Des places de village encore tranquilles il y a quelques semaines regorgent désormais de monde.

Si le Sud se vide de ses habitants,
Beyrouth aussi ressemble à une ville
fantôme. Les habitants ont pris d’assaut
des villages du Kesrouan et du Metn.
Dès vendredi 14 juillet, ils se remplissaient
de Libanais propriétaires ou locataires à l’année
de maisons et de chalets. Samedi 15,
c’est la course à la location de meublés.
« En une journée, j’ai loué une dizaine de maisons
», raconte le propriétaire d’un minimarché
à Dahr Sawan, qui enregistre aussi une fréquentation
inhabituelle de son magasin. Il ne
désemplit pas. « Vers 10 heures, les 300
paquets de pain reçus le matin-même sont
déjà vendus. » Un autre épicier s’étonne de la
pénurie de bouteilles d’eau potable. « Pour se
réapprovisionner, il faut attendre la bonne
volonté des fournisseurs qui sont davantage
occupés par les grandes surfaces. »
Certains retardataires essayent, dimanche 16,
de trouver une maison à louer. Le valet parking
de l’un des restaurants de Broummana
se porte volontaire pour jouer le courtier
immobilier. Avec un air assuré, il promet de
trouver une maison dans les alentours dans
les quelques heures qui suivent. Sans
résultat : soit le propriétaire, venu de
Beyrouth, occupe lui-même les lieux, soit il
en demande un prix exorbitant.
Les familles se regroupent donc à deux ou
trois pour partager un appartement.
D’autres ont recours à l’hospitalité de
parents ou d’amis… Résultat, pour arriver à la place de Baabdate, l’embouteillage s’étend
sur quelque 800 mètres selon l’heure de la
journée. À Broummana, le scénario est le
même, doublé par l’effet de la présence de
quatre salles de cinéma et par les nombreux
restaurants et cafés trottoirs.
Bondés, ils reçoivent une clientèle qui vient
à toute heure de la journée s’accorder un
moment d’escapade.
Quant à la route de Dhour Choueir-Zahlé, elle a
connu le premier week-end suivant le blocus
un mouvement incessant de pullmans et de
taxis. Sur la place de Dhour Choueir, les villageois
se relaient pour indiquer inlassablement
la route de Beyrouth ou de Zahlé. Dans ce village,
où l’été démarrait difficilement, restaurants
et cafés connaissent un mouvement
inhabituel de clients.