Un établissement financier français en pleine forme se déploie dans la région et brigue un siège
à la Bourse – anémique – de Beyrouth. Mais au fait, le CCF n’est-il pas lui-même convoité?

À peine l’épilogue de la bataille SG v/s BNP pour l’acquisition de Paribas est rendu public que la presse internationale a commencé à titrer sur une intense spéculation portant sur la possibilité de rachat du Crédit Commercial de France (CCF) par l’un de ses trois principaux actionnaires. Il s’agit d’ING (banque hollandaise 19%), KBC (banque belge18,60%) et Swiss Life (assureur suisse16,40 %). Depuis septembre, ING et KBC ont avoué publiquement leur intérêt pour le CCF.
Rencontré en marge du séminaire organisé à Beyrouth par le Crédit Commercial de France – Finance Moyen-Orient (la société financière détenue principalement par le groupe CCF) sur le thème “Marchés financiers: perspective et défis”, le directeur général adjoint Henri des Déserts est catégorique. «Pour le moment, la préservation de l’autonomie du CCF est la meilleure façon de rendre aux actionnaires du CCF les meilleurs niveaux de rentabilité surtout que la banque possède un bilan exceptionnel et a fait preuve d’une rentabilité constante».
Le CCF est, rappelle-t-on, l’une des seules banques en Europe à n’avoir jamais vu sa note des agences de rating dégrader et qui affiche un bénéfice depuis seize années consécutives.
Reprenant à son compte les propos du PDG du CCF à Paris, Charles de Croisset, M. des Déserts affirme que le CCF n’est pas à vendre «et tant mieux si cette banque fait plutôt envie que pitié». Le cours de l’action CCF se porte bien. «Il est conseillé d’en acheter», dit-il. L’action a d’ailleurs gagné depuis le début de l’année plus de 50%.

Expansion au Liban et au-delà

Implanté au Liban depuis 1997, le CCF – Finance Moyen-Orient est en pleine expansion conforté par ses résultats acquis. Il vient de porter son capital de 2 à 5 milliards de LL dans la perspective d’élargir son champ d’action. Cette nouvelle capitalisation lui permettra, selon les lois en vigueur, d’effectuer des opérations fiduciaires, de gestion discrétionnaire en plus du montage de produits structurés. Confiant dans le potentiel du marché local, le CCF – Finance Moyen- Orient a formulé une demande pour l’acquisition d’un siège à la Bourse de Beyrouth.
Dans ce prolongement, dans un peu plus d’un mois, il participera avec une institution financière sœur implantée dans le Golfe, la PrimeCorp, à la mise en place d’un fonds de placement à capital garanti indexé sur les actions libanaises avec une participation de 80% de la part des clients. Le CCF détient 51% du capital de PrimeCorp.
«Malgré un montant faible des transactions quotidiennes à la Bourse de Beyrouth dû à une faible liquidité et une mauvaise visibilité, le marché financier local a un potentiel important. Il est, pour le moment, sous-évalué par rapport aux autres marchés régionaux», souligne un expert du CCF – Finance Moyen-Orient. La conjoncture et les perspectives politiques dans la région augurent d’une reprise économique, d’où l’intérêt d’investir dans de tels fonds.
«La conclusion d’une paix globale au Proche-Orient devrait faire flamber les titres de la place de Beyrouth», ajoute la même source.