Le ministère de l’Economie va réactiver un décret datant des années 70 qui plafonne les marges de profits des commerçants.
Cette mesure, approuvée mercredi en Conseil des ministres, est présentée comme un moyen de lutte contre la flambée des prix, notamment ceux de la viande et de certains produits agricoles, les tomates en particulier.
Le ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan a expliqué jeudi les tensions inflationnistes par des facteurs externes et internes.
Pour ce qui est de la viande, les prix mondiaux sont à la hausse en raison d’une baisse de la production dans certains pays, de l’ouverture de nouveaux marchés comme la Turquie qui vient d’autoriser les importations pour couvrir ses besoins, et la hausse des prix des céréales et par conséquent des fourrages pour le bétail.
En ce qui concerne les produits agricoles, certaines récoltes ont été affectées par les changements climatiques, entraînant un déséquilibre entre l’offre et la demande au niveau mondial. Or le Liban importe près de 80% de ses besoins.
Pour la tomate en particulier, le principal fournisseur du Liban, la Jordanie, a souffert de la prolifération d’un insecte appelé la mineuse de la tomate (tuta absoluta) qui a ravagé 250 000 tonnes de production.
Cet insecte sévit également au Liban, et des mesures seront prises dans les prochains jours pour lutter contre ce fléau, a souligné Hajj Hassan en estimant que la crise devrait se résorber dans une quinzaine de jours.
Mais les facteurs externes n’expliquent pas tout.
La hausse des prix internationaux est largement amplifiée par le manque de concurrence sur le marché local, et les marges abusives des commerçants, à en croire le ministre.
La tomate par exemple se vend quatre fois plus cher au détail qu’en gros, a-t-il affirmé.
Pour lui, il est évident que les commerçants profitent de la situation pour augmenter leurs bénéfices, d’où la nécessité de réactiver le décret plafonnant les marges de profits. En attendant la loi sur la concurrence qui traine toujours dans les tiroirs du Parlement.
Le décret, qui date de 1972, avait été suspendu en 2006 par le ministre de l’époque, Sami Haddad. Son successeur, Mohammad Safadi, avait tenté de le réactiver une première fois en 2008, mais les commerçants avec déposé un recours auprès du Conseil d’Etat qui a finalement tranché en leur faveur. Les commerçants refusent en effet de se voir imposer des marges uniformes sur des catégories de produits alors qu’ils sont nombreux à baser leur politique de vente sur des marges composites.
Interrogé par le Commerce du Levant sur la réaction anticipée des commerçants, Hajj Hassan, a déclaré:« s’ils veulent à nouveau recourir au Conseil d’Etat, qu’ils le fassent, mais ils devront assumer devant l’opinion publique»
Une commission composée des représentants des différents ministères concernés se réunira vendredi pour finaliser les détails.
Une fois le décret réactivé, la direction de protection des consommateurs relevant du ministère de l’Economie sera chargée de surveiller sa mise en application.
Le ministère a d’ailleurs publié jeudi un communiqué appelant les importateurs et les commerçants de gros et semi gros à conserver les factures détaillées de toutes les transactions effectuées.


