C’est effectivement parfois une production en série – mais pas toujours. Car la MBA est un diplôme on ne peut plus localisé, artisanal même. Trois responsables relatent leur cursus, dans un environnement national un peu chaotique.

L e management n’est plus seulement
un cursus, mais l’aimant magique qui
attire indubitablement les étudiants,
quelles que soient leurs spécialités de base.
D’abord parce qu’il est supposé déboucher
sur des métiers rentables, ensuite parce
qu’il faut bien entretenir la réputation des
Libanais, qui sont supposés avoir la fibre des
affaires. Du coup, les formations dans ces
domaines fleurissent en grand nombre, proposées
par pratiquement tous les établissements
de la place, portant souvent l’attribut
de marque american. Mais, dans un enseignement
supérieur dominé par les initiatives
privées, rarement contrôlées, il n’est pas
évident de s’assurer que diplôme et enseignement
constituent un gage de réussite. Ce
qui inquiète un certain nombre de responsables
d’établissements dont le sérieux est
reconnu. «Beaucoup de jeunes Libanais partent
étudier à l’étranger pour trouver une
formation qui suive les standards internationaux,
observe Stéphane Attali, responsable
du développement pédagogique de l’ESA.
Car aujourd’hui, n’importe qui peut délivrer
un MBA ; c’est une véritable inflation».
Si l’offre en formation de ce type est aussi
importante, c’est effectivement parce que la
demande est massive et le marché lucratif ;
le problème réside dans l’absence de protection
du consommateur, comme l’explique
l’associate provost de l’AUB, Waddah Nasr :
«Ces formations débouchent normalement
sur des carrières et des postes particulièrement
convoités. Mais l’enseignement supérieur
est actuellement chaotique au Liban.
Alors qu’en particulier dans une région
instable, les lieux de formation doivent avoir
le sens des valeurs et de la qualité».
En fin de compte, trois critères peuvent
permettre de se repérer et de faire la différence
: la réputation de l’établissement, ses
éventuels partenariats avec des établissements
étrangers et les accréditations internationales
qu’il a obtenues.
LE SYSTÈME, EN PRINCIPE
Tout commence donc avec le peu d’implication
de l’État, en amont. «Pour ouvrir une
université, il faut que 50 % des enseignants
aient un PhD ou un diplôme équivalent,
mais ce n’est pas suffisant, regrette Marcel
Hinain, directeur des admissions et des
relations publiques de l’AUT. Il ne s’agit pas
de vendre des cours ou des crédits, ce
serait malhonnête vis-à-vis des étudiants».
Le problème n’est pas seulement là ; le système
d’accréditation libanais non plus ne
fait pas que des heureux. «Toute nouvelle
université ou toute université présentant un
nouveau programme doit se faire accréditer
par un jury formé de commissions techniques,
poursuit Hinain. Cette accréditation
prend deux ans, parfois plus, et pendant ce
temps, les étudiants attendent».
Le système ne semble effectivement pas
adapté, ou alors il est mal appliqué, ce
qui conduit dans tous les cas à des aberrations.
«Le problème se situe dans l’obtention
de l’autorisation d’exercer,
constate Waddah Nasr. Par exemple, dix
établissements l’ont obtenue d’un coup,
dont certains grâce à leurs ressources
financières ou leur influence politique. En
principe, toute demande passe devant un
comité de responsables universitaires
dirigé par le président de l’UL. Ce conseil
émet des recommandations au Conseil
supérieur pour l’éducation qui les transmet
au ministère. Mais ces recommandations
ne sont pas nécessairement suivies,
et certains établissements obtiennent
leur autorisation sans même passer
devant le comité. Des tentatives pour
réformer le système ont été lancées, afin
qu’il soit mieux codifié, mais les mécanismes
ne sont pas appliqués».
UNE FENÊTRE SUR LE MONDE
Si de nombreuses universités se disent
américaines, c’est sans doute lié au prestige
qu’apporte, à tort ou à raison, cette
appellation. Encore faut-il que cela se traduise
par un apport concret. Et en la matière,
rien ne vaut un partenariat avec une
autre université ou école, américaine ou
non. C’est tellement bien vu, en termes de
marketing – et parfois de niveau d’enseignement
–, que tout le monde s’y est mis,
avec plus ou moins de bonheur. Exemple,
l’un des atouts de l’ESA réside dans son
lien intrinsèque avec les grandes écoles de
commerce françaises. Pratiquement, les
étudiants peuvent choisir de faire l’ensemble
de leur formation au Liban, ou d’effectuer
une année dans une école aussi
réputée que l’ESCP. De plus, les étudiants
obtiennent en fin de parcours un double
diplôme : ESA et ESCP-EAP de Paris, avec
tous les avantages qui y sont liés.
