Celui que l’hebdomadaire américain Business Week a surnommé “l’homme mystérieux de la finance” devait empocher 2,75 milliards de dollars en cédant au groupe britannique HSBC la Republic National Bank of New York et la banque privée Safra Republic Holding.
Touché très jeune par le virus de la finance, Edmond Safra avait constitué en un peu plus de 30 ans un empire regroupant des activités de négoce, de gestion de fortune et des prêts aux pays émergents, qui lui ont valu les honneurs – il était le confident de quelques grands de ce monde –, mais aussi quelques déconvenues.
Possédant des résidences à New York, Paris et Genève, il passait l’essentiel de son temps à Monaco.
Edmond Safra est né en 1932 à Beyrouth, où sa famille s’est installée après la fin du premier conflit mondial en provenance d’Alep. Il compte des banquiers et des négociants d’or dans ses ancêtres et son père et ses frères feront également carrière dans la finance.
Fort de cette culture familiale, il est envoyé dès 16 ans à Milan pour monter une société de négoce. Sa famille émigre au Brésil en 1953 où elle se livrera aussi à des activités de négoce.
En 1962, Edmond Safra vend ses intérêts brésiliens à ses frères et choisit de s’installer en Suisse où il se lance dans la banque privée.
Ses débuts américains seront modestes. Il ouvre une petite banque de détail en 1966, la Republic National Bank of New York, qu’il développe avec des méthodes aussi originales qu’agressives. Il n’hésite pas ainsi à distribuer des téléviseurs pour attirer les déposants.
L’établissement se lance aussi dans le négoce d’or, dont il deviendra un des principaux acteurs sur la place
new-yorkaise dans les années 80.
En 1983, il revend sa société suisse, la Trade Development Bank, à American Express pour 550 millions de dollars.
Et le financier créera en 1988 un nouvel établissement suisse spécialisé dans la gestion de fortune, Safra Republic Holdings.
Mais la route d’Edmond Safra n’a pas été parsemée que de succès.
La Republic National Bank of New York a été ébranlée l’an passé par la crise en Russie, pays dans laquelle elle avait d’importants engagements, tout comme elle avait souffert de la crise de la dette latino-américaine dans les années 1980, après avoir beaucoup prêté à des pays, comme le Brésil ou l’Argentine.
Edmond Safra avait révélé l’an passé qu’il souffrait de la maladie de Parkinson, ce qui l’a peut-être amené à décider la vente de son empire.