Deux ans après sa création, la compagnie aérienne MenaJet n’est toujours pas parvenue à devenir la première “low-cost” libanaise, en raison du monopole dont bénéficie la MEA.

Un investissement de plusieurs millions
de dollars risque de partir en
fumée, en raison des barrières à
l’entrée qui persistent dans le secteur du
transport aérien, malgré la libéralisation du
ciel libanais. C’est l’amère expérience de
MenaJet qui bute depuis deux ans sur le
monopole de la Middle East Airlines. Basée
à l’Aéroport international de Beyrouth
depuis août 2004, la compagnie n’a toujours
pas réussi à devenir la première “lowcost”
libanaise, le transporteur national
bénéficiant d’une exclusivité pour les vols
réguliers jusqu’en 2012. À défaut de licence
régulière, MenaJet s’est contentée d’exploiter
une licence charter, espérant
convaincre dans l’intervalle les autorités
libanaises de l’intérêt de son projet. Faute
de quoi, l’entreprise, qui appartient au
groupe saoudien al-Zamil et Gulf Finance
House de Bahreïn, ne pourra pas survivre
plus de vingt mois, affirme son président,
Riad Mikaoui. Les actionnaires ont investi
à ce jour 15 millions de dollars, mais ils
étaient prêts à aller jusqu’à 50 millions
pour exploiter une licence régulière.
Pour l’instant, la compagnie loue son
unique avion, un Airbus A320 doté de 156
sièges, à des agences de voyages. En
l’espace d’un an, il a effectué 400 vols,
soit moitié moins que prévu dans le projet
initial. Au total, la compagnie a transporté
62 000 passagers au lieu des 150 000
prévus. MenaJet a desservi plus de 43
destinations au Moyen-Orient, alors que
sa cible incluait également le marché
européen. Elle emploie une cinquantaine
de personnes, soit 16 % de moins que
dans son plan de départ.
Les deux initiateurs du projet, Mazen
Hajjar et Amine Rizk, ont démissionné.
Keith McMann, un expert débauché de
chez EasyJet, un leader mondial du segment
“low-cost”, a aussi jeté l’éponge.
Resté seul aux commandes, Riad Mikaoui
se donne encore quelques mois pour
réussir. La libéralisation du ciel libanais a
entraîné une augmentation de 70 % du
nombre des passagers et une multiplication
par trois des recettes de l’AIB depuis
2002. Mais si Beyrouth est redevenu une
plaque tournante pour le transport aérien
régional, c’est surtout au bénéfice des
compagnies étrangères. À part la Middle
East, aucune société libanaise n’a droit à
une part du gâteau, fait valoir le PDG de
MenaJet. Or, la compagnie nationale est
loin d’exploiter toutes les liaisons sur lesquelles
elle a un monopole : elle ne
couvre que 22 destinations sur les 60 qui
lui sont ouvertes. MenaJet demande donc
une licence régulière pour combler cette
lacune et offrir ainsi des tarifs intéressants
aux passagers. « Seul le Conseil
des ministres peut décider de la lui
octroyer », explique le directeur de
l’Aviation civile, Hamdi Chaouk. C
Qu’est-ce qu’une “low-cost” ?
Une “low-cost” est une compagnie
aérienne à bas coûts qui propose des
vols à des tarifs inférieurs à ceux des
compagnies classiques sur les courts et
moyens courriers.
Pour rogner ses coûts, elle réduit les services
en vol, commercialise directement
ses billets, sans passer par des agences
et choisit souvent d’atterrir dans des
aéroports secondaires. Les économies
ne mettent pas en péril la qualité du vol
ou la sécurité des passagers.