Le projet aura mis six ans à se réaliser. Mais Ricardo Karam est patient. Le présentateur de télévision a imaginé les Takreem Arab Achievement Awards à la suite du succès de ses entretiens avec des “self made men” libanais comme Carlos Ghosn de Renault-Nissan ou Nicolas Hayeck de Swatch, qui l’ont rendu célèbre chez les téléspectateurs arabophones. Le brillant parcours de ces personnalités a été l’inspiration de cette remise de prix. « Je souhaitais montrer une image valorisante des pays arabes, loin du cliché de l’intégrisme trop répandu dans les pays occidentaux », explique Ricardo Karam. Sur le modèle des prix internationaux, il imagine alors un panel de récompenses pour les ressortissants du monde arabe qui se démarquent dans des domaines aussi divers que la philanthropie, la science, le business ou la paix. « Les initiatives personnelles sont souvent les parcours les plus réussis dans le monde arabe », note-t-il.
C’est pour mettre en place cette remise de prix qu’il crée la société Olive Branch en 2008 avec ses associés Anis Nsouli et Khater Massaad. Il possède 80 % du capital de l’entreprise, dont l’investissement initial a été de 600 000 dollars. « Une structure à caractère commercial était nécessaire pour prendre en charge les dépenses, gérer les sponsors et employer les vingt personnes nécessaires à temps plein », explique Ricardo Karam, qui en est le directeur. Il insiste néanmoins sur le caractère non lucratif du projet, dont les gains devraient strictement servir au retour sur investissement et à financer les éditions à venir du prix. Les fonds proviennent de sponsors internationaux comme le Parc de sciences et technologies du Qatar ou l’alliance Renault-Nissan. Au Liban, le groupe Saradar apporte un coup de pouce financier. Et aucun gouvernement n’a été démarché. « Nous ne voulons pas politiser ou orienter l’événement pour préserver sa crédibilité et sa transparence », note Ricardo Karam. Une crédibilité renforcée par le choix des membres du jury, figures reconnues sur la scène internationale dont l’identité est dévoilée juste avant la cérémonie. Des centaines de candidats ont postulé en ligne selon une liste de critères : il faut être d’origine arabe et être à la tête de son activité, qui doit correspondre à un des dix domaines récompensés. Ils sont d’abord présélectionnés par les 15 universités, fédérations d’entrepreneurs, ou encore ONG affiliées au projet. Puis le jury sélectionne trois finalistes dans chacune des catégories, avant l’annonce des lauréats le 25 mars au Casino du Liban lors d’une cérémonie présentée par Ricardo Karam et la journaliste irakienne d’al-Jazeera Leila Sheikhly. « De nombreuses candidatures viennent d’Arabes résidant en Afrique ou en Amérique du Sud », remarque Ricardo Karam. Un succès dû à la médiatisation de l’événement à travers le monde grâce notamment aux chaînes LBCI ou France 24 accessibles par satellite, radios et différents organes de presse. Les lauréats du prix bénéficieront en outre du soutien d’Olive Branch pendant un an, qui favorisera la médiatisation de leur travail. « Nous ne leur offrons pas d’argent, la promotion de leurs actions est un soutien tout aussi efficace », explique Ricardo Karam, qui a lui-même puisé dans son carnet d’adresses fourni et usé de sa vitrine médiatique pour faire connaître l’initiative. Il a également en projet le lancement cette année de la Fondation Takreem, qui soutiendra chaque année une cause différente. Si la première cérémonie se tient naturellement à Beyrouth, l’événement posera ses valises dans un pays différent à chaque édition. Celles de 2011 et 2012 sont d’ores et déjà prévues à Doha et Marrakech.