Mohammad Ibrahim Maziad, surnommé Abou Ibrahim, est le voiturier le plus célèbre de la ville. Il est le fondateur et le gérant de la société VPS : Valet Parking Services qui emploie aujourd’hui plus de 235 personnes (dont 120 fixes en hiver). Quelque 45 établissements de Saïda à Byblos lui font confiance, dont 27 restaurants rien qu’à Beyrouth.
Le surnom d’Abou Ibrahim est le seul capital et le principal atout de la société. Mais l’entrepreneur ne s’en contente pas : depuis le 2 janvier 2008, VPS est la première société de services de voituriers à avoir été certifiée ISO 9001: 2000.
Né en 1968, Abou Ibrahim, marié et père de trois enfants, est un des pionniers au Liban en matière de services de valet parking. Les débuts ont été laborieux. Au Saint-Georges, en 1991, lorsque le service de valet parking était géré par Moustapha Younès, Abou Ibrahim travaillait dans une station-service l’avant-midi et comme voiturier au Saint-Georges le soir. Il y reste jusqu’en 1993, encaissant de 8 000 à 15 000 LL par jour.
En 1993, il est transféré à la boîte de nuit Caracas Inn à la rue Caracas, où il travaille trois à quatre jours par semaine et n’encaisse pas plus de 20 000 LL quotidiennement.
Deux années plus tard, il change encore de lieu et prend en charge, en novembre 1995, la supervision du Hard Rock Café avec 14 employés sous sa supervision ; il y encaisse 25 000 LL par jour.
Mais à cette période, Abou Ibrahim est endetté et a du mal à joindre les deux bouts.
Du premier au 15 décembre 1998, le Hard Rock Café propose une promotion à ses clients (rabais de 50 %) qui donne à Abou Ibrahim l’idée de proposer ses services au McDonald’s voisin. Il devient ainsi le premier voiturier au monde de la célèbre enseigne américaine.
Un an plus tard, il est contacté par les partenaires du restaurant-bar Circus au moment de son ouverture pour qu’il y assure le service des voituriers ; il y emploiera plus de 15 personnes. Son contact privilégié avec la clientèle lui ouvre alors une longue liste de restaurants et bars qui le réclament.
En 1999, il est en charge de six restaurants avec 20 employés sous sa responsabilité et un revenu variant de 800 000 à 1 000 000 de livres la semaine. Les difficultés du début sont peu à peu oubliées.
Il crée alors le système de la caisse commune encore en vigueur qui consiste à centraliser tous les pourboires qui sont ensuite distribués au mérite. Chacun de ses employés encaisse 35 000 LL par nuit.
En 2001, avec 11 restaurants et 35 employés fixes, il génère un revenu moyen d’environ 1 000 dollars par semaine.
Et les offres continuent de pleuvoir, notamment en provenance des pays arabes. Ainsi on lui propose le Qatar et l’Égypte, entre autres, mais il refuse préférant concentrer ses activités au Liban.
L’été 2001, il a dirigé deux opérations spéciales : le concert de Tiesto organisé par Mix FM qui a attiré plus de 16 000 personnes et à l’occasion duquel Abou Ibrahim a dû engager 150 employés ! Et la soirée de mariage du fils du président de la République pour laquelle Abou Ibrahim peut se vanter d’avoir été le premier valet parking à entrer à Baabda !
Au total, il gère quelque 100 000 voitures par saison d’été, à raison de 800 voitures par jour dans certains établissements.
Parti de rien, Abou Ibrahim est aujourd’hui propriétaire d’une villa et d’un appartement. Très respecté de ses employés qu’il accompagne sur le terrain tous les soirs, il peut se permettre le luxe de déclarer « ne pas être intéressé par Gemmayzé, car il n’y a aucun système réglementaire et surtout pas de parking ». Car une des recettes d’Abou Ibrahim, c’est de louer à ses frais des terrains afin d’y garer toutes ces voitures.