Une divergence de vues entre un président sortant et un nouveau qui entre en fonctions, et l’ISO est abandonnée. C’est une affaire de rendement, estime l’équipe en place.
En 2001, à l’initiative de son ex-président,
Bachir Zok, l’Ordre des ingénieurs
et des architectes de Tripoli et du Liban-
Nord entreprend les démarches en vue de sa
certification ISO 9000/2000. En 2003, coup de
théâtre, l’actuel président Fouad Daher ne
veut plus de ce certificat délivré en 2002 par
l’organisme canadien QMI. Réorientation stratégique
ou effet de conjoncture ?
D’abord, c’est Mohamed Dabbagh, responsable
du service technique, qui donne son avis
concernant l’utilité de la famille de normes
pour les organisations professionnelles :
«L’Ordre n’a pas besoin d’ISO 9000/2000,
c’est comme si l’on entretenait un éléphant,
alors qu’on a besoin d’un cheval».
Avec 5 000 adhérents,
l’Ordre est
cependant bien différent
de ses premiers
jours où une poignée
d’amis a présidé à sa
création.
L’Association des ingénieurs du Liban-Nord,
fondée en 1946, devient Ordre en 1951.
Fouad Daher brosse un tableau de la structure
financière actuelle : «L’Ordre est alimenté
par des cotisations variables, selon l’activité
des ingénieurs et le paiement de primes
annuelles d’assurance. Le membre bénéficie
de prestations médicales gratuites via l’assurance
santé, l’assurance vie le couvre à hauteur
de 20 000 $ et il contribue à l’assurance
retraite qui lui fournira, après au moins 25 ans
de cotisations, 500 $/mois en moyenne. Nous
réfléchissons actuellement à la mise en place
d’une caisse d’assurance commune avec
l’Ordre des ingénieurs de Beyrouth».
Le système de gestion a été informatisé dès
1991, date de prise en charge des fonctions
de Souhair el-Maarri, responsable informatique
de l’Ordre. Celle-ci précise : «Dès le
départ, j’ai veillé à l’homogénéité de ce système
en évolution continue». L’infrastructure
actuelle comprend une quinzaine de postes en
réseau, et un ensemble d’applications intégrées
allant de la comptabilité à la gestion des
inscriptions et des cotisations.
FORMALITÉS EN LIGNE
Au début de l’été 2002, l’Ordre organise un
cocktail pour la remise du certificat ISO
9000/2000. Cette cérémonie, on l’aura compris,
se déroule en présence du président sortant
Zok, ainsi que celle du nouveau président
Daher, élu trois mois
plus tôt. À partir de
cette date, l’Ordre
devait apposer sur
tous ses documents
(papier en-tête, enveloppes,
brochures...)
le sigle et les références de son accréditation ;
chose qui n’a pas été entreprise. En effet, pour
Fouad Daher, «avec cette expérience de certification,
l’Ordre a certes bénéficié de la mise
en application de certains principes utilisés
par la norme, mais tous les prescrits ne sont
pas nécessaires à l’Ordre et consommeraient
beaucoup trop de ressources».
Micheline Maroun, directeur financier, avait
néanmoins mis en place les adaptations
nécessaires et la réalisation de la documentation,
et cumulé deux nouvelles fonctions :
coordinateur qualité et auditeur interne. Le
président Daher reconnaît que cette mise en
place des manuels de procédure «nous a permis
d’accélérer le processus de livraison des
formalités administratives, de déterminer de
façon précise les prérogatives des employés
et d’organiser efficacement les dossiers de
l’Ordre». Il persiste cependant : «Nous n’avons
pas besoin de maintenir l’accréditation ISO
9000/2000. De plus, des bureaux de consultants
auraient très bien pu nous aider à
atteindre le même résultat sans recourir à
cette norme».
Selon Fouad Daher, «les efforts sont actuellement
concentrés sur deux projets qui verront
le jour en 2004 :
- Être en ligne avec nos affiliés via notre site
Internet (www.mouhandess.org) ; deux applications
informatiques (administration et
finances) sont déjà fonctionnelles, si bien que
les membres pourront effectuer toutes les
opérations à partir de chez eux.
- Créer notre propre centre de formation.
Nous y proposerons des cours en informatique
et en “Système d’informations géographiques”
(GIS)».
Selon la logique ISO, le système qualité aurait
peut-être permis une gestion plus efficace de
ces deux projets. Mais la direction estime que
le rendement escompté ne serait pas à la
mesure des coûts induits.
Misbah S. Mokaddem
Tous les prescrits
ne sont pas nécessaires à l’Ordre
et consommeraient beaucoup
trop de ressources
Fouad Daher.
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