Bien connu des habitués de Gemmayzé, le Torino est l’un des pubs les plus fréquentés de la rue Gouraud. Né en 1964 à Stuttgart, dans le sud-ouest de l’Allemagne, d’un père libanais et d’une mère allemande, son propriétaire, Andreas Boulos, envisage aujourd’hui de déménager. À ses yeux, Gemmayzé a perdu de son charme originel. Il n’aime pas ce qu’est devenu cette rue à qui il prévoit un destin similaire à celui de la rue Monnot : clientèle trop jeune, avec des restaurants qui se transforment en bars pour tourner.
Andreas Boulos est l’un des pionniers de la rue Gouraud. Son métier de barman, il l’a commencé pour subvenir à ses besoins en parallèle à des études de droit à Munich. Ne pouvant concilier les deux, il abandonne ses études pour épouser le métier de barman pour les 22 années suivantes. Après de nombreux petits emplois en Europe, il décide de s’installer au Liban, en 1997, en tant que barman au Pacifico de la rue Monnot. Après un bref séjour en Espagne, fin 2002, il rentre à Beyrouth et intègre l’équipe du Strange Fruit, ancienne enseigne du Music Hall, pendant cinq mois, jusqu’à la fermeture. C’est alors que l’idée d’ouvrir sa propre enseigne émerge. Il se met à la recherche d’un lieu qui pourrait être un café la journée et un pub en soirée. Un petit endroit convivial où les relations avec la clientèle seraient chaleureuses. Le Torino Express naît en avril 2004, rue Gouraud. Du nom d’une machine à café des années 1950, mais aussi d’un train express italien, le Torino Express a été entièrement financé par Andreas lui-même, pour un montant qu’il ne souhaite pas divulguer. Ce pub miniature de 27 mètres carrés et d’une vingtaine de places assises est ouvert sept jours sur sept, de neuf heures à deux heures du matin. Essentiellement fréquenté par des habitués, qui dépensent en moyenne 15 dollars par personne en soirée, le Torino dont les employés sont principalement des étudiants à mi-temps n’a fermé que deux jours depuis 2004 : le jour de l’assassinat de Rafic Hariri et celui de l’assassinat de Pierre Gemayel. Ce jour-là, Andreas explique avoir cédé à la pression des riverains de Gemmayzé. Ces derniers se plaignent de l’évolution de cette rue. « C’est normal, estime Boulos, en 2004, il n’y avait que quelques magasins, deux restaurants et un pub. Maintenant nous en sommes à 85 pubs et restaurants. » La multiplication des lieux de sortie a fait flamber les loyers. À la signature de son contrat, en 2004, celui du Torino s’élevait à 400 dollars par mois. « Monnot était sur le déclin et Hamra, trop cher, c’est pour cette raison que j’ai choisi Gemmayzé. » Aujourd’hui, alors que des pubs, à l’instar du Molly Malone’s, sont obligés de déménager en raison de l’appétit grandissant des propriétaires, Andreas paie 600 dollars par mois. « Mon contrat court jusqu’en 2010. Je suis relativement protégé pour le moment. Ensuite, je ne sais pas ce qui se passera », explique-t-il. Son immeuble a été racheté en 2008 par un groupe d’investissement, dont il ne connaît pas le nom. Lui continue de verser son loyer à son ancien propriétaire jusqu’à la fin du contrat.
« Le loyer pourrait passer, après révision du contrat, à 1 200 dollars par mois, ou augmenter de 30 %, un moindre mal. » Mais Boulos ne souhaite pas assister au déclin qu’il prédit pour la rue Gemmayzé, comme celui de la rue Monnot, il y a quelques années. Il se dit prêt à déménager et envisage de s’installer à Sodeco s’il trouve un local à prix abordable.
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