Il en aura fallu du temps ! En 1996, le Liban est le premier du monde arabe à naviguer sur la Toile. En 2006, le pays sera parmi les derniers à connaître le DSL, une technologie qui utilise le réseau téléphonique et permet une connexion plus rapide et plus fiable.

euros en moyenne, la baisse des tarifs ayant
été rendue possible par l’accroissement de la
taille du marché. Les acteurs du marché libanais
espèrent reproduire le même phénomène.
Ils tablent déjà sur une baisse des tarifs
de l’abonnement 512 kilobits/seconde de 50
à 35 dollars sur le marché français.
En fait, l’État a accepté de ne plus facturer
aussi cher le loyer des lignes internationales
des bandes passantes à haut débit. La réduction
est drastique : de 18 000 dollars par mois
à 2 800 dollars pour deux mégabits par
seconde. « L’État va souffrir d’un manque à
Le ministre des Télécommunications l’a
annoncé en fanfare en janvier dernier :
le Liban aura accès à la technologie DSL
au printemps. Mais les décrets d’application
sont toujours en cours de signature et l’installation
du nouveau service devra attendre un
mois après leur publication officielle. D’où
une certaine prudence des opérateurs de
transmission de données (GDS, Pesco,
Cableone, etc.) et des fournisseurs d’accès
à Internet (Cyberia, IDM, Sodetel,
etc.) qui ne tablent pas sur un lancement
avant juin. Quoi qu’il en soit, tous les
acteurs du secteur sont prêts pour une
évolution qualitative qu’ils réclament à
cor et à cri depuis des années.
Matériellement et techniquement, le DSL
n’est pas difficile à installer, car il s’appuie
sur le réseau téléphonique. En revanche, le
prix du service a fait l’objet d’âpres négociations
entre l’État et les opérateurs privés.
Un protocole d’accord a été conclu en janvier
dernier. Ses grandes lignes ont été
reprises dans les décrets d’application qui
fixent un cadre tarifaire. Trois catégories
ont été établies, pour les particuliers, les
entreprises et les établissements éducatifs.
Ainsi, pour une connexion de 512 kilobits
par seconde, sans limitation de la bande
passante, l’abonnement d’un particulier est
plafonné à 50 dollars par mois. Pour une
connexion de 256 kilobits par seconde, ce
seuil est fixé à 35 dollars.
La baisse est notable par rapport aux tarifs
pratiqués actuellement sur le marché de
l’Internet : 35 dollars par mois en moyenne
pour une connexion de bien moindre qualité.
À titre de comparaison, les prix étaient similaires
en France, au moment de l’introduction
du service DSL. Mais aujourd’hui une
connexion de 20 mégabits/seconde coûte 20
gagner, explique Abdel Menhem Youssef,
directeur général du ministère des
Télécommunications, mais le jeu en vaut la
chandelle ». Avec l’introduction de la technologie
DSL, qui s’appuie sur le réseau téléphonique,
le ministère espère relancer les
abonnements aux lignes téléphoniques
fixes. Le nombre d’abonnés ne serait passé
que de 630 000 en 1998 à 650 000 en
2005. Le DSL devrait insuffler un nouvel
élan à ce service qui a par ailleurs vocation
à être privatisé.
Plus globalement, c’est le Liban tout entier
qui devrait bénéficier de l’introduction de
cette nouvelle technologie. Le potentiel de
développement du secteur tertiaire était
jusque-là entravé par la mauvaise qualité
des services de télécommunications.
« Plusieurs entreprises ont choisi Dubaï
plutôt que Beyrouth pour cette raison »,
souligne Habib Torbey, président de GDS.
Pour cette société, créée en 1997 et
aujourd’hui leader en matière de transmission
de données, l’introduction du DSL
est un enjeu majeur.
Jusqu’à présent, l’absence de contrôle et
d’investissements dans le domaine de
l’Internet a encouragé les trafics en tout
genre. Au point que sur le secteur du réseau
câblé, par exemple, il ne subsiste qu’un seul
opérateur légal. Une perte de marché importante
pour les opérateurs qui espèrent récupérer,
grâce au DSL, une partie importante
des clients du réseau câblé, essentiellement
piraté. Habib Torbey estime à près de
200 000 le nombre d’abonnés potentiels, soit
un marché d’environ 250 millions de dollars
par an. Plus tard, lorsque le DSL sera raccordé
à la télévision, le nombre des utilisateurs
pourrait même passer à 350 000.
Le secteur privé, à qui incombe le gros de
DR opérateurs. Mais, à l’instar de Bassam Jaber,
PDG de Cyberia, tous déplorent le temps
perdu : « En 1996, le Liban était le premier
pays du monde arabe à fournir des services
d’Internet, aujourd’hui nous sommes les derniers
à installer le DSL. »
l’effort en matière d’investissement, ne
rechigne donc pas à effectuer les dépenses
nécessaires. D’autant que les sommes en jeu
sont relativement faibles. Le DSL est ce qu’on
appelle “une technologie d’accès” qui ne
nécessite pas beaucoup plus que deux
connecteurs de chaque côté de la ligne
téléphonique, c’est-à-dire du central à l’ordinateur
de l’abonné. De son côté, l’État a
pour mission d’augmenter la capacité des
lignes internationales et d’ouvrir ses centraux
téléphoniques aux acteurs du marché
privé, avec qui il lui faudra, pour la première
fois, cohabiter.
GDS a ainsi prévu un investissement en équipements
de 10 à 12 millions de dollars. Habib
Torbey n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure,
car, cette fois, il dit « sentir une vraie
volonté du gouvernement d’introduire la technologie
du DSL ». Un avis partagé par tous les
Qu’est-ce que le DSL ?
Le DSL permet de faire
passer de gros flux de
données sur de simples
lignes téléphoniques
(paires de cuivre). Son
avantage est de permettre
d’atteindre des
débits de plusieurs
mégabits sans avoir de
changements majeurs à
effectuer sur le réseau de
distribution (puisque
l’on garde les anciens
câbles). Mais tout n’est
pas rose et le DSL doit
faire face à deux problèmes
majeurs : la dissipation
d’énergie, qui
impose de plafonner les
distances, et la diaphonie,
qui limite le débit.
L’abonnement sera réparti en trois catégories
Particulier Professionnel Éducation
512 kilobits* 50 dollars/mois 60 dollars/mois 40 dollars/mois
128 kilobits* 23 dollars/mois 30 dollars/mois 20 dollars/mois
1 mégabit* 75 dollars/mois 90 dollars/mois 67 dollars/mois
(*) Sans limitation de la bande passante.