Le ministre des Télécoms Charbel Nahas a annoncé que l’État avait renouvelé les contrats de gestion conclus avec Zain et Orascom pour la gestion des réseaux de téléphonie mobile commercialisés sous les marques MTC Touch et Alfa. Les contrats qui avaient été signés pour un an en 2009 arrivaient à échéance le 31 janvier 2010, l’option de prorogation automatique n’ayant pas été exercée en août. Ils ont été renouvelés pour six mois, prorogeables pour une période de trois mois renouvelable une fois. Et ont été amendés sur le fond, à l’issue de négociations serrées qui se sont déroulées en décembre et janvier. Orascom, qui a repris la gestion d’Alfa en 2009, a accepté plus rapidement que Zain les nouvelles conditions requises par le ministre des Télécoms. Ce dernier s’est rallié en toute dernière minute. Depuis leur réappropriation par l’État en 2004, les contrats de gestion des réseaux étaient fondés sur une rémunération forfaitaire. En 2009, les contrats ont subi des modifications pour répondre à la volonté du ministre Gebran Bassil d’augmenter le taux de pénétration du mobile à travers un accroissement de la capacité des réseaux et une baisse des tarifs. La rémunération a ainsi été indexée au nombre d’abonnés, à hauteur d’environ 6,7 dollars par personne, les deux gestionnaires s’engageant à attirer 400 000 nouveaux souscripteurs chacun. La réponse du marché a été au-delà de cet objectif, puisque la hausse a été de 80 % sur un an, le nombre d’abonnés étant passé de 1,3 million fin 2008 à 2,37 millions fin 2009. « Le mécanisme de rémunération choisi a servi l’objectif de mon prédécesseur, mais il a produit en fin de parcours des effets négatifs dus au fait que l’augmentation de la demande a dépassé les objectifs : durant les derniers mois, nous avons observé des comportements commerciaux aberrants, des cartes étant vendues puis vidées de leurs unités », explique Charbel Nahas. Les avenants ajoutés aux contrats répondent à plusieurs objectifs, précise le ministre. D’abord, celui de consolider les évolutions techniques, fruit des investissements réalisés en 2009. « Il faut traiter les nombreuses défaillances qui se sont produites et avoir des équipements en parfait état de marche. » Le second objectif est celui de la visibilité. En termes commerciaux, « nous voulons une analyse effective de la matrice marché/produit afin de comprendre les comportements des usagers pour chaque catégorie de service et pouvoir établir des prévisions stratégiques ». En termes financiers, « il faut rétablir la lisibilité des opérations financières en les logeant toutes au sein des entités gérées. Car jusqu’à présent, les salaires sont payés par une entité, les investissements réalisés par l’État, les dépenses de fonctionnement comptabilisées dans une autre entité, etc. ». De “véritables” conseils d’administration sont désormais prévus, ainsi qu’un contrôle en bonne et due forme de la part du ministère, assisté en cela par des conseillers de la Banque mondiale et un cabinet international d’audit. L’absence de transparence financière conduisait à des comportements anormaux, explique le ministre, citant l’exemple de l’absence de comptabilisation du coût de l’interconnexion ou celui de l’utilisation des fréquences des réseaux mobiles. « Résultat, au lieu de passer par le réseau filaire, comme c’est le cas partout dans le monde, les connexions entre deux stations relais se font par les ondes, ce qui n’a pas de sens économique. » Autre incongruité comptable, « l’ensemble de la trésorerie étant transférée au Trésor, personne ne se souciait de distinguer les différentes composantes des recettes, hormis la TVA ».
La rémunération des gestionnaires a enfin été revue de façon à ce que la part variable soit dominante. Il s’agit en fait d’un pourcentage de 8,5 % du chiffre d’affaires qui s’ajoute à un montant fixe de 2,5 millions de dollars par opérateur. Pour Zain et Orsacom, le résultat devrait être meilleur que la moyenne de l’année 2009, mais inférieur au résultat annualisé des derniers mois.