De passage à Beyrouth pour l’inauguration de la boutique Hermès, le président de la maison française, Patrick Thomas, est revenu sur les circonstances de son installation dans la capitale libanaise et sur les grandes lignes de la stratégie du groupe.
La maison française de luxe Hermès a ouvert boutique dans le centre-ville de Beyrouth le 30 juillet dernier. Pour cette maison d’“artisanat créatif”, comme elle aime à se définir, la capitale libanaise était en ligne de mire depuis un certain temps.
« Il faut deux choses essentielles pour s’installer quelque part, explique Patrick Thomas, gérant du groupe depuis 2006. Un partenaire de qualité et un bon emplacement. » C’est chose faite apparemment : Hermès a choisi Galop SAL, une société libanaise créée pour l’occasion par Nicolas et Michèle Gharzouzi, distributeurs d’Audemars Piguet dans la région, pour ouvrir une boutique à Bab Edriss, juste à côté des Souks, à quelques encablures de Vuitton, Dior et bientôt Chanel. L’investissement en décoration uniquement se chiffre à plus de 3,5 millions d’euros, selon Nicolas Gharzouzi.
« Le quartier s’impose comme un quartier du luxe, affirme Thomas, qui paraît charmé par la “vitalité” de la ville. Vous savez, dans certains pays, on sait qu’on va démarrer lentement. Mais ici, on sent que ça va aller très vite. Parce que nous arrivons relativement tard par rapport à ce que nous aurions voulu et parce qu’on sent la vitalité de ce pays. »
Le groupe, dont la stratégie à long terme repose sur deux principes : la maîtrise des savoir-faire et le contrôle du réseau de distribution, a trouvé en Chine et au Moyen-Orient deux régions d’expansion prometteuses. « Ces deux zones sont les deux régions du monde à connaître une croissance exponentielle en ce moment. Nous y enregistrons des taux de croissance de 50 à 60 % par an », affirme le président d’Hermès.
Avec cinq boutiques en service au Moyen-Orient pour le moment (deux à Dubaï, une à Doha, une à Bahreïn et une à Beyrouth) et trois autres prévues d’ici à 2011-2012 à Abou Dhabi, Djeddah et Koweït, Thomas s’attend à un chiffre d’affaires avoisinant les 100 millions de dollars d’ici à cinq ans, soit près de 3 % du chiffre d’affaires total du groupe. À comparer à moins de 2 %, soit 40 millions, aujourd’hui. S’il ne s’avance pas sur des prévisions pour la boutique de Beyrouth – « mes prévisions et celles de Nicolas Gharzouzi vont du simple au double ! » –, s’amuse-t-il, il est cependant confiant sur l’avenir des ventes. À la question de savoir quelle clientèle il cible, il répond : « À toutes les personnes qui ont du style. Dans le luxe, il y a les maisons qui ont du style, et les autres. Pour nous c’est important qu’un objet Hermès soit reconnaissable, ait un style Hermès. »
Dans la boutique de 150 mètres carrés à Bab Edriss, tous les métiers du groupe sont présentés : la sellerie, la maroquinerie, les carrés de soie et les cravates, l’horlogerie, la petite bijouterie, la parfumerie, les arts de la table, les arts de vivre (serviettes de plage…), les enfants et, bien sûr, le prêt-à-porter homme et femme. Il ne manque que les chaussures. « Bientôt », promet Thomas, qui poursuit : « Nous avons plus de 50 000 références dans notre catalogue, mais chaque boutique à travers le monde n’en présente que 5 % environ, pour garder un effet de surprise, pour que le client vive à chaque fois une expérience Hermès différente. »
Au Liban, la société familiale Galop SAL, au capital d’un million de dollars et concessionnaire exclusif d’Hermès, emploiera une quinzaine de personnes, dont sept à la boutique.
Hermès est une maison de luxe française dont les origines remontent à 1837, lorsque Thierry Hermès ouvre à Paris une manufacture de harnais et de selles. La troisième génération de la famille anticipe le déclin du cheval et lance les articles de voyages et accessoires. Les années 20 verront l’émergence d’Hermès couturier. Aujourd’hui, la maison est présente sur tous les continents et génère un chiffre d’affaires annuel de près de deux milliards d’euros.
| Chiffres- clés 310 boutiques dans le monde, sans compter les magasins spécialisés, boutiques d'aéroport et compagnies aériennes, où on peut trouver les montres, parfums, art de la table. Chiffre d'affaires en hausse de 23 % au premier semestre 2010, à 1 074,7 milliards d'euros. Plus de 8 050 employés à travers le monde. 73 % du capital d'Hermès est détenu par la famille. 16 familles de produits : sacs et bagages, agendas et petite maroquinerie, sellerie, soie, prêt-à-porter femme, prêt-à-porter homme, bijouterie, horlogerie, ceintures, gants, chaussures, chapeaux, émail et bijoux fantaisie, art de vivre, art de la table, parfums. À tout cela s'ajoute l'activité d'Hermès Intérieur et Design. |