Ces partenariats peuvent aussi se traduire
autrement. Par exemple, un programme
d’échange d’étudiants a été mis au point
l’année passée entre l’AUT et l’Université
d’Oklahoma. Le premier échange de professeurs
aura lieu en octobre et un programme
commun de recherche et de publication
a aussi été établi. Devant le succès
d’une telle approche, l’AUT multiplie les initiatives
: par exemple, les étudiants peuvent
suivre au Liban les cours de professeurs
de la State University of New York et
obtenir un diplôme reconnu aux États-Unis
sans même prendre l’avion. «Ces parte-Gestion, management et autres MBA, les appellations se chevauchent
sans nécessairement recouper les mêmes disciplines, ni le même niveau.
Mais au-delà de l’évaluation – qui sera faite en dernier ressort par les entreprises
qui recrutent –, nos universités proposent des sous-spécialisations
de plus en plus pointues. Éloge de la distinction dans cette petite tournée.
La tournée des sous-spécialités nariats offrent des opportunités aux étudiants,
mais ils sont aussi utiles aux enseignants,
précise Marcel Hinain. Car c’est
une occasion de nous évaluer nous-mêmes
en permanence».
ISO UNIVERSITAIRE
Tout comme la certification ISO est un plus
indéniable pour une entreprise et une
garantie de qualité pour le client, les écoles
et universités peuvent, elles aussi, se faire
certifier par des organismes internationaux.
Si la démarche n’a rien de facile, elle offre
en retour de nombreux avantages pour
l’établissement et pour les étudiants.
«Il existe trois accréditations majeures,
note Stéphane Attali. AMBA pour les MBA,
l’AACSB qui est américaine et Equis qui est
européenne. Tous les diplômes de l’ESA
sont accrédités par l’un ou l’autre».
Obtenir ce type de certification n’est pas
aisé, et prend plusieurs années.
L’établissement présente sa propre étude
à un comité ad hoc formé par la commission
d’enseignement supérieur du pays où
la demande a été déposée. La transparence
doit être totale, le comité doit pouvoir
inspecter les moindres détails s’il le juge
nécessaire. Tout cela prend 4 à 5 ans.
L’accréditation doit être renouvelée au
bout de 5 ans, puis chaque 10 ans, ce qui
établit une supervision continue et
contraint l’établissement à s’autocontrôler
en permanence.
Toutes les universités libanaises ne sont
pas accréditées à l’étranger, loin de là,
d’autant que cette démarche n’a aucun
caractère obligatoire. Reste l’accréditation
officielle libanaise, supposément
obligatoire, mais qui ne garantit finalement
pas grand-chose.
L’une des conséquences de la foire aux
diplômes qui règne actuellement au Liban
pourrait bien être la dégradation de l’image,
autrefois excellente, de notre enseignement
supérieur libanais. «Tout cela est
très mauvais à long terme, regrette
Waddah Nasr. Pour l’instant, les diplômes
libanais sont très respectés, mais une
réputation, ça s’use».
UN ENSEIGNEMENT OUVERT ?
Pour se distinguer, de plus en plus d’établissements
supérieurs se tournent désormais
vers le marché du travail, d’une part
pour s’informer des besoins réels dudit
marché et d’autre part pour y trouver leurs
enseignants. Le pragmatisme est à
?
Université Saint-Joseph (USJ)
Diplôme Options
Licence - Informatique de gestion
Gestion et - Management hôtelier
management - Gestion pub et vente
Master - Gestion distribution
- Finance
- Entrepreneuriat
et nouvelles technologies
- Banques
- Marketing
- Ressources humaines
- Management,
informatique de gestion
- Management hôtelier
BBA - Management
- Comptabilité
- Management hôtelier
MBA - Management
de l’entreprise
- Gestion de la santé
- Management des
institutions financières
Doctorat Gestion de l’entreprise
Cond. d’admission : Dossier ou concours
Coût : 85 $/crédit
Partenariat : Paris Dauphine
Notre-Dame University (NDU)
Diplôme Options
BBA – MBA- Management
- International Business
- Marketing
- Distribution
- Ressources humaines
Cond. d’admission : Examen
Coût : 320 000 LL/crédit
Partenariat : Université de Bordeaux
Lebanese American University (LAU)
Diplôme Options
BS - Comptabilité
- Banque-finance
- Computer business
- Économie
- Business entrepreneurial
- Hôtelier
- Business international
- Management
- Marketing
MBA Business administration
Cond. d’admission : Examen
Coût : 620 000 LL/crédit
Université Libanaise (UL)
Diplôme Options
Maîtrise - Management
- Comptabilité et finance
- Informatique de gestion
- Gestion hôtelière
Cond. d’admission : Examen
Coût : 300 000 LL/an
Université Saint-Esprit Kaslik (USEK)
Diplôme Options
Licence - Marketing
- Management
- Audit
- Finance
- Transports et logistiques
- Gestion hôtelière
DEA/MA/PhD- Marketing
- Management
- Audit
- Finance
Cond. d’admission : Examen
Coût : 180 $/crédit
American University of Beirut (AUB)
Diplôme Options
BBA/MBA - Comptabilité
- Entrepreneuriat
- Finance
- Management
- Marketing
- Business information
Cond. d’admission : Concours
Coût : 456 $/crédit ou 5 483 $/semestre
Partenariats : Universités américaines C
l’ordre du jour et qui mieux que les professionnels
eux-mêmes serait placé pour
faire le lien entre la formation et le monde
du travail ? L’ESA, par exemple, recrute
pour l’instant la majorité de ses enseignants
de France, par le biais de ses partenariats.
