Les deux amendements parlementaires votés mardi pour améliorer les conditions d’accès au marché du travail des réfugiés palestiniens ne changent pas grand-chose à leur situation.

Les salariés palestiniens ont gagné le droit à des indemnités de fin de service (amendement de l’article 59 du code du travail) grâce à la création d’un compte indépendant, au sein de la CNSS (article 9 de la loi sur la sécurité sociale). Pour cela, les parlementaires ont exclu les Palestiniens de l’exigence de « réciprocité de traitement. » Ce principe prévoit qu’un étranger ne peut travailler au Liban qu’à condition qu’un Libanais puisse faire de même dans le pays d’origine de l’étranger. Pour un Américain ou un Français, cette exigence d’un « traitement égalitaire » ne pose guère de difficultés : ils sont citoyens d’États reconnus, signataires d'accords bilatéraux. Mais pour un Palestinien, dont l’État n’est pas reconnu, cela revenait à lui interdire l’accès à cette couverture sociale.

Quant aux métiers interdits aux Palestiniens, la nouvelle législation n’apporte rien de neuf. A l’exception de la gratuité du permis de travail. Les parlementaires n’ont pas, en effet, touché au décret 17 561 du 18 septembre 1964, qui régit le travail des étrangers au Liban. Ce texte prévoit que le ministre du Travail publie chaque année une circulaire (dernière en date, celle 03/02/2010) pour définir les métiers réservés aux Libanais, en priorité, des professions administratives.  Jusqu’en 2005, seuls les étrangers nés de mère libanaise, mariés à une ou un libanais et/ou ayant résidé depuis leur naissance au Liban faisaient exception. Depuis 2005, les réfugiés palestiniens, nés sur le sol libanais et enregistrés auprès du ministère de l’Intérieur, ont également été exclus de l’application de cette circulaire. Les palestiniens peuvent donc prétendre à des emplois normalement réservés à des Libanais depuis 2005. Cependant, si un employeur entend recruter un Palestinien, il devra toujours faire la preuve que cette fonction ne peut pas être occupée par un Libanais. Une preuve qui, selon différents experts, est souvent impossible à matérialiser, rendant le recours légal à la main d’œuvre étrangère pratiquement impossible.

Les professions libérales ne sont pas non plus concernées par ces amendements parlementaires. Elles ne dépendent pas du code du travail ni directement de la loi sur la sécurité sociale. Ces professions exigent donc toujours la nationalité libanaise pour exercer (avocats, médecins, éditeurs…) ou requièrent le principe de traitement réciproque (pharmaciens, ingénieurs, architectes…). Le ministère du Travail recense quatorze professions fermées aux étrangers. Mais ce chiffre atteindrait la vingtaine, selon certains experts.