L’idée, saugrenue sans doute, est d’éviter de se tromper en évaluant un candidat potentiel à un poste important. Le recruteur, interne ou externe, aura quand même à sa disposition 27 clés…

l’on partage le même objectif ou le
même projet, mais qui n’ont pas
nécessairement ni le même background
culturel ou social, ni la
même situation professionnelle, ni
le même travail per se, et, finalement,
quand on n’est pas dans une
position hiérarchiquement supérieure.
Ce trait de caractère est de plus
en plus nécessaire avec la multiplication
des équipes multifonctionnelles, chères au
célébrissime manager Carlos Ghosn.
3 Capacité de corriger ses propres
erreurs. Chacun sait combien il est difficile
de trouver un habitant de cette planète
qui ait cette noble caractéristique. Il serait
inutile de détailler le nombre presque infini
d’aspects positifs que ce trait a sur les collègues,
subordonnés, et autres supérieurs
hiérarchiques du cadre, non seulement
dans le monde contemporain, mais aussi
depuis des temps immémoriaux.
4 Adaptabilité au changement. Il fut un
penseur qui déclara un jour : «La seule
constante en ce monde est le changement
». Il s’appelait Confucius et il vécut il y
a de cela près de 2 500 ans, c’est-à-dire
bien avant l’âge de l’information et du rythme
époustouflant des innovations dans
tous les domaines...
5 Talents de négociateur. Qui n’a pas
besoin de négocier plusieurs fois par jour
que ce soit au travail ou dans sa vie privée,
que ce soit pour signer des contrats, aider à
résoudre des conflits avec des collègues, ou
pour des choses beaucoup plus simples :
comme qui du père, de la mère ou des
enfants sortira la poubelle aujourd’hui ?
Personne, parmi les recruteurs, ne se
contente plus maintenant des
connaissances techniques pour pouvoir
occuper un poste de travail déterminé.
Allons-y donc pour le nouveau dada, les
traits de personnalité, qui sont en fin de
compte similaires lorsqu’on étudie les cas
des cadres qui réussissent dans leur vie
professionnelle. Et cela s’applique aussi
bien au Liban qu’à l’étranger.
Avec un peu d’effort, on a pu organiser ces
traits de personnalité par “chapitres” : 5
chapitres en tout pour 27 traits essentiels.
Une procédure compliquée pour des
idées simples.
CAPACITÉ DE COMMUNICATION
1 Savoir écouter. Faire travailler tous
ses sens pour comprendre non seulement
ce que l’interlocuteur dit et comment
il le dit, mais également ce qu’il ne
dit pas. C’est aussi savoir analyser cela
pour pouvoir y réagir de manière cohérente.
Paradoxalement, plus on avance
dans ce qui est communément appelé
l’âge de l’information accessible et omniprésente,
plus il est difficile de trouver
des personnes qui savent réellement
écouter les autres.
2 Esprit d’équipe. Cela ne signifie pas
savoir travailler en équipe quand on en est
le chef désigné. Ce dernier trait correspond
à un autre aspect du caractère du bon
cadre, appelé le “leadership”. L’esprit
d’équipe est simplement la capacité de travailler
de manière harmonieuse et efficace
en compagnie d’autres personnes avec qui
CAPACITÉ D’ORGANISATION
6 Esprit de synthèse. Souvent considéré
comme preuve d’intelligence, ce trait a une
importance particulière dans notre époque,
où chacun de nous doit pouvoir analyser en
un temps record une quantité grandissante
de données en séparant “le bon grain de
l’ivraie”, ou en sachant trier les informations
utiles au projet qui nous occupe.
7 Contrôler son stress. Il ne s’agit pas
d’être froid comme une statue… ni aussi
expressif. Il s’agit de pouvoir contrôler ses
états nerveux (ce qui signifie aussi s’énerver
parfois) au lieu de laisser ses nerfs
contrôler la situation.
8 Esprit logique. C’est principalement
l’esprit cartésien, ou la capacité d’être systématique
et d’organiser ses idées.
9 Capacité de focaliser son attention. Si
le cadre sait écouter, il devrait savoir se
concentrer sur une conversation avec quelqu’un,
même si beaucoup de “parasites”
dans son esprit font pression sur lui pour
détourner son attention. 10 Capacité de distribuer des missions.
Même si le cadre n’est pas un manager, ce
trait est important pour lui, car c’est l’une
des preuves les plus claires de ses talents
d’organisateur.
11 Concilier le court et le long terme.
“Think long term, act short term”, vous
disent les entreprises multinationales.
Même si cette expression est devenue un
cliché, il n’empêche qu’elle est toujours
d’actualité. En effet, se focaliser trop sur le
long terme rend le cadre rêveur, abstrait et,
en général, trop inefficace dans ses actions
quotidiennes. D’un autre côté, ne penser
qu’aux actions quotidiennes est aussi dangereux
et déroutant que de conduire sa voiture
en ne regardant que le bout du capot.
CAPACITÉ DE LEADERSHIP
12 Comportement dans les activités
extraprofessionnelles. Il y a belle lurette
que les recruteurs professionnels, les psychologues
industriels et autres “évaluateurs”
d’êtres humains ont commencé à
donner de l’importance non seulement à
chacun des “hobbies” d’une personne,
mais surtout à ces hobbies pris comme un
ensemble. Exemple : savoir qu’une personne
aime beaucoup jouer au tennis ne
signifie pas nécessairement que cette
personne est un individualiste acharné.
Mais savoir qu’elle a aussi été scout et
aime lire des romans policiers est autrement
plus instructif.
13 Capacité de déléguer des tâches.
Savoir déléguer est l’un des grands défis
du manager actuellement. Les “one-manshows”
et autres esclavagistes sont de
plus en plus anachroniques.
14 Capacité et volonté de s’améliorer.
L’une ne va pas sans l’autre, même si vouloir
est probablement plus important que
pouvoir. De toute façon, le recruteur veut
détecter chez le candidat un réel potentiel
d’être chaque jour un meilleur lui-même.
15 Inciter les autres à s’améliorer. Il
est trop facile de dire que les gens font
ce que je leur demande, quand on est le
manager de ce personnel. Une grande
qualité est d’avoir ce charisme qui permet
d’influencer les gens sans qu’ils
soient contraints de l’être de par ma
position hiérarchique.
16 Capacité de prise de décision. C’est
savoir prendre les décisions qu’il faut en
peu de temps, et avoir le courage de
prendre des décisions difficiles en période
de crise.
17 Savoir évaluer les employés. C’est
l’un des traits les plus difficiles à avoir mais
aussi les plus nécessaires pour être un leader
réussi. Il faut surtout savoir faire la différence
entre évaluer une personne et la
juger. Il ne s’agit pas ici de juger ; c’est
même peu recommandable.
ESPRIT D’ENTREPRISE
18 Aller plus loin que ce qui est requis.
Penser “out-of-the-box”, ne pas donner
une importance excessive à des horaires
de bureau fixes ou à l’obéissance aveugle
aux ordres, avoir de l’initiative… sont des
conditions essentielles de succès.
19 Penser à de nouvelles opportunités.
Les Américains (encore eux !) ont récemment
mis à la mode un nouveau mot,
les “intrapreneurs”, à savoir les
employés, cadres, ou managers
qui pensent non comme des
salariés, mais comme de vrais
businessmen.
20 Participer à de nouvelles
opportunités. Il
s’agit ici d’être à la
fois ambitieux,
modeste et un peu
aventurier, pour
vouloir essayer
de nouvelles
choses, de
nouveaux
projets,
même s’ils
sont conçus
et dirigés par
quelqu’un d’autre que vousmêmes.
21 Diriger de nouvelles opportunités. La
différence entre ce trait et le précédent est
le fait d’avoir un caractère de lutteur et
d’être beaucoup plus aventurier (mais
jamais suicidaire, évidemment).
CAPACITÉ D’APPRENTISSAGE
22 Modestie. Faut-il expliquer pourquoi
une personne qui manque de modestie ne
peut apprendre ni se développer, c’est-àdire
que cette personne perdra chaque jour
un peu plus de son intelligence ?
23 Curiosité pour de nouvelles connaissances.
C’est la soif de culture générale
qui manque chez tellement de personnes,
mais qui est essentielle pour pouvoir élargir
les horizons et réfléchir de manière profonde.
24 Partager de nouvelles connaissances.
Un ancien philosophe avait dit :
«Toute connaissance acquise est inutile si
elle n’est pas partagée». Ceux qui ne partagent
pas ce qu’ils apprennent avec leurs
collègues sont même dangereux pour
l’entreprise. Quelqu’un d’autre a enchaîné
: «Ce qui se comprend bien s’énonce
clairement et les mots pour le dire viennent
aisément».
25 Innover dans son travail quotidien. Il ne
s’agit pas ici nécessairement d’avoir de nouvelles
idées géniales chaque jour. Il s’agit,
d’un côté, d’avoir suffisamment de nouvelles
idées pour augmenter les probabilités de
création d’idées géniales, et, de l’autre côté,
de penser comment faire son travail mieux et
de manière nouvelle chaque jour.
26 Sens de la réplique. Encore une fois,
l’anglais vient ici à la rescousse,
car cette langue contient un mot
qui décrit exactement ce que ce
trait signifie : “witty”, c’est-àdire
savoir répondre rapidement
et brillamment à un interlocuteur.
Ce qui débloque bien des
situations.
27 Adaptation à la culture de
l’entreprise. Le concept de
“culture d’entreprise” est
devenu, ces dernières
années, quelque chose de
sacro-saint. Les recruteurs
analysent toujours
en profondeur comment
les différents aspects de la
personnalité du candidat s’harmonisent
avec la culture de l’entreprise en question.
À ce titre, les traits de caractère décrits
plus haut seront autant de passeports pour
accéder à un grand nombre d’entreprises.
* * *
Les recruteurs analysent d’abord la personnalité
du candidat dans son ensemble et
l’évaluent ensuite selon chacun des critères
décrits ci-dessus. Et cela à supposer que le
candidat n’a pas encore claqué la porte.
En tout cas, compte tenu de la difficulté de
cette tâche et des risques d’erreurs de jugement,
plusieurs recruteurs et plusieurs interviews
sont nécessaires. Reste à savoir faire
l’interview et à détecter si le candidat est sincère.
Mais le “modus operandi” de l’interview
pour le recruteur est une autre histoire, et
peut-être le sujet d’un autre article.
(*) Consultant et formateur international en stratégie et
direction de ressources humaines, professeur associé
en MBA à la NDU, dans le programme de mastère
international de l’Université de Bordeaux à l’Université