Il veut être indépendant, sous-entendu sans financement politique, et percer en plus sur le marché encombré des quotidiens – et de la publicité. Un casse-tête qui n’a pas l’air d’émouvoir les promoteurs d’al-Balad. Mais d’abord qui sont-ils au juste ?
Vous avez probablement reçu les premières
semaines le nouveau journal
qui vient de paraître, car son démarrage
en force a été favorisé par l’effet curiosité
et par une large distribution gratuite. Mais
sans qu’on ne sache à qui appartient ce journal.
«Il y a trois actionnaires libanais : Riad
Kiwan qui détient 60 % des parts, Ahmad
Baadarani qui a 20 % et Marwan Dimas qui
en détient également 20 %» (voir cadre).
C’est ce dernier qui confirme les chiffres. Et
qui relate l’historique : il y a d’abord eu en
1996 le lancement d’al-Wasit, journal gratuit
de petites annonces. Avec comme directeur
général Marwan Dimas. Qui se retrouve
aujourd’hui aussi DG d’al-Balad : le quotidien
a été créé dans une sorte d’évolution et de
continuité d’al-Wasit. Avec cependant un
investissement initial de 500 000 $.
Les liens entre al-Balad et al-Wasit sont
nombreux : ils ont la même régie publicitaire,
la même imprimerie, qui a été mise en
place uniquement pour les deux journaux, et
puis, c’est al-Wasit qui
se charge de vendre les
annonces classées d’al-
Balad. Et ceci est supposé
constituer une
locomotive de diffusion,
un peu comme lors du
lancement du Dyar, ou
à l’instar du Figaro en
France. On indique
enfin que certains
actionnaires comme
Marwan Dimas et
Ahmad Baadarani ont
des parts dans al-
Wasit, qui est d’origine
koweïtienne.
Il n’empêche que le
moment choisi pour
faire paraître al-Balad
n’est pas favorable, alors que les quotidiens
libanais passent par une crise de rentabilité.
Mais Marwan Dimas n’est pas d’accord : au
contraire, dit-il, cette période de changement
est propice au lancement d’un nouveau journal
; un quotidien indépendant de toute mouvance
politique, qui s’adresse à tous les lecteurs.
Car al-Balad veut donner la possibilité
à tous les courants politiques de s’exprimer.
LE BUSINESS PLAN
Face à la concurrence, al-Balad compte
également se démarquer par les sujets
abordés, avec une place pour la politique,
mais aussi
pour l’économie, la
santé, la culture, la
société et les loisirs.
Une stratégie
marketing a été
peaufinée pour promouvoir
son développement
: al-
Balad a ses propres
vendeurs de rue
identifiés par un
uniforme. Et le système
d’abonnement
se fera différemment
des autres
quotidiens, puisqu’il
est traité directement
par la direction
du journal.
Les promoteurs d’al-Balad
prévoient que leur part
de recettes publicitaires
serait à court terme
de 3 millions $
sur les 18 millions $
que reçoit la presse quotidienne
Qui sont-ils ?
• Marwan Dimas
1990 à 1996 : Marwan Dimas travaille au
sein du groupe Chouéri.
1996 : il est directeur général d’al-Wasit,
qui paraît à l’origine au Koweït.
2000 : il est nommé directeur général du
bureau régional d’al-Wasit qui paraît
désormais dans 14 pays arabes.
2002 : il est directeur de Layalina, un mensuel
mondain en arabe.
2003 : naissance d’al-Balad, avec Marwan
Dimas à sa tête.
• Ahmad Baadarani
Il a travaillé durant de nombreuses années
(plus de 20 ans) dans le groupe Abela,
avant de lancer ses propres affaires. Il a
ainsi participé au projet d’affichage publicitaire
Mobil-afiche. Actuellement, il est
actionnaire dans al-Wasit et al-Balad.
• Riad Kiwan
Un homme d’affaires qui a réussi dans le
domaine des travaux publics et la
construction dans les pays du Golfe. Il possède
une grande entreprise de matériel de
construction, notamment le fer, dans les
Émirats arabes unis. Ses activités sont surtout
concentrées entre l’Arabie saoudite et
les Émirats. Marwan Dimas est confiant : «Avec un
bon plan marketing, on peut arriver à
avoir un nombre conséquent de lecteurs,
qui permettra d’avoir à terme un revenu
publicitaire satisfaisant. Le marché
publicitaire libanais a encore beaucoup
de possibilités de développement».
Selon les estimations d’ArabAd, la presse
quotidienne reçoit près de 18 millions
$ de recettes publicitaires annuelles. Les
promoteurs d’al-Balad prévoient que la
part qui leur reviendra serait à court terme
de 3 millions $.
Une des particularités d’al-Balad est son
volume : 32 pages quotidiennes et 48
pages le dimanche. Justement pour pouvoir
intéresser le plus grand nombre de lecteurs.
Les objectifs de diffusion sont déjà
définis, il s’agit d’arriver assez rapidement
à vendre 7 000 numéros par jour. Les dirigeants
espèrent qu’il y aura un taux de
remplissage de 25 % par la publicité. Avec
un tarif pour un quart de page qui varie
entre 1 500 $ pour les pages intérieures et
4 500 $ pour la une. À part les annonces
classées qui se vendent à 10 000 livres par
parution. Et enfin le prix du quotidien est
passé à 2 000 LL après sa période de lancement
à 1 000 LL. Tout cela, d’après le
directeur général, devrait couvrir les
dépenses. Quant aux profits éventuels, «il
est trop tôt pour en parler ; d’ici à 2-3 ans,
il sera temps de faire le bilan».
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