Mais l’objectif demeure à terme de
constituer un corps professoral libanais.
«Nous sélectionnons des étudiants et leur
proposons de financer leur formation,
explique Stéphane Attali. Ils vont suivre leur
DEA en France à nos frais, puis reviennent
au Liban pour obtenir leur doctorat et commencer
en tant que professeurs assistants
». Ainsi, pour la première fois, deux
doctorants obtiendront leur thèse cette
année, sur les 10 étudiants qui ont choisi
cette voie. Mais la démarche va plus loin,
puisque les responsables de l’ESA ont
choisi de favoriser la recherche ciblée sur
la région, ce qui permet de créer des cas
pédagogiques utiles aux professionnels.
Cette nécessité d’associer les professionnels
à la formation est également ressentie
à l’AUT, où une bonne partie des enseignants
est issue du monde du travail. «Nos
professeurs sont des spécialistes, pas seulement
des académiciens, souligne Marcel
Hinain. Ils sont souvent consultants dans
les matières qu’ils enseignent, ce qui
donne à nos étudiants la possibilité de travailler
sur des cas réels».
C’est dans cet esprit que l’AUT a organisé,
il y a 3 ans, des ateliers de formation en
collaboration avec l’association américaine
POD (Professionnal Organizational
Development Network for Higher Education
qui regroupe les universités américaines).
Parmi les 70 participants, étaient présents
les représentants de 8 universités libanaises
et de 14 universités de la région.
Cette session a débouché sur la formation
d’une commission de suivi, chargée entre
autres d’organiser une convention annuelle.
«Les universités ont de très bons professeurs
académiques, remarque Marcel
Hinain, mais il faut établir une relation plus
saine avec le monde professionnel qui ne
tend d’ailleurs pas assez la main. À quoi
cela sert d’étudier le cas de Starbucks à
Seattle alors que Starbucks ne rencontre
pas du tout les mêmes problèmes à
Beyrouth ? Il faut donner des cours avec
des objectifs précis et que les entreprises
communiquent sur leurs besoins, ce
qu’elles ne font pas, par peur de dévoiler
des informations à leurs concurrents». Une
façon de dire que l’intégration de l’université
dans son environnement n’est pas
encore généralisée.
American University of Science
and Technology (AUST)
Diplôme Options
BS - Comptabilité
- Économie
- Finance
- Gestion hôtelière
- Management
- Management
information system
- Marketing/Publicité
- Management
de tourisme et voyage
Coût : 115 $/crédit
American University of Technology (AUT)
Diplôme Options
BBA - Comptabilité
- Marketing et publicité
- Banque-finance
- Économie
- Ressources humaines
- Management
information system
- Management hôtelier
et tourisme
MBA - Banque-finance
- Ressources humaines
- Gestion de relations
clients (CRM)
- Marketing
MS - Marketing et publicité
- Finance
Coût : 200 $/crédit
University of Balamand (UOB)
Diplôme Options
Bachelor - Business administration
- Management hôtelier
Cond. d’admission : Examen
Coût : 240 $/crédit
Université des Pères Antonins (UPA)
Diplôme Options
Bachelor - Management et Marketing
- Banque-finance
- Comptabilité
- Business administration
- Assurance et gestion du risque
- Gestion hôtelière
- Production alimentaire
et distribution
- Management information
system
MBA - Management
- Marketing
- Banque-finance
- Comptabilité/Audit
- Économie
PhD - Management
- Finance
- Marketing
- Comptabilité/Audit
Coût : 4 900 $/an
École Supérieure des Affaires (ESA)
Diplôme Coûts
MBA-Diplôme 9 500 $
d’études sup.
d’ESCP-EAP
EMBA-Executive 11 500 $
MBA d’ESCP-EAP
Cond. d’admission : Dossier + test
Partenariats : Grandes écoles européennes
Beirut Arabic University (BAU)
Diplôme Options
Bachelor - Comptabilité
Master - Business administration
PhD - Économie
- Finance publique
- Mathématiques,
statistiques et assurance
Cond. d’admission : Examen
Coût : 3 000 000 LL/an
C&E American University
Diplôme Options
BBA - Comptabilité
- Banque-finance
- Business administration
- Management
information system
- Marketing publicité
- Gestion hôtelière
internationale
- Ressources humaines
- Transports, tourisme
et voyage
Cond. d’admission : Dossier
Coût : 115 $/crédit
Partenariats : Universités américaines
et européennes
Lebanese Canadian University/ESIG
Diplôme Options
BBA - Finance
- Marketing
- Ressources humaines
- Management information
system
MBA - Recherche
- Management financier
Cond. d’admission : Dossier
Coût : 100 $/crédit
Partenariats : Université du Québec,
Université Montesquieu de Bordeaux.
Université La Sagesse
Diplôme : Maîtrise
Options : Gestion administrative
Coût : 140 $/crédit
Sources : Centre d’orientation et de documentation + sites Internet.