Le tableau de la pauvreté est marqué par de fortes disparités régionales. À Beyrouth, qui est la mieux lotie, les dépenses de consommation moyennes par habitant ajustées à la différence des prix sont 2,3 fois supérieures à celles du Nord. Cela se traduit par un taux global de pauvreté d’environ 6 % à Beyrouth contre 52 % dans le Nord. « Un ménage du Nord a quatre fois plus de chances d’être atteint par la pauvreté qu’un autre à Beyrouth présentant les mêmes caractéristiques », précise le rapport. Entre ces deux extrêmes, viennent le Mont-Liban et Nabatiyé avec environ 20 % de pauvres, la Békaa (29 %) et le Sud (42 %). Le Nord est la région la plus défavorisée. Il abrite non seulement le plus grand nombre de pauvres : 46 % des extrêmement pauvres et 38 % des pauvres, mais le niveau moyen de consommation de sa population est largement inférieur au seuil de pauvreté, ce qui signifie que le déficit de pauvreté par habitant est supérieur de 2,4 fois à celui du Liban entier. Le Nord est la seule région – avec le Mont-Liban dans une moindre mesure – dont la situation s’est dégradée entre 1997 et 2005 et rien ne prédit un renversement de tendance à court terme. En outre, la région souffre d’une rigidité dans l’élasticité de la pauvreté à l’égard de la croissance. En d’autres termes, la croissance dans le Nord est moins à même de réduire la pauvreté par rapport à d’autres régions. Ceci se manifeste par le fait que le Nord avec un coefficient Gini de 0,37 est la région où les inégalités sont les plus prononcées. En ce sens, Nabatiyé, avec un coefficient Gini de 0,29, constitue le pendant du Nord. Elle représente un cas spécifique : classée troisième en termes de consommation par habitant, c’est la région où les inégalités sont les moins grandes, notamment en raison des transferts des émigrés. Une explication qui reste à prouver, selon le rapport. Les inégalités régionales cachent aussi des disparités au sein de chaque région. Par exemple, dans le Nord, Tripoli et Akkar-Minnié-Dennié ont la plus forte concentration de Libanais les plus pauvres, tandis que le taux de pauvreté des zones voisines de Koura-Zghorta-Batroun-Bécharré est relativement faible (4,5 % de pauvreté extrême et 24,7 % de pauvreté globale). En fait, quatre ensembles concentrent à eux seuls les deux tiers des situations de pauvreté extrême au Liban et la moitié de la pauvreté totale, alors qu’elles n’abritent que le tiers de la population libanaise. Il s’agit de la ville de Tripoli, de Akkar-Minnié-Dennié, de Jezzine-Saïda et de Hermel-Baalbeck.