Libanica, actif dans les technologies et
les télécommunications, au Liban et
dans plusieurs autres pays. Il détient
également une bonne partie du marché
du jus frais à Genève.
Dans le cadre de son expansion internationale,
L.I.B.A.N. (Lebanese International
Businessmen Associations’ Network) a créé
son chapitre Suisse et a confié à l’homme
d’affaires Wahbé Tamari la mission de coordinateur
pour sa mise en place et sa direction.
Association locale et internationale de jeunes
hommes d’affaires libanais, LIBAN se dote,
avec son chapitre Suisse, d’une nouvelle
plate-forme qui vient s’ajouter aux chapitres
déjà créés dans les pays de l’émigration libanaise.
Les objectifs étant :
- Attirer les investissements vers le Liban et
vers les pays de l’émigration libanaise.
- Développer des relations d’affaires entre
l’élite de la communauté libanaise des
affaires au Liban et à l’étranger et entre
ceux-ci et les milieux d’affaires locaux des
pays de l’émigration.
À cet effet, LIBAN, représentée par son président
Me Robert Jreissati, a été parrainée par
Marwan Hamadé, ministre de l’Économie et
du Commerce, et David Syz, secrétaire d’État
suisse à l’Économie pour sa nouvelle implantation
helvétique, lancée le 14 octobre dernier.
LIBAN entend «contribuer avec les autorités
libanaises et suisses aux diverses actions
menées pour consolider les liens bilatéraux et
apporter toute assistance possible pour
appuyer leurs démarches», selon M. Jreissati.
Chapitre Suisse pour LIBAN
Cedric Noujaim
Inexco Voyages
Mounir Mirza
Restaurant Le Diwane
Maurice Houraïbi
Commerçant en vin et restaurateur
C
C
fait 15 ans que je travaille dans le tourisme,
d’abord en Égypte, puis à Paris, et c’est là où
une entreprise suisse, Kuoni, m’a débauché.
Je me suis donc installé à Genève, où j’ai peu
à peu commencé à travailler avec le marché
russe, que je connaissais déjà à travers mon
activité à Paris. Aujourd’hui, je dirige ma
propre entreprise, Inexco, et travaille exclusivement
avec la Russie. Nous avons 150
employés entre Moscou, Saint-Pétersbourg,
Kiev, Paris et Genève